Le film en live action "Super Mario Bros" a été un énorme échec en 1993. Mais trente ans plus tard, après une projection dans le cinéma de Quentin Tarantino, le long-métrage semble être désormais apprécié. L'occasion pour les réalisateurs de revenir sur cette expérience et leur volonté initiale.
Super Mario Bros, un nanar devenu culte
Bien avant que ne sorte le film d'animation Super Mario Bros. (dans les salles depuis le 5 avril), la franchise vidéoludique avait déjà inspiré le cinéma. C'était il y a 30 ans avec le film en live action Super Mario Bros. (1993) réalisé par Annabel Jankel et Rocky Morton. Pour l'occasion, Bob Hoskins et John Leguizamo incarnaient Mario et Luigi tandis que Samantha Mathis jouait la princesse Daisy. À sa sortie, le long-métrage a été un énorme échec. Entre les changements par rapport aux jeux vidéo et le côté cheap de l'ensemble, il n'y avait pas grand chose à sauver.
Cependant, des films trouvent parfois une qualité dans leur médiocrité. C'est ce qu'on appelle des nanars. Des films fauchés qui, pris au second degré, en deviennent drôles et font le bonheur de certains. Super Mario Bros. est de ces films - même s'il disposait lui d'un budget important de 48 millions de dollars. On avait d'ailleurs déjà rendu hommage à ce plaisir coupable. Mais nous ne sommes vraisemblablement pas les seuls à avoir une forme d'affection pour ce "chef-d'œuvre" qui a eu droit à un nouveau second coup de projecteur grâce à Quentin Tarantino.
Quentin Tarantino projette le film dans son cinéma
Le réalisateur possède depuis 2007 la salle de cinéma New Beverly Cinema à Los Angeles. Un moyen pour lui de partager sa cinéphilie en proposant des doubles programmes en 35mm. Quentin Tarantino a ainsi voulu remettre en avant le Super Mario Bros. de 1993, après avoir fait l'éloge de Mort à l'arrivée (1988), le premier long-métrage d'Annabel Jankel et Rocky Morton, dans son podcast The Video Archives Podcast. Le cinéaste a donc fait projeter dans son cinéma le film en séance de minuit le 11 mars dernier.
Et comme le révèle Variety, cette projection a été très appréciée autant du public que des deux réalisateurs. Interrogé par le média américain, Rocky Morton a expliqué qu'il ne s'attendait à voir qu'une dizaine de personnes dans la salle. Mais la réalité fut autre puisque le cinéma était rempli avec "des gens qui faisaient la queue autour du pâté de maisons pour des billets supplémentaires". Mais surtout, le réalisateur a été très agréablement surpris de voir les réactions des spectateurs.
(Le public) riait et applaudissait aux bons moments. Ce n'était pas ironique mais authentique.
La fin de carrière du duo
Après l'échec de Super Mario Bros., Annabel Jankel et Rocky Morton ont été mis de côté à Hollywood. Avec cette projection, leur film est en quelque sorte réhabilité et l'occasion pour eux de justifier leur proposition. Pour Morton, il s'agissait d'une "bizarrerie qui ne correspondait pas avec ce que faisait Hollywood à l'époque". Tandis que Jankel explique :
Nous n'avons jamais essayé de recréer le jeu original. Sinon, nous aurions fait le film d'animation.
Pour autant, au-delà de la question de la fidélité par rapport au jeu vidéo, Super Mario Bros. n'est pas un bon film. Mais la faute viendrait aussi en partie des producteurs qui, deux semaines avant le début du tournage, auraient fait réécrire entièrement le scénario en interdisant à Rocky Morton de discuter avec les scénaristes. Cela donna ensuite lieu à un tournage chaotique avec des conflits entre les acteurs, les réalisateurs et les différentes équipes de plateau.
Après cette expérience, et un article du Los Angeles Times de 1992 sur ces problèmes de tournages, les réalisateurs ont été renvoyés de la CAA (Creative Artists Agency). "C'était la fin de nos carrières" conclut Rocky Morton.