Hier était un grand jour pour l'industrie et le patrimoine cinématographiques et pourtant, il est honteusement passé inaperçu.
Hier, sachez-le, est née l'honorable World Cinema Foundation. Sur une idée de Martin Scorsese, des cinéastes ont décidé de se réunir au sein de la WCF - association à but non lucratif, pour apporter un soutien financier à la restauration et la diffusion des films du monde entier, en particulier d'Afrique, d'Amérique Latine, d'Asie et d'Europe centrale. Le travail de la Fédération Internationale des Archives du Film a ainsi fait de la sauvegarde du patrimoine cinématographique une cause reconnue dans le monde du cinéma.
On ne peut que saluer l'initiative. En toute sincérité.
L'annonce officielle de cette naissance a donc eu lieu hier dans la micro salle de conférence du Palais des Festivals et le moins que l'on puisse dire, c'est que la photo de classe est belle : Martin Scorsese, Stephen Frears, Fatih Akin, Walter Salles, Alfonso Cuaron, Alejandro González Inárritu, Abderrahmane Sissako, Souleymane Cisse, Wong Kar Wai, Giancula Farinelli, Ahmed El Maanouni et Ermanno Olmi.
Tous passionnés est concernés, ils insistent pour ne répondre qu'aux questions concernant la WCF. Scorsese, au centre, prend la casquette de chef de file et explique l'importance, voire la nécessité d'un tel organisme. Retrouver et/ou restaurer les « neglected films » (majoritairement des films oubliés, inconnus, introuvables ou dégradés) et les archives internationales du cinéma ; développer ensuite un réseau DVD et un circuit salles (cinémathèques, festivals, etc.). Tantôt calme, tantôt pressant, toujours très concentré, il développe le plan de cette initiative qui lui tient à cœur. Il n'est pas le seul : Wong Kar Wai (« préserver le patrimoine culturel et historique »), Souleymane Cisse (« si dans 50 ans, ces films ne sont plus visibles, alors on n'existera plus » ou Walter Salles (« préserver toute la mémoire du monde »), tous prennent la parole et affirment avec détermination leur volonté de promouvoir Histoire et Diversité, par amour pour leur métier, mais aussi parce qu'ils sont conscients de l'urgence de rapprocher les cultures et non de promouvoir l'idée d'un communautarisme.
Préserver pour découvrir. Découvrir pour comprendre. Le message est passé.
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Eléonore Guerra (Cannes le 23 mai 2007)