Star Wars VI - Le Retour du Jedi : quand George Lucas a fait "mal à la tête" à David Lynch

Star Wars VI - Le Retour du Jedi : quand George Lucas a fait "mal à la tête" à David Lynch

En 1983, après les succès de « Un nouvel espoir » et de « L'Empire contre-attaque », LucasFilm décide de produire un troisième opus pour conclure la trilogie originelle Star Wars. Si c'est Richard Marquand qui met en scène le film, ce dernier n'était pas du tout le premier choix de George Lucas.

Le Retour du Jedi : la conclusion de la trilogie Star Wars

Après Un nouvel espoir mis en scène par George Lucas himself et L'Empire contre-attaque de Irvin Kershner, c'est au tour de Richard Marquand de mettre en scène Le Retour du Jedi. Sorti en 1983, le long-métrage vient apporter le point final de cette trilogie Star Wars culte. Toujours porté par le trio Mark Hamill, Carrie Fisher et Harrison Ford, ce troisième volet raconte comment Luke parvient à se défaire de l'Empire et à ramener la paix dans la galaxie.

Star Wars VI : Le Retour du Jedi
Star Wars VI : Le Retour du Jedi ©LucasFilm

Souvent considéré comme l'épisode le moins réussi de la trilogie originale, il n'empêche que Le Retour du Jedi a été nommé à 5 reprises aux Oscars et a remporté la statuette des Meilleurs effets visuels. Côté box-office, l’œuvre a engendré plus de 475 millions de dollars de recettes pour un budget de 32,5 millions. Ce qui le place comme l'opus ayant le moins rapporté d'argent au box-office de toute la trilogie originale.

La valse des réalisateurs

Si George Lucas a mis en scène Un nouvel espoir, il a préféré abandonner sa casquette de réalisateur concernant les deux autres opus de sa trilogie. Préférant le fauteuil de producteur, il délègue ainsi la réalisation des deux suites de Star Wars. L'Empire contre-attaque est donc confié à Irvin Kershner, tandis que c'est Richard Marquand qui met en scène Le Retour du Jedi. Pourtant, au départ, ce dernier n'était pas le premier choix de George Lucas.

Initialement, George Lucas se tourne vers son ami Steven Spielberg pour mettre en scène Le Retour du Jedi. Mais ce dernier ne peut pas accepter la proposition de son collègue. À l'origine, George Lucas et Steven Spielberg font tous les deux partie de l'association Directors Guild of America. Cependant, puisqu'il ne crédite pas Irvin Kershner au début du générique de L'Empire contre-attaque, George Lucas est sanctionné par la guilde et est obligé de payer une amende de 25 000 dollars. Il décide donc de claquer la porte de cette association. Et puisque Steven Spielberg en est toujours membre, il ne peut légalement pas accepter la proposition de George Lucas.

Star Wars VI : Le Retour du Jedi
Star Wars VI : Le Retour du Jedi ©LucasFilm

George Lucas se tourne alors vers David Lynch. Ce dernier n'est encore qu'au début de sa carrière et n'a réalisé que deux films : Eraserhead et Elephant Man (Oscar du Meilleur réalisateur). Cependant, David Lynch refuse poliment la proposition de Lucas. Plus tard, lors d'une interview avec Far Out Magazine, David Lynch est revenu sur cette rencontre inédite avec George Lucas :

George a demandé à me rencontrer pour parler avec lui de ce qui serait le 3e volet de Star Wars. Mais j'avais à peu près aucun intérêt à participer à ce projet. Mais j'ai toujours admiré George. George est quelqu'un qui fait ce qu'il aime. Et je fais ce que j'aime. La différence est que George aime faire des films qui rapportent des centaines de millions de dollars. Donc j'ai pensé qu'il fallait y aller et au moins le rencontrer, et c'était incroyable.

Le refus de David Lynch

Toujours dans cet entretien, David Lynch a également raconté la manière dont il a rencontré George Lucas, dans des circonstances particulières.

J'ai dû me rendre à Los Angeles. J'ai été obligé de récupérer une carte de crédit spéciale, puis des clés spéciales. Une lettre m'a ensuite été envoyée, ainsi qu'un plan. Puis je suis allé à l'aéroport, et je me suis envolé. Ils avaient déjà une voiture de location prête pour moi. Tout était déjà organisé. J'ai conduit jusqu'à un immeuble, où j'ai rencontré George. Nous avons un peu discuté. Puis il m'a dit : "je veux vous montrer quelque chose...". À ce moment-là, j'ai commencé à avoir un petit mal de tête...  Puis, il m'a emmené à l'étage. Et il m'a montré ces choses appelées les Wookies. A partir de ce moment là, mon mal de tête s'est intensifié. Il m'a ensuite montré de nombreux animaux et créatures différentes. Puis il m'a emmené faire un tour dans sa Ferrari pour le déjeuner.

David Lynch
David Lynch ©Le Temps

Face à toutes ces informations, David Lynch a commencé à perdre les pédales. Habitué aux productions de plus petite envergure, cette superproduction a commencé à lui faire tourner la tête. David Lynch a pris une décision radicale sans aucune hésitation :

Ensuite, j'ai eu une migraine. Et j'avais hâte de rentrer à la maison. Même, avant de rentrer à la maison, j'ai en quelque sorte rampé vers une cabine téléphonique, et j'ai appelé mon agent pour lui dire: "Il n'y a pas moyen ! Il n'y a aucun moyen que je fasse ce film !" Il m'a répondu: "David, David, David… Calme-toi ! Tu n'es pas obligé de faire ce film". Alors j'ai dit à George, au téléphone le lendemain, qu'il devrait le réaliser. C'est son film. J'ai appelé mon avocat et je lui ai dit que je n'allais pas le faire. Et il a dit : "Vous venez de perdre je ne sais pas combien de millions de dollars ! Mais c'est d'accord".

Richard Marquand le sauveur

Après le refus de David Lynch, qui réalisera quelques années plus tard l'adaptation maudite de Dune, George Lucas s'est également tourné vers David Cronenberg. Mais ce dernier refusa également la proposition, comme il le racontait en 2008 au micro de Entertainment Weekly :

Je me souviens d'avoir reçu un appel téléphonique. Quelqu'un a dit qu'il appelait de la part de Lucasfilm, et m'a demandé si j'étais intéressé par "Le Retour du Jedi". On m'a demandé si je serais intéressé de réaliser le film, et de rencontrer tout le monde. J'ai dit, avec l'arrogance de la jeunesse : "Je ne suis pas habitué à travailler avec le matériau des autres." Et il y a eu comme un silence de stupéfaction, suivi d'un "clic" du téléphone qui se raccrochait.

Finalement, George Lucas s'est tourné vers Richard Marquand. Ce dernier, qui avait déjà mis en scène Psychose phase 3 et L'Arme à l’œil était un cinéaste plus docile que David Lynch, David Cronenberg ou même qu'Irvin Kershner. Un choix davantage en adéquation avec le désir de George Lucas de conserver le contrôle sur ce dernier film de la trilogie.