Pour son nouveau film "Sundown", Michel Franco filme Tim Roth à Acapulco, et livre une œuvre personnelle qui parle de la liberté individuelle. Le long-métrage relate également la violence au cœur de la ville mexicaine.
Sundown, des vacances prolongées
Présenté à la Mostra de Venise en 2021, Sundown sort ce mercredi 27 juillet dans les salles obscures françaises. Réalisé par le cinéaste mexicain Michel Franco, le long-métrage regroupe Tim Roth et Charlotte Gainsbourg dans la ville d'Acapulco - là où le film a été tourné. On y retrouve également Iazua Larios et Henry Goodman.
Le film suit l'histoire de Neil dans une période trouble de sa vie. En vacances à Acapulco avec sa sœur et ses enfants, il apprend la mort de sa mère. Au moment de prendre l'avion et de retourner chez lui pour organiser l'enterrement, il affirme avoir oublié son passeport. Alors, il reste au cœur de la ville mexicaine et loge dans une chambre d'hôtel. Cette décision de rester à Acapulco marque sa rencontre avec Bernice, et sa volonté de fuir sa famille.
La crise existentielle de Michel Franco
Avec cette nouvelle production, le réalisateur Michel Franco revient dans son pays d'origine. Il livre une œuvre dramatique où Tim Roth incarne Neil en pleine crise existentielle. Errant sur la plage, pensif, et prenant de la hauteur sur sa vie passée, son personnage semble à la recherche d'une liberté complète. Entre les silences mortuaires, et une atmosphère calme mais pesante, Michel Franco filme avec une certaine distance une histoire qui touche de près sa propre vie.
Comme Michel Franco le déclare dans le dossier de presse, Sundown a été écrit pendant une période où le réalisateur était sévèrement déprimé. Alors qu'il traverse cette crise personnelle, le cinéaste décide d'écrire ce qui sera à l'avenir son nouveau film :
J'ai écrit ce film alors que je traversais une profonde crise existentielle. Je faisais une sorte de bilan de ma vie personnelle, et pour la première fois j'ai réalisé que la vie n'est pas éternelle, que les choses ont une fin.
Lors de la Mostra de Venise en 2021, Michel Franco ajoute que le personnage joué par Tim Roth contient beaucoup d'incertitude et se pose les questions existentielles que lui-même s'est posées.
Acapulco, un paradis terrestre mais une violence quotidienne
Avec cette intrigue personnelle, le réalisateur souhaite à tout prix tourner son film dans une ville qu'il apprécie tant : Acapulco. Toutefois, selon lui, l'endroit où il allait régulièrement a bien changé depuis sa jeunesse. Il le souligne à la presse :
C'est une des villes du Mexique que je connais le mieux car j'y suis beaucoup venu quand j'étais plus jeune, parfois j'y restais jusqu'à un mois autour du nouvel an. Cela me brise le cœur de voir combien elle a changé.
À Acapulco, le taux de criminalité est élevé. Entre crimes de gangs, vols à main armée, ou simples agressions, Acapulco connaît une réputation de ville dangereuse. Malgré sa beauté somptueuse qu'on découvre ou redécouvre dans le film, Michel Franco laisse planer un danger permanent autour de son œuvre.
Le paradis qu'elle a un jour été est aujourd'hui délabré, et je ne parle pas de l'Acapulco de Sinatra ou d'Elvis Presley. Sa déchéance symbolise plus généralement la déchéance de mon pays.
Si le tournage s'est très bien passé au Mexique, Michel Franco est conscient que les habitants de son pays vivent quotidiennement avec une violence démesurée, qu'elle soit sociale, économique ou physique. Ainsi, avec Sundown, outre les questions sur la liberté individuelle, il évoque donc également l'animosité de son pays.
Je ne connais personne au Mexique qui ne se soit jamais retrouvé sous la menace d'une arme à un moment ou un autre, parfois même celles d'officiers de police et c'est alors encore plus effrayant que lorsqu'il s'agit de malfaiteurs, parce qu'avec eux il suffit de leur donner ce qu'ils demandent. Les crimes et la violence font partie de la vie au Mexique - alors soit on va vivre ailleurs, soit on cherche à comprendre. En tant qu'auteur, je me dois d'étudier cette réalité.