Deuxième des trois films français présentés cette année en Compétition Officielle après LEMMING mercredi, CACHé de Michael Haneke avec Daniel Auteuil et Juliette Binoche était à l'affiche de ce samedi. Grand habitué du Festival où il a déjà présenté huit films dont quatre en compétition (LA PIANISTE avait remporté trois prix en 2001…), le réalisateur d'origine autrichienne ne laisse jamais son spectateur indifférent. Avec CACHé, il aborde magistralement le thème de la culpabilité. Moins malsain que certains de ses précédents films, ce nouveau long-métrage n'en met pas moins le public mal à l'aise, le laissant constamment dubitatif face à une histoire dont il ne maîtrise pas les tenants et aboutissants… Un mystère qui plane jusqu'à la fin du film, et même après. C'est là d'ailleurs toute la force du cinéma d'Haneke : savoir interpeller, intriguer son spectateur au cours du film, et poursuivre ce questionnement longtemps après la sortie de salle. Un mystère qu'il convient de faire planer, c'est pourquoi nous ne vous en diront pas plus sur le scénario…
Questionné plusieurs fois par les journalistes lors de la conférence de presse sur le dénouement de son film, Michael Haneke s'est refusé à donner une explication concrète, ne voulant pas gâcher le plaisir que l'on a de réfléchir à son film…
Michael Haneke : "Je vous supplie de ne pas raconter l'histoire. C'est un film qui tire son pouvoir de sa tension. A chacun de donner son interprétation. (…) La question posée est de savoir comment est ce que l'on gère sa propre culpabilité. Le comportement du personnage principal lorsqu'il prend ces deux cachets et qu'il se glisse entièrement sous la couverture, c'est aussi un peu notre position, par exemple envers le tiers-monde: on donne un peu d'argent à une association et puis on oublie la réalité".
Les deux comédiens principaux du film, Juliette Binoche et Daniel Auteuil, sont quant à eux revenus sur leur collaboration avec Haneke. Juliette Binoche, qui avait déjà travaillé avec le cinéaste sur CODE INCONNU, a qualifié ses films de "douches froides, qui vous permettent de réagir par rapport à nos vies matérialistes". Ce à quoi Haneke répondit en riant : "Je dis souvent qu'il est toujours plus agréable de travailler dans un de mes films que de les regarder".
Quant à Daniel Auteuil, qui nous offre une nouvelle fois une prestation remarquable, n'a pas pour autant trouvé son rôle difficile à jouer : « Je n'ai pas rencontré de difficultés particulières car les conditions de travail étaient sympas. Et lorsque le scénario est très bien écrit, le plus dur est fait… »
Cette première collaboration entre Haneke et Auteuil a donc largement convaincu les spectateurs, qui auront peut-être le plaisir de les retrouver pour un prochain film :
Michael Haneke : "Je choisis toujours de travailler avec des gens que j'aime. Je suis très fidèle. Avec Daniel, c'était la première fois, mais ce ne sera certainement pas la dernière".
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Amélie Chauvet (Cannes, le 14 mai 2005)