En 2013 sortait le monument d'Abdellatif Kechiche "La Vie d'Adèle". Rapidement, après sa réception critique quasi unanime, en même temps que la révélation de conditions de tournage très difficiles, Léa Seydoux déclarait ne plus jamais vouloir tourner avec son auteur. Dix ans plus tard, à l'ère post-#MeToo, elle est revenue sur ce qu'elle avait retenu de cette expérience.
Léa Seydoux, dix ans après
En 2013, La Vie d'Adèle faisait exploser aux yeux du monde entier le talent de deux des actrices les plus talentueuses de leur génération : Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos. Leur performance, à chacune et ensemble, est telle qu'exceptionnellement la Palme d'or du Festival de Cannes 2013 est remise à Abdellatif Kechiche et à ses deux actrices principales.
Depuis, l'une comme l'autre se sont imposées au sommet de la A-List française, Léa Seydoux devenant même une star planétaire avec une filmographie internationale impressionnante.
Celle-ci, à l'affiche du monumental La Bête de Bertrand Bonello, est récemment revenue sur le tournage de ce film. Ça n'est ni un scoop ni un secret, pour le chef-d'oeuvre de cinéma qu'est La Vie d'Adèle, il y a derrière un tournage très difficile, lieu de multiples abus et harcèlements moraux. Des faits que Léa Seydoux avait dénoncés dès 2013, et une expérience dont elle a tiré des enseignements, dix ans après.
"On ne peut pas être maltraité"
Au micro de France Inter, le 2 février, Léa Seydoux a ainsi déclaré :
Avec Abdellatif, ce qui avait été le plus difficile, ça a été le harcèlement moral. Tout le monde a été maltraité, c'est une chose que je refuse, encore plus quand c'est dans le cadre du travail. On ne peut pas être maltraité quand on part travailler, dans n'importe quelle profession. Donc ça, c'est une chose que je ne revivrais plus jamais, enfin j'espère.
L'actrice de Spectre et de France souligne par ailleurs que la méthode d'Abdellatif Kechiche est très exigeante, avec par exemple une même scène tournée sur plusieurs jours, avec jusqu'à "100 prises par jour", et recommencer le lendemain. Un processus "obsessionnel", qui a ainsi donné lieu à des abus.
Pour autant, Léa Seydoux retient aujourd'hui aussi un aspect positif, celui d'avoir appris quelque chose dans le jeu, expliquant : "Abdellatif, il nous épuisait à un endroit, mais de cet épuisement là, il en est ressorti des choses assez sublimes."
"Avoir le choix de ce que je veux montrer de mon corps"
Éléments qui ont rendu les abus et le harcèlement moral d'autant plus violents, c'est la sexualité et la nudité mises en scène dans La Vie d'Adèle. Un travail qui touche à l'intimité des interprètes, et qui doit être encadré avec le plus grand respect. Ce qui n'avait alors pas été le cas.
Des scènes dans le film ont été difficiles à jouer et, encore une fois il n'y avait pas de respect. Ce sont des choses que je n'accepterai plus jamais. La façon dont ça a été tourné, le corps, la nudité, je dois avoir le choix de ce que je veux montrer de mon corps. Ce n'était pas le cas dans le film d'Abdellatif Kechiche. Aujourd'hui, si je fais des scènes de sexe dans un film, je demande à voir les rushs et j'accepte ou non la scène.