The King – Notre avis

The King – Notre avis

Pour son quatrième long-métrage, "The King", Han Jae-rim évoque la corruption judiciaire et politique de son pays via l’ascension d’un procureur.

Lorsqu’il était jeune, Tae-su était un bagarreur qui ne portait que peu d’intérêt à ses études. Devant ce personnage, interprété par Zo In-sung, on sentait venir l’ascension d’un futur chef de gang. Le genre d’histoire dont raffolait par exemple dans les années 1990 un cinéaste comme Martin Scorsese (Les Affranchis, Casino). Mais comme l’attestait déjà son Loup de Wall Street (2013), qui se déroulait dans le monde de la finance, les vrais criminels sont désormais ailleurs. Ici, c’est du côté des procureurs, dont le pouvoir judiciaire offre une immunité. Tae-su décide alors de suivre cette carrière et de gravir les échelons pour enfin faire partie des 1% intouchables, qu’incarne son patron Han Kang-sik (Jung Woo-seong).

Un Loup de Wall Street chez les procureurs

Le succès au box-office coréen (5 millions d’entrées) de The King n’est dès lors pas si surprenant. Le film réunissant là tous les ingrédients pour. D’abord, une entrée dans le récit par le biais de l’humour avec une stylisation assumée, tout en gardant en toile de fond un cadre historique. Ainsi, tandis qu’on suivra Tae-su se focaliser sur ses études, le réalisateur évoque les troubles des années 1980. Bien sûr, il ne s’agit pas de dénoncer ces événements de manière frontale, mais de les garder suffisamment à portée comme piqûre de rappel. À la drôlerie ambiante (qui ne bascule en aucun cas dans la comédie ou la parodie), se mêle un fond dramatique évident.

The King

À l’évidence, Han Jae-rim s’amuse derrière la caméra. Adoptant une réalisation virtuose, il ose à peu près tout, du travelling latéral au splitscreen, en passant par les ralentis sur-appuyés et un montage dynamique sans temps mort. Puis, à force, le réalisateur semble se stabiliser tandis que s’enfonce son héros dans la corruption et l’amoralité jusqu’à un point de non-retour. Malheureusement, face à la densité des enjeux et des références politiques, The King semble s’étirer et prend le risque de perdre le spectateur dans un trop-plein d’informations.

Un creux se fait alors sentir aux trois-quarts du long-métrage. Mais qu’importe, le message est là. À savoir une nouvelle dénonciation du système et des gouvernements qui se succèdent. Certes, il n’y a rien de bien original là-dedans. Et sans être des plus mémorables, le film s’en sort par son efficacité et son casting charismatique. Des éléments qui permettent de surmonter des longueurs indéniables, et offrir ainsi un divertissement intelligent et de bonne facture.

 

The King de Han Jae-rim, présenté au festival du film coréen à Paris du 24 au 31 octobre 2017. Ci-dessus la bande-annonce.

Conclusion

Note de la rédaction

Sans être d’une originalité folle et se montrant même presque étouffant, "The King" s’en sort par son récit efficace et à la drôlerie ambiante, ainsi que sa réalisation, toujours à la recherche de propositions.

Sur la bonne voie

Note spectateur : Sois le premier