Rocky : on a classé tous les films de la saga, du pire au meilleur

Rocky : on a classé tous les films de la saga, du pire au meilleur

En 1976, Sylvester Stallone se fait un nom et révolutionne le film de sport avec "Rocky". Plus de quarante ans plus tard, la saga sportive continue d'émerveiller des générations de spectateurs avec la trilogie "Creed". À l'occasion de la sortie au cinéma de "Creed III", on a décidé de classer la saga "Rocky" du pire au meilleur.

Rocky : petite contextualisation

En 1976, Sylvester Stallone galère. Alors qu'il apparaît dans un film érotique, son rêve est surtout de devenir comédien à Hollywood. Mais le jeune homme, d'origine italienne, ne sait pas réellement comment procéder. C'est alors qu'il prend son courage à deux mains et décide de raconter sa propre vie, via l'allégorie d'un film de boxe. Il écrit alors le scénario de Rocky, qu'il vend à United Artists pour une bouchée de pain. Sa seule condition : être l'acteur principal du film. Le récit est celui du destin d'un jeune homme qui patine dans la vie, mais qui trouve son salut dans la boxe, parvenant à affronter le champion poids lourd de boxe anglaise : Apollo Creed.

Le premier film Rocky est un très grand succès commercial et critique. Il est ainsi à l'origine d'une saga, qui s'est étendue après six films Rocky à une franchise spin-off : Creed.

Voici notre classement de l'intégralité de cette grande saga :

9. Rocky V

Sorti en 1990, Rocky V est censé conclure la saga Rocky, débutée presque quinze ans plus tôt. Pour l'occasion, Sylvester Stallone, qui écrit encore le scénario, rappelle le cinéaste John G. Avildsen, qui avait déjà mis en scène le tout premier volet de la franchise. Considéré par tous comme le vilain petit canard de la licence, à raison, il n'empêche que les thématiques de Rocky V ne sont pas inintéressantes. Après l'évolution du célèbre boxeur, qui est passé de la pauvreté à la bourgeoisie, Rocky est endetté. Le voilà de retour à la case départ. Alors qu'il doit gérer sa chute, Rocky prend sous son aile, 25 ans avant Creed : L'Héritage de Rocky Balboa, un jeune sportif qu'il tente d'élever au-dessus de la mêlée, tout en essayant maladroitement d'éduquer son fils.

Rocky Balboa (Sylvester Stallone) - Rocky V
Rocky Balboa (Sylvester Stallone) - Rocky V ©United Artists

Rocky V a l'intelligence de mettre en scène un protagoniste fragilisé, brisé, dont l'apothéose appartient au passé. Déjà, les thématiques de passation, d'héritage, de faillibilité sont au centre du long-métrage. Mais la magie n'opère plus. Le scénario est cousu de fil blanc, et les pérégrinations du célèbre boxeur n'intéressent plus grand monde. Sylvester Stallone tourne en rond, et son alter ego aussi.

8. Rocky III : L'Œil du Tigre

Réalisé par Sylvester Stallone en 1983, Rocky III est clairement un film de transition. L’œil du Tigre est sans doute le film le plus positif de la licence. Tout réussit à Rocky. Il est parvenu à devenir l'un des meilleurs boxeurs de l'histoire, son ancien adversaire Apollo Creed (Carl Weathers) est devenu son meilleur ami, et il vit une existence paisible avec son grand amour Adrian (Talia Shire). Mais l'arrivée de Clubber Lang (Mr. T.) qui le met K.O. dans un affrontement à sens unique oblige Rocky à se remettre en question et à reprendre drastiquement l'entraînement pour laver son honneur.

Rocky III
Rocky III ©United Artists

Comme toujours, Sylvester Stallone se raconte à travers son alter ego. Et alors que les choses se déroulent bien pour le comédien, Rocky III parle de l'embourgeoisement du personnage (comprendre l'embourgeoisement de Stallone lui-même). Stallone comme Rocky sont devenus des stars, des figures publicitaires, des hommes d'affaires. Stallone profite de sa victoire sur le monde, et de son statut d’icône du cinéma d'action américain. Il profite de la vie hollywoodienne, du succès, de l'argent, et devient le nouveau Apollo Creed. Ce qui explique notamment pourquoi les deux hommes deviennent amis. Jusqu'à la remise en question, le rappel des origines et l'acharnement au travail pour ne pas se reposer sur ses lauriers. Mais finalement, à part la présence de Mr. T., il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent.

7. Rocky IV

Opus le plus sombre de la première saga, Rocky IV est notoirement connu pour mettre en scène le décès d'Apollo Creed. Sorti en 1986, Rocky IV déploie une dramaturgie intelligente, racontant ainsi la mort du meilleur ami de Rocky sur le ring. Une manière de bouleverser les certitudes du héros, qui va devoir remettre les gants pour affronter le terrible Drago, incarné avec force par Dolph Lundgren, et ainsi reprendre sa vie en main.

Rocky Balboa (Sylvester Stallone) - Rocky IV
Rocky Balboa (Sylvester Stallone) - Rocky IV ©United Artists

Rocky IV est également connu pour sa portée politique, avec un discours assez grossier qui met les États-Unis sur un piédestal. Film à l'accent propagandiste, Rocky IV intervient à la fin de la Guerre Froide, sous l'ère Reagan. L'occasion pour Sylvester Stallone d'écrire une œuvre à la gloire des États-Unis. Le comédien met alors en scène l'archétype du méchant russe très à la mode à cette époque. Film pro-US, Rocky se bat pour la communauté américaine toute entière. Et la mort de Creed est donc un message clair : la Russie menace la société américaine dans son intégralité. En ressort un film évangélisateur qui cherche à sanctifier l'hégémonie autoproclamée des États-Unis d'Amérique.

6. Creed II

Après l'excellent premier volet de la saga Creed, Steven Caple Jr. succède à Ryan Coogler à la mise en scène de Creed II. Michael B. Jordan est de retour dans la peau d'Adonis Creed, le fils d'Apollo Creed. Après son succès dans le premier volet, le poulain de Rocky doit affronter une menace venue du passé. Ivan Drago (Dolph Lundgren) le méchant de Rocky IV est de retour avec son fils Viktor Drago (Florian Munteanu). Son but est toujours le même : mettre sa raclée à Rocky.

Creed II
Creed II ©Warner Bros

Encore une fois, les thématiques de ce huitième film sont loin d'être inintéressantes. Creed II réécrit la figure d'Ivan Drago. Ce géant russe, représentation de la puissance de l'Empire Soviétique dans les années 1980, est lui aussi tombé en désuétude. À l'image de Rocky dans Rocky V, l'ancien ennemi de notre héros a été abandonné de tous. Tombé dans l'oubli après sa défaite contre le boxeur américain, il a été abandonné, laissé pour compte, même par sa propre nation. Son retour est une tentative pathétique de retrouver un peu de lumière. Et il est persuadé que pour atteindre son objectif, il doit anéantir son ancien adversaire. Si les thématiques politiques et sociales sont au rendez-vous, Creed II pèche par sa réalisation. Steven Caple Jr. n'a pas le talent de Ryan Coogler pour mettre en scène une suite dynamique et créative. À l'image des Rocky mineurs, Creed II manque de souffle épique...

5. Rocky II : La Revanche 

Difficile de passer derrière la claque qu'était Rocky. Pour cette suite, sortie en 1980, Sylvester Stallone s'occupe lui-même de la réalisation. Il met en scène son personnage, bien déterminé à prendre sa revanche contre Apollo Creed.

Rocky II : La Revanche
Rocky II : La Revanche ©United Artists

Malheureusement, on sent bien que Sylvester Stallone manque d'idées pour cette suite directe au premier volet. Pâle copie du premier opus, Rocky II peine à se renouveler. La première moitié du film est une simple romance entre Adrian et Rocky. Le film accélère et prend une dimension plus sombre et plus dramatique quand la dulcinée du héros tombe dans le coma après avoir mis au monde leur fils. Puis, à trente minutes de la fin surgit le traditionnel "training montage", avant la revanche musclée entre Rocky et Apollo.

4. Creed III

Première réalisation de Michael B. Jordan, Creed III est un film classique qui n'a rien d'honteux. La star de cette nouvelle trilogie décide de faire table rase du passé. Il va même jusqu'à évincer Sylvester Stallone en personne, ce qui fait de Creed III le seul épisode de la licence sans le célèbre boxeur.

Adonis Creed (Michael B. Jordan) - Creed III
Adonis Creed (Michael B. Jordan) - Creed III ©Warner Bros

Le comédien reprend en partie la formule de Sylvester Stallone en mettant en scène un récit miroir de sa propre existence. Avec Creed III, Michael B. Jordan raconte son ascension. Film sur un personnage égocentré, Creed III met en scène la réussite de son comédien, doucement prétentieux, au point de se réapproprier la licence de bout en bout. Michael B. Jordan propose également une confrontation finale étonnante. Parfois maladroite, elle a néanmoins le mérite de sortir du format habituel de la licence. Enfin, Creed III peut compter sur la présence d'un antagoniste plus que solide en la personne de Jonathan Majors.

3. Creed : L'Héritage de Rocky Balboa

En 2016, soit dix ans après l'excellent Rocky Balboa, Ryan Coogler (Black Panther) prend les rênes de cette nouvelle suite qui ramène une nouvelle fois Sylvester Stallone dans la peau de Rocky. Mais cette fois, le légendaire boxeur est au second plan et devient le mentor d'une nouvelle génération représentée par Michael B. Jordan. Ce dernier, qui incarne Adonis Creed, le fils du défunt Apollo Creed, propose une incarnation musclée.

Creed : L'Héritage de Rocky Balboa
Creed : L'Héritage de Rocky Balboa ©Warner Bros

Creed : L'Héritage de Rocky Balboa se place incontestablement comme l'un des meilleurs volets de toute la licence. Michael B. Jordan s'approprie le rôle avec énormément d'aisance, tandis que son personnage doit gérer la pression associée au nom de son père. Quant à Stallone, relégué au second plan, il campe son personnage favori avec beaucoup de sensibilité, d'émotion et de spontanéité. Le comédien ne vole pas sa nomination aux Oscars dans la catégorie Meilleur acteur dans un second rôle. Quant aux thématiques d'héritage et de passation, qu'on trouve dans l'intégralité de la franchise, elles prennent ici tout leur sens.

2. Rocky

Tout a commencé ici. Et tout est culte ! Le film de John G. Avildsen n'avait, sur le papier, rien pour être marquant. Pourtant, encore aujourd'hui, Rocky imprègne les spectateurs du monde entier de quantité d'images cultes. Très ancré dans son époque, miroir de sa jeunesse, Rocky met en scène le rêve américain dans toute sa splendeur. C'est une success story, l'histoire d'un "nobody" qui fait fortune aux États-Unis par la sueur de son front et la force de ses bras. Rocky, avant d'être un film de sport, est surtout une aventure humaine touchante. Celle d'un homme dans la pauvreté qui va affronter Apollo Creed, déguisé en oncle Sam, métaphore du capitalisme.

Rocky Balboa (Sylvester Stallone) - Rocky
Rocky Balboa (Sylvester Stallone) - Rocky ©United Artists

Emmené par la superbe musique de Bill Conti, c'est avant tout l'histoire de Stallone lui-même, qui s'est défini et raconté au fil de la saga via cet alter ego qu'il n'arrive pas à quitter : Rocky Balboa !

1. Rocky Balboa

En 2007, soit plus de quinze ans après Rocky V, Sylvester Stallone remonte sur le ring pour Rocky Balboa. Écrit et réalisé par ses soins, la magie opère toujours autant dans Rocky Balboa. À près de soixante ans, le comédien fait un comeback inespéré. Encore une fois, Stallone met en scène sa propre vie. Après le changement de caste sociale (Rocky), la notoriété (Rocky II), l'embourgeoisement (Rocky III), la chute (Rocky IV) et la recherche de renaissance (Rocky V), Sly continue de raconter son histoire. Rocky Balboa met en scène le retour d'un dinosaure, d'un comédien has been, que plus personne ne convoque.

Rocky (Sylvester Stallone) - Rocky Balboa
Rocky (Sylvester Stallone) - Rocky Balboa ©Metro-Goldwyn-Mayer

Cette oeuvre est un retour aux sources, et une histoire d'humilité à la manière du premier Rocky. Sly est enfermé dans sa propre carrière, dans son image d'action man du cinéma américain, obligé de rejouer encore et encore les mêmes rôles et de répéter ses exploits passés. Il va décider de remonter sur le ring pour se prouver à lui-même, mais aussi aux autres, qu'il existe encore. Sans doute l'épisode le plus nostalgique de la licence, Rocky Balboa est incontestablement le plus touchant. Parce que c'est le récit d'une icône du septième art, qui cherche encore un peu de lumière, et qui conclut la saga Balboa en beauté, sur une note mélancolique qui aurait pu être le point final de cette formidable aventure.