"Plus de gens ont vu Rebel Moon que Barbie" : les calculs (délirants) de Zack Snyder

"Plus de gens ont vu Rebel Moon que Barbie" : les calculs (délirants) de Zack Snyder

Le cinéaste Zack Snyder, qui a lancé une saga SF inédite sur Netflix avec les films "Rebel Moon", considère que "Rebel Moon Partie 1 : Enfant du feu" a connu un succès supérieur à celui de "Barbie", plus grand succès au box-office de 2023 et plus grand succès mondial de l'histoire de Warner Bros. Une comparaison folle et des mathématiques très particulières...

Zack Snyder se fait son cinéma

Alors que le deuxième volet de sa saga Rebel Moon, intitulé Rebel Moon Partie 2 : L'Entailleuse, sera mis en ligne sur Netflix le 19 avril 2024, Zack Snyder a décidé de préparer le terrain en revenant sur la performance de Rebel Moon Partie 1 : Enfant du feu. Et il l'a fait d'une manière surprenante, avançant un calcul - plus fantaisiste que réaliste - qui indiquerait que le premier volet Rebel Moon, sorti le 22 décembre 2023, aurait fait mieux que Barbie, comparant les EVC (Équivalent de Visionnages Complets) de son film aux entrées en salles de celui de Greta Gerwig.

Rebel Moon Partie 1 : Enfant du feu
Rebel Moon Partie 1 : Enfant du feu ©Netflix

C'est ainsi lors d'une conversation de deux heures avec le podcasteur Joe Rogan que le réalisateur de 300 et Man of Steel a développé une mathématique particulière pour démontrer son point :

Pensez à Netflix, par exemple, où il s'agit de cliquer. "Rebel Moon" ? On va dire qu'aujourd'hui il est presque à 90 millions de visionnages. 80 ou 90 millions de comptes l'ont regardé, à peu près. Netflix compte environ deux spectateurs par visionnage. Si "Rebel Moon" avait été distribué en salles, cela reviendrait à 160 millions de personnes qui s'y seraient rendus pour le voir, sur la base de ce calcul. 160 millions de personnes qui auraient payé chacune 10 dollars pour le voir, ça donne 1,6 milliard de dollars. Donc probablement que plus de gens ont vu "Rebel Moon" que "Barbie", n'est-ce pas ?

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Une comparaison absurde, et une petite vérité

Difficile de voir par quel bout prendre ce calcul qui fait mal à la tête et surtout compare des choses qui ne peuvent pas l'être. En suggérant que le succès de Rebel Moon Partie 1 : Enfant du feu serait supérieur à celui de Barbie, soit le Top 1 au box-office mondial 2023 avec 1,445 milliard de dollars de recettes (auquel il faudrait ajouter les recettes de son exploitation en vidéo, en VOD et en supports physiques, afin de donner pour la forme un peu plus de rigueur à la démonstration...), Zack Snyder établit une équivalence absurde entre un visionnage Netflix et deux entrées dans un cinéma, ce qui n'a évidemment rien à voir sur le plan économique, comme sur le plan de l'expérience. Combien de spectateurs sont sortis d'une projection en cours de Barbie contre combien d'abonnés Netflix ont arrêté Rebel Moon en cours ?

Barbie
Barbie ©Warner Bros.

La fameuse mesure "EVC" reste arbitraire comme outil d'analyse, piègeuse, et Zack Snyder a utilisé cet aspect arbitraire pour élaborer un calcul et une conclusion de "succès" qui ne tient pas debout. En effet, si Rebel Moon doit être considéré comme un succès supérieur à Barbie, qu'en est-il alors de Le Monde après nous, actuellement à la 5e place du Top 10 Films all time en langue anglaise, alors que Rebel Moon n'apparaît même pas dans ce top ? Mais il poursuit ensuite son propos avec un constat qui est réel - et dont il s'émerveille -, même s'il est finalement anodin.

C'est à ce point que (le concept de) Netflix est dingue. C'est le modèle de distribution qu'ils ont construit. (...) Ce n'est pas comme la salle de cinéma. Vous pouvez lancer le film maintenant et ici sur votre téléphone si vous en avez envie. C'est ça qui est fou. Ce modèle, cette machine qu'ils ont construite, c'est vraiment quelque chose.

Sur ce point, Zack Snyder relève à juste titre que le modèle actuel du streaming, popularisé d'abord par Netflix, permet d'atteindre une audience mondiale, instantanément et très facilement, et sur différents appareils. Il prend ainsi pour exemple le grand succès de la série documentaire Netflix Drive to survive, soutenant que "littéralement" cinq personnes seraient allées la voir si elle était sortie en salles. Certainement... Mais devant ce type de raisonnement putatif, on pourra lui faire remarquer qu'avec des "si" on n'arrive à rien - sinon à couper du bois -, et qu'il doit par ailleurs très bien savoir comment le développement, la production et la distribution de projets destinés au cinéma de salles fonctionnent...