« A 21, 22 ans, je me suis dit que je voulais faire des films pour que des gens comme moi aient envie de faire des films à leur tour. » Quentin Tarantino
Il y a de fortes chances que Quentin Tarantino ait été un enfant hyperactif. A le voir gesticuler de la sorte, à l’entendre exposer 50 idées à la seconde, à le voir rire et prendre des notes, on se dit que Papa et Maman Tarantino ont dû morfler.
Qu’importe. Accompagné de quatre de ses superbes naïades (Rose McGowan, Tracie Thoms, Rosario Dawson et Zoe Bell), de Kurt Russel et de son frère de lait Robert Rodriguez, Tarantino vient de mettre un joyeux coup de pied dans la sélection avec sa version « Spécial 60ème » de Grindhouse - Boulevard de la mort.
Honnêtement, on ne partait pas vraiment motivés pour ce film : des filles en micro shorts, des grosses bagnoles, Kurt Russel gominé et Robert Rodriguez en guest.
On avait juste oublié qu’on avait affaire à un film de Quentin Tarantino. Et le gaillard ne tarde pas à nous le rappeler en nous mettant une bonne gifle dès les premières secondes.
Générique funky typique des séries B (et Z) des 70s (avec le bon gel qui tache), dialogues ciselés, mise en scène vintage, faux raccords volontaires, bande son à se damner, etc. Le petit-fils préféré de Cannes n’a pas lésiné sur les effets. Bien sûr, c’est un copiste. Mais un copiste diablement doué et qui nous sert un très bel hommage aux films Grindhouse (Cf. Notes de Production) à travers ce slasher (on suit un tueur de jolies filles) déjanté. Alliant audaces formelle et scénaristique (Dieu qu’on se réjouit de voir ces gonzesses si fortes, décomplexées et au langage si fleuri !), l’expérience devient plutôt excitante. Et quand le chat devient la souris de ces dames, on a droit à un feu d’artifice d’action (la course-poursuite finale restera dans les annales).
On l’avoue, Tarantino nous a piégés, encore une fois. On ne lui en veut pas, il vient tout simplement de relancer de façon radicale la course à la Palme…
Eléonore Guerra (Cannes, le 22 mai 2007)