Raging Bull : Robert De Niro a sauvé la vie de Martin Scorsese en lui proposant le film

"Tu veux mourir, c'est ça ?"

Raging Bull : Robert De Niro a sauvé la vie de Martin Scorsese en lui proposant le film

À la fin des années 70, Martin Scorsese est en pleine déchéance physique et psychologique. Lors d'une visite à l'hôpital, son ami et acteur fétiche Robert De Niro lui a tenu un discours qui lui a sauvé la vie, en le convainquant de réaliser "Raging Bull".

Raging Bull : "ça, c'est du spectacle !"

Sorti en 1981 en France, Raging Bull marque la quatrième collaboration entre Martin Scorsese et Robert De Niro, après Mean StreetsTaxi Driver et New York New York. Basé sur l'autobiographie éponyme de Jake LaMotta et reposant sur un scénario de Paul Schrader et Mardik Martin, le long-métrage retrace près de vingt ans de la vie du Taureau du Bronx. Joe Pesci, Cathy Moriarty et Frank Vincent accompagnent le comédien, qui livre une performance monstrueuse et décroche son deuxième Oscar après celui remis pour Le Parrain, 2e partie.

Pour incarner le boxeur à l'écran, l'acteur se métamorphose. Il commence par s'entraîner durement auprès de l'ancien champion du monde des poids moyens. Ce dernier estime même que le comédien acquiert le niveau d'un athlète professionnel. Le tournage débute avec les scènes où Jake LaMotta n'a pas encore renoncé à sa carrière sportive.

Raging Bull
Jake LaMotta (Robert De Niro) - Raging Bull ©MGM

Puis, les prises de vues s'interrompent afin que Robert De Niro puisse prendre 30 kilos en quatre mois, notamment pour les séquences dans la boîte de nuit qui ouvrent et ferment le film. Lors de la promotion du drame, l'adepte de la Méthode explique à Premiere à propos de sa transformation :

J’aurais pu tricher ? Je ne sais pas, je ne peux pas. J’ai besoin de goûter complètement à l’expérience d’une transformation ! Les éléments physiques sont importants pour moi. L’idée de prendre du poids, de la détérioration physique… C’est si fort, visuellement, si graphique, surtout au cinéma, que vous n’avez plus besoin d’expliquer quoi que ce soit, c’est là devant vous… Je suis plus un homme du 'comment' qu’un homme du 'pourquoi'. C’est ma nature, je présume.

Une période sombre pour Martin Scorsese

En plus de s'impliquer corps et âme dans son rôle, Robert De Niro met tout en oeuvre pour que Raging Bull puisse voir le jour. Alors qu'il tourne Le Parrain, 2e partie en Sicile, il découvre le livre de Jake LaMotta et est très vite convaincu par le potentiel d'une éventuelle adaptation. Il retrouve ensuite Martin Scorsese pour Taxi Driver et New York New York. Durant la production de la comédie musicale, le cinéaste se met à flirter dangereusement avec la cocaïne et sombre rapidement dans la drogue. Et dès que son acteur fétiche lui parle de Raging Bull, il se montre réticent. Il confie à ce sujet à l'édition américaine de Vanity Fair :

Je n’y connaissais rien en boxe. Ils montraient souvent les matchs à la télévision ou au cinéma durant le weekend, filmés d’un seul angle. Je n’avais aucune idée de ce qui se passait. C’était du sport, donc ça me rebutait instantanément.

Raging Bull
Raging Bull ©MGM

Par la suite, sa liaison avec Liza Minnelli lui coûte son mariage avec Julia Cameron et il a énormément de mal à digérer l'échec financier de New York New York. Ses problèmes de santé s'accentuent. En septembre 1978, il est hospitalisé d'urgence alors qu'il souffre d'une hémorragie interne.

"Tu veux mourir, c'est ça ?"

Ne supportant plus la déchéance physique et psychologique de son ami, Robert De Niro lui rend visite à l'hôpital et lui demande, comme le dévoile l'ouvrage Raging Bull : The Making Of cité par The Independent :

Qu'est-ce que tu veux faire ? Tu veux mourir, c'est ça ? Tu ne veux pas vivre pour voir ta fille grandir et te marier ?

Convaincu que Martin Scorsese est le seul à pouvoir mettre en scène Raging Bull, il ajoute :

Est-ce que tu vas être l'un de ces réalisateurs pour qui c'est terminé après deux ou trois bons films ?

Des propos salvateurs pour le cinéaste, qui finit par comprendre que le parcours de Jake LaMotta reflète ses obsessions et ses tourments :

 J’ai dit oui. J’ai finalement trouvé le point d’attrait - l’autodestruction, la destruction des gens autour de vous, juste pour le plaisir. J’étais Jake LaMotta.

Des points communs qui lui permettent d'accoucher d'un chef-d'oeuvre.