Ce soir à la TV : le César du meilleur film étranger avec une merveilleuse Victoria Abril

Ce soir à la TV : le César du meilleur film étranger avec une merveilleuse Victoria Abril

"Talons aiguilles" est à placer dans le haut du panier de la filmographie de Pedro Almodóvar, notamment grâce à la très belle performance de Victoria Abril et à l'émouvant récit autour d'une relation mère/fille.

Talons aiguilles : des retrouvailles qui virent au meurtre

Pedro Almodóvar a toujours été très prolifique. Ainsi, juste après le si sympathique Attache-moi ! (1990), le réalisateur enchaîne avec l'émouvant Talons aiguilles (1991). Un drame sous fond d'enquête policière qui permet au cinéaste de diriger pour la troisième fois Victoria Abril sur leurs quatre collaborations qu'ils ont eues à ce jour. Face à elle, on retrouve Marisa Paredes, grande actrice espagnole qui a eu l'occasion de tourner dans six films d'Almodóvar.

Talons aiguilles ©Tamasa Distribution
Talons aiguilles ©Tamasa Distribution

L'histoire de Talons aiguilles suit Rebeca, qui s'apprête à retrouver sa mère après des années d'absence. Cette dernière s'appelle Becky Del Paramo, et est une importante chanteuse pop des années 1960 qui revient donc à Madrid. Mais ces retrouvailles ne sont pas si chaleureuses tant les deux femmes ont du mal à s'entendre. Et ce, depuis l'enfance de Rebeca. De plus, des années plus tard, celle-ci a épousé Manuel, l'ancien amant de sa mère. Preuve que rien ne va dans leur relation, Becky a d'ailleurs appris la nouvelle presque par hasard.

Mais alors qu'elle retrouve son gendre, et ne tarde pas à avoir à nouveau avec lui une liaison, l'homme est retrouvé mort, assassiné. Tout porte à croire que la mère ou la fille est impliquée. Mais c'est finalement Rebeca qui se dénonce, avant de revenir sur son témoignage après avoir rencontré le mystérieux juge Dominguez en charge de l'affaire...

Pedro Almodóvar et les conflits mère et sa fille

Comme souvent chez Almodóvar, l'intrigue policière n'est au fond qu'un prétexte pour raconter un drame familial. Et une fois n'est pas coutume, tout se joue au sein d'une relation mère/fille compliquée qui, au fil des minutes, se révèle bouleversante. C'était aussi le cas avec Volver, qui voyait Penélope Cruz retrouver sa mère (Carmen Maura) qu'elle pensait morte, oubliant alors presque le meurtre de son époux par sa propre fille.

Victoria Abril - Talons aiguilles ©Tamasa Distribution
Victoria Abril - Talons aiguilles ©Tamasa Distribution

Dans Talons aiguilles, c'est le conflit entre Rebeca et sa mère Becky qui est à l'origine du crime. Dès le début du film, la jeune fille apparaît délaissée par sa mère. Et ce n'est évidemment pas pour rien si, en grandissant, elle décide d'épouser l'ancien amant de sa mère.

Une Victoria Abril sublime, et un César pour Almodóvar

Tout au long de Talons aiguilles, l'émotion va crescendo tandis que Rebeca affiche clairement le manque d'affection de sa mère. Victoria Abril est d'ailleurs bouleversante dans plusieurs scènes, notamment en prison lorsqu'une chanson de Becky se fait entendre. Les larmes aux yeux et recroquevillée sur son lit, l'actrice fait grimper l'émotion, tout comme le magnifique morceau Piensa En Mi chanté par Luz Casal.

La force d'Almodóvar est alors de tirer de la fiction et du genre policier de l'émotion avec des sentiments humains auxquels on ne peut que s'identifier. À l'image de la séquence finale qui voit Rebeca s'allonger aux côtés de Becky avec le regard d'une enfant aimante envers sa mère. Étonnamment, Victoria Abril n'a pas été récompensée pour ce rôle à sa sortie. Talons aiguilles a tout de même été nommé aux Golden Globes du meilleur film en langue étrangère, avant de remporter le César du meilleur film étranger en 1993.