Aujourd’hui encore, la scène finale de Seven reste l’une des plus stressantes et tragiques que le cinéma ait jamais connu. Oeuvre culte de la filmographie de David Fincher qui a initié la fructueuse carrière du réalisateur de Zodiac, Fight Club ou encore Gone Girl, elle aurait bien pu connaître une autre fin…
Attention ! Si vous n’avez pas vu Seven mieux vaut ne pas poursuivre la lecture de cet article, conseil de cinéphile.
Rappelez-vous : les inspecteurs Mills et Somerset poursuivent un serial-killer nommé Jon Doe, assassinant avec minutie des victimes représentatives à ses yeux des pires péchés de l’humanité. La luxure, l’orgueil ou encore la paresse sont ainsi condamnés par le meurtrier qui finira par se rendre de lui-même à la justice. Pour compléter sa quête purificatrice, Jon Doe conduit les deux inspecteurs dans le désert pour leur révéler ses deux derniers homicides. Au milieu de nulle part, le psychopathe se fait livrer une boîte en carton dont le contenu est découvert par Somerset, incarné par Morgan Freeman. Ce dernier y découvrira la tête de l’avant-dernière victime de Doe qui n’est autre que la femme de Mills, décapitée par le meurtrier. Alors qu’il apprend de la bouche de son persécuteur que c’est bien la tête de sa femme qui est contenue dans ce carton, Mills entend également que celle qu’il aimait était enceinte. Fou de rage, le policier laisse libre cours à son désespoir malgré les conseils de son ami et partenaire Somerset et abat le meurtrier de plusieurs coups de feu. En agissant de la sorte, il accomplit le voeu du serial-killer et finalise son oeuvre sanglante : Doe enviait Mills pour sa vie et ses nombreuses réussites et représentait le septième péché à abattre sur sa liste. La boucle est bouclée et sa quête accomplie.
On a tous en souvenir cette fin brutale et injuste, permettant au meurtrier d’échapper à la justice et d’accomplir son objectif dément. Les larmes et le mutisme dans lesquels se retrouve plongé Mills font écho à notre propre expérience de spectateur. Cette fin mythique et parfaite n’était toutefois pas perçue d’un bon oeil par les producteurs du film, eux qui avaient réfléchi à de nombreuses alternatives pour changer un scénario approuvé à la fois par David Fincher mais également Brad Pitt, acteur phare de l’oeuvre. Voici la liste des options envisagées par les producteurs de Seven et qui auraient bien pu changer irrémédiablement ce chef-d’oeuvre :
- La tête dans la boîte était celle du chien de Mills. Il faut avouer que ce choix narratif aurait été beaucoup moins tragique que celui finalement choisi, et qu’il aurait moins justifié le meurtre de Jon Doe par Mills…
- Somerset réussit à convaincre Mills de mener Doe devant la justice et de ne pas l’exécuter sur place.
- Somerset exécute Doe à la place de son partenaire et l’empêche ainsi d’exécuter totalement son dessein, permettant à Mills de s’en sortir sans passer par la case prison.
Après de nombreuses discussions, la fin originale du scénario d’Andrew Kevin Walker est restée inchangée. Une façon s’assouvir la soif de vengeance des spectateurs, selon les mots de David Fincher himself, « même si il n’y aura jamais assez de balles pour punir le meurtrier et rétablir la balance » entre Mills et Doe.
Alors, que pensez-vous de ces fins alternatives ? Vous auriez préféré en voir une gagner face à l’originale ?
Camille Muller (Le 5 avril 2017)