The Rider : la trajectoire d'un jeune prodige du rodéo, entre réel et fiction

The Rider : la trajectoire d'un jeune prodige du rodéo, entre réel et fiction

Jeune cowboy vivant dans une réserve indienne du Nord des États-Unis, Brady doit composer avec les séquelles d'une grave blessure: "The Rider", en salles mercredi, est une oeuvre mélancolique où le réel et la fiction se répondent.

Avec ce film, présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes puis récompensé par le Grand prix au festival de cinéma américain de Deauville, la réalisatrice, scénariste et productrice sino-américaine Chloé Zhao confirme son intérêt pour un cinéma au plus proche du réel.

Son premier film, "Les Chansons que mes frères m'ont apprises"(2015), produit notamment par l'acteur américain Forest Whitaker et salué par la critique, suivait le quotidien de deux adolescents dans la réserve indienne de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud, incorporant des événements du quotidien de la réserve.

Dans "The Rider", Chloé Zhao a eu recours à un processus cinématographique similaire, explique à l'AFP Brady Jandreau, ex-étoile montante du rodéo et entraîneur de chevaux de 22 ans, qui joue le personnage principal du film.

Il y interprète son propre rôle, celui de Brady, cowboy qui doit abandonner son rêve de devenir professionnel après un accident qui a failli lui coûter la vie. Il va tenter de se reconstruire et de trouver sa place, en dehors de l'univers du rodéo.

Lorsque Brady Jandreau fait la rencontre de la réalisatrice en 2015, venue faire des recherches pour son précédent film, leurs deux univers s'entrechoquent.

On trouvait comique que cette femme originaire de Pékin s'installe sur la réserve, apprenne à monter des chevaux avec nous et veuille devenir un cowboy

se souvient, le regard rieur, ce jeune homme à la veste bleu nuit décorée d'un cheval, le logo de son ranch.

Et si peu à peu Chloé Zhao "devient une très bonne cavalière", le synopsis de ce second long-métrage reste flou.

Jusqu'au jour où, en 2016, un cheval sauvage projette Brady Jandreau au sol et lui piétine le crâne, provoquant un grave traumatisme crânien auquel, contre toute attente, il survit.

Faisant fi des ordres des médecins, le jeune homme remonte en selle un mois et demi plus tard.

"Je devais gagner de l'argent", explique-t-il, timide, alors qu'une partie de sa cicatrice, qui forme un trait irrégulier allant de son oreille à son front, dépasse de son chapeau de cowboy couleur sable.

"Conserver son identité"

Ce choix dangereux incite Chloé Zhao, qui avait interrompu le tournage, à filmer de nouveau.

Maintenant, on a vraiment une histoire

estime alors la réalisatrice.

Ce qui l'a inspirée est que je risque ma vie pour continuer à faire ce que j'aime

analyse Brady Jandreau.

Et d'ajouter quelques minutes plus tard, sur le ton de la confidence:

Le rodéo est tout ce que je connais et tout ce que je suis. Je me sentais mort à l'intérieur de ne pas pouvoir en faire... Je devais y retourner

"The Rider" retrace ainsi cet intime dilemme: "conserver son identité ou la laisser filer entre les doigts".

Les questionnements de Brady Jandreau font en cela écho à ceux de sa communauté, les Lakotas de la réserve de Pine Ridge, dont la vie est filmée avec empathie, à rebours de tout stéréotype.

En général, quand on montre des Indiens à l'écran, (ils sont) sauvages, pas éduqués, pas ambitieux, ce qui est complètement faux

déplore le cowboy devenu acteur, foulard rouge autour du cou.

Chloé Zhao avait ainsi expliqué à l'AFP en 2015 vouloir par son travail

montrer comment sont ces gens aujourd'hui, et démystifier l'image de l'Indien emprunt de spiritualité ou du +sauvage+, les deux archétypes que l'on voit dans les films hollywoodiens

Les cultures indienne et américaine, entre rodéo et cinéma, se rejoignent désormais pour Brady Jandreau.

De la même façon qu'on peut avoir une connexion avec le cheval, il en existe aussi une avec le public et la caméra

confie-t-il doucement.