Sorti en 1982, « The Thing » fait partie de ces films qui ne souffrent d’aucune remise en question aujourd’hui. Plébiscité partout, le long-métrage de John Carpenter est devenu une source d’inspiration pour bon nombre de films, de séries télévisées et même de jeux vidéos. Pourtant, il n’en a pas été de même au moment de sa sortie, loin de là.
Un développement long et fastidieux
A l’origine, The Thing est l’adaptation d’une nouvelle nommée Who Goes There ?.C’est sa troisième adaptation, les deux précédentes étant La Chose d’un autre monde (1953) et Terreur dans le Shanghai Express (1972). Toutefois, les producteurs souhaitent développer un projet plus fidèle à l’œuvre originale. Après avoir obtenu avec difficulté les droits d’auteur (qui appartenaient à différentes personnes), Universal démarche plusieurs réalisateurs. Parmi eux, on retrouve notamment Tobe Hooper et John Landis.
Le choix de John Carpenter apparaîtra plus tard. Pourtant, ce dernier était réticent, jusqu’à ce qu’il lise la nouvelle. The Thing sera alors son premier film à gros budget pour une major. En effet, le budget du long-métrage s’élève à 17 millions de dollars, ce qui est énorme à l’époque. De plus, le coût du tournage sera sans cesse dépassé, et la promotion marketing se révèlera très importante. Bonne nouvelle pour Carpenter, toutefois : il collabore pour la troisième avec son acteur fétiche du moment, Kurt Russell.
The Thing suit une équipe de chercheurs qui va découvrir une créature extraterrestre enfouie sous la neige depuis plus de 100 000 ans, suite au crash de son vaisseau. Cette dernière va attaquer l’équipe, grace à sa capacité d’assimilation de toute forme de vie humaine. Pouvant prendre l’apparence de qui elle veut, elle va alors faire semer le doute aux chercheurs qui vont sombrer dans la peur et la paranoïa.
Un échec critique et commercial
Les premiers doutes d’Universal commencent à survenir suite aux projections test et aux bandes-annonces lancées. En effet, les retours sont froids, ce qui pousse le studio à modifier son approche promotionnelle en essayant de capitaliser sur le succès d’Alien, le huitième passager. Malheureusement, ces efforts ne vont pas permettre au film d’éviter un four au box-office. En effet, The Thing ne rapportera que 13 millions de dollars dans les salles américaines. En outre, si le film est salué pour ses effets spéciaux novateurs, il est reçu très négativement par la plupart des critiques qui le trouvent trop nihiliste, excessif et gore ! Il recevra même un Razzie Award (l’équivalent des Oscars, mais récompensant les plus mauvais films de l’année) ! Christian Nyby, le réalisateur de La Chose d’un autre monde ira jusqu’à dire :
Si vous voulez voir du sang, allez dans un abattoir. L'un dans l'autre, c'est une bonne publicité pour le whisky J&B.
Qu’est-ce qui explique cet échec ?
Jusqu’à aujourd’hui, la plupart des historiens du cinéma et des critiques tentent d’expliquer le non-succès de The Thing en salles. Plusieurs hypothèses sont suggérées : celle qui revient souvent met la faute sur…E.T. L’Extraterrestre ! En effet, le chef d’œuvre de Steven Spielberg est sorti au même moment dans les salles. Si les deux films appartiennent au même genre SF, ils sont totalement à l’opposé dans leurs propos. Les spectateurs (et certains critiques) ont donc fait leur choix et ont préféré l’approche plus optimiste de Spielberg.
Il faut savoir que les années 80 sont propices au cinéma de l’ère reaganienne, dans lequel le grand spectacle reprend ses droits, au détriment des films violents et sombres que l'on a pu voir dans les années 70. Dans une époque où les USA sont en pleine récession, le spectateur a besoin de se divertir. Par conséquent, The Thing est peut-être sorti trop tard. En revanche, pour d'autres, cet échec s’explique par une trop grande offre de films SF sortis cette année-là. En effet, en plus de The Thing et E.T, on peut retrouver Blade Runner (qui fut un échec commercial également), Conan le Barbare, Mad Max 2, Star Trek 2 : La Colère de Khan ou bien encore Tron. De plus la classification R qui lui a été attribuée, empêcha les personnes de moins de 17 ans de voir le film, à moins d’être accompagnées par un adulte. Cela a donc fortement joué sur son chiffre en salles.
Néanmoins, il faudra attendre ses sorties en vidéo et à la télévision pour que le long-métrage de John Carpenter trouve un public et devienne le film culte qu’il est aujourd’hui.