Que faire face au trop-plein de sorties en salles ?

La Une du dernier numéro du Film français le confirme : le nombre de sorties en salles chaque semaine en France ne cesse d’augmenter d’année en année, ce qui devient de plus en plus problématique pour les distributeurs comme pour les exploitants.

Du 11 au 17 mars dernier, 18 nouveaux films sont sortis en salles, record qui est loin de faire figure d’exception puisque depuis janvier 2009, pas moins de 178 films sont déjà sortis, soit une moyenne de 14 films nouveaux par semaine. À ce rythme, le record de 2008 (près de 600 films sortis contre 455 dix ans avant) risque d’être pulvérisé avant même la fin de l’année !

De quoi alarmer exploitants et distributeurs d’un pays détenant le record de sorties hebdomadaires, qui s’avouent quelque peu désorientés face à un marché à deux vitesses où les films ayant du succès en salles empêchent les futures sorties d’exister, situation improbable où, si l’on suit cette logique, aucun film ne pourrait se démarquer du lot sans « écraser » ses poursuivants qui du coup n’auraient plus aucune visibilité. Étrange paradoxe à l’heure où, comme le souligne l’enquête du Film français, la principale critique adressée aux salles est de ne plus garder les films.

Problème de partage des films entre les salles d’abord, les films les plus touchés étant ceux de taille moyenne (comprendre ceux qui sortent sur 100 à 200 copies), comme le montre l’exemple du récent Vendredi 13, programmé uniquement en soirée dans certaines salles. Un problème qui en cache un autre : le maintien à l’affiche de ce genre de films sur plusieurs semaines. Solution de plus en plus fréquente ? La multiprogrammation, très courante dans les salles d’art et essai, et qui semble être la seule solution viable sur le marché français des sorties en salles. « Une séance ou deux bien choisies peuvent cristalliser le public et faire durer le film », confirme Eric Mayniel, directeur de la programmation de Kinepolis. Le problème étant que cette technique est appliquée aujourd’hui dès la deuxième, voire même la première semaine d’exploitation… Une « mesurette » selon beaucoup, qui déplorent le fait que le problème de la surexploitation des films en salles reste bien présent, et plus pervers en l’occurrence…

Y a-t-il alors de vraies solutions ?

Si certains ont déjà pris le parti de diminuer le nombre de copies pour certains films afin d’éviter la multiprogrammation et ainsi mieux mettre en valeur certains films, d’autres, comme UGC, premier exploitant en France de films, ont adopté une position plus tranchée : recommander certains films au détriment d’autres, et surtout les faire durer le plus longtemps possible, sans forcément les imposer tout de suite sur le plus grand nombre possible d’écrans. Un vrai travail éditorial, en somme, encore faut-il avoir les moyens de le faire…

=> Voir l’agenda des sorties

Olivier Valette (Le 24 Mars 2009)