Steven Spielberg : "La presse est davantage attaquée aujourd’hui que dans les années 70"

Steven Spielberg : "La presse est davantage attaquée aujourd’hui que dans les années 70"

À l’occasion de la sortie du passionnant pentagon papers, nous avons eu la chance d’assister à la conférence de presse du film, en compagnie du grand Steven Spielberg et de ses interprètes principaux, les non moins grands, Meryl Streep et Tom Hanks.

Pentagon Papers raconte l’histoire de Katherine Graham (Meryl Streep), la première femme directrice de la publication d'un grand journal américain, The Washington Post. Elle s'associe à son rédacteur en chef Ben Bradlee (Tom Hanks) pour dévoiler un scandale d’État monumental et combler son retard par rapport au New York Times qui mène ses propres investigations. Ces révélations concernent les manœuvres de quatre présidents américains, sur une trentaine d'années, destinées à étouffer des affaires très sensibles... Au péril de leur carrière et de leur liberté, Katharine et Ben vont devoir surmonter tout ce qui les sépare pour révéler au grand jour des secrets longtemps enfouis...

Si le trentième film de Steven Spielberg relate un moment donné de l’histoire, son impact va bien au-delà tant cette affaire de presse muselée par l’État résonne avec le contexte politique actuel. Le réalisateur le concède volontiers « Il y a un point commun entre notre époque actuelle et l’époque du film qui m’a vraiment attiré, (…) c’est le fait que deux présidents ont déclaré la guerre aux Médias. Nixon n’est pas parvenu à ses fins, il a fini par démissionner (...). La presse doit se battre davantage aujourd’hui parce qu’elle est plus attaquée que dans les années 70. ». Le réalisateur fait bien entendu référence aux attaques quasi quotidiennes de Donald Trump envers une certaine partie des médias - ceux qui ne vont pas dans son sens -, martelant à tout-va l’accusation de « fake news ».

La question de la pertinence du sujet est revenue à plusieurs reprises au cours de cette conférence et la dimension féministe du film n’a échappé à personne. Interrogé à ce sujet, Steven Spielberg a déclaré que, certes, il s’agissait bien d’un film féministe, et c’est un des aspects de l’histoire qui avait attiré son attention, mais que ce n’était pas son premier film féministe, qu’il considère d’ailleurs comme la couleur pourpre, sorti en 1985.

L’immense Meryl Streep, qui vient de rafler sa 21ème nomination aux Oscars 2018 pour le rôle de Katherine Graham, a confié s’être identifiée par certains aspects avec cette femme, propulsée à la tête d’un grand journal et qui doit s’affirmer dans un milieu extrêmement masculin : « son insécurité, le fait d’être constamment en train de se remettre en question, cela donnait un caractère poignant à cette histoire, qui est celle de nombreuses femmes et pas seulement celle d’une génération, mais l’histoire de femmes qui se retrouvent dans des positions à responsabilité et à qui, malgré tout, on continue à mettre des bâtons dans les roues. Je ressens moi aussi ces inquiétudes. ».

Pentagon papers est ainsi à la fois un plaidoyer pour la presse et un film féministe, deux sujets au cœur de l’actualité. Mais pentagon papers est également un hommage revendiqué aux films sur le journalisme et plus particulièrement au cultissime les hommes du président d’Alan J. Pakula (1976), que Spielberg considère - de son propre aveu - comme le meilleur film sur le monde journalistique. « J’ai honoré Alan J. Pakula, que je n’ai d’ailleurs jamais rencontré, en terminant notre film avec des angles similaires à ceux qu’il a utilisés pour ouvrir son film, avec le cambriolage du siège du parti démocrate installé dans le Watergate. ». Un film hommage que l’on peut considérer comme un prequel des hommes du président mais qui selon le réalisateur est bien plus « Je pense vraiment que le courage de Katherine Graham et Ben Bradlee, le fait d’avoir combattu la décision de la cour de Justice, cela a donné de la crédibilité au Washington Post (…) et a dû enhardir Katherine Graham et Ben Bradlee à poursuivre, via Carl Bernstein et Bob Woodward, la piste de l’argent qui a mené à la démission de Nixon. Donc, en ce sens, je pense que nous sommes davantage qu’un prequel ». Le maître a parlé !

On vous encourage à aller voir pentagon papers, sorti dans nos salles depuis ce mercredi. Découvrez la bande-annonce ci-dessous.

Manon Godoc (26 janvier 2018)