The Tree of Life : un instant de grâce (test Blu-Ray)

The Tree of Life : un instant de grâce (test Blu-Ray)

C’est un deuil. C’est un ruisseau. C’est un père trop sévère et une mère trop aimante. C’est la création du monde. C’est le monologue intérieur d’un enfant. C’est la peur. C’est un poème. C’est la vie.
Il n’est pas aisé d’introduire The Tree of Life, projet longtemps - et secrètement - couvé par Terrence Malick, tant cette ode à la vie embrasse fiévreusement l’écran comme le cœur.

 

Il y a deux voies dans la vie : celle de la nature et celle de la grâce

Ces quelques mots, énoncés par la douce voix de Jessica Chastain dès les premiers instants du film, pourraient pourtant fort bien résumer l’incroyable voyage émotionnel et sensoriel que représente le cinquième long-métrage de Terrence Malick. Parfaite incarnation d’un cinéma de l’absolu, de l’introspection et d’une beauté quasi mystique, The Tree of Life (qu’on a beaucoup comparé au 2001, L'odyssée de l'espace, mais pour de mauvaises raisons) est une expérience cinématographique rarement vécue, métaphore ultime du Septième Art dans laquelle des images d’une beauté folle appellent une histoire incroyablement juste et bouleversante.

Prenant pour amorce le deuil d’un être cher, l’œuvre déroule ainsi une superbe et arborescente réflexion sur la place de l’Homme et celle de l’Amour, cheminant avec pudeur de l’universel absolu (la plus belle création du monde jamais illustrée sur petit ou grand écran) à l’infiniment particulier (les joies et les peines indicibles de l’enfance que Malick parvient pourtant à retranscrire avec force).

On ne répètera jamais assez l’admiration qu’un cinéaste de la trempe de Terrence Malick (à l’instar d’un Stanley Kubrick ou d’un Elia Kazan) peut provoquer à travers des films comme The Tree of Life, aussi visuellement maîtrisés (quel sens du cadre et de la mise en lumière !) qu’intimement foudroyants.

On a beaucoup glosé sur le parti pris soi-disant religieux du film, une approche qui a d’ailleurs effrayé plus d’un spectateur. Cependant, si Terrence Malick est indéniablement passionné par le Mystique, ce n’est certes pas du côté du bénitier qu’il faut le chercher, mais plutôt sur le chemin de l’esthétique au sens philosophique du terme.
Loin de chercher une quelconque morale ou un exposé élitiste, le cinéaste-penseur suit des protagonistes écrasés par de perpétuelles interrogations et interpellations d’un être ou un concept « supérieurs » et développe ainsi une exploration constante et viscérale de la dualité universelle (dualité du monde, de l’Homme ou de la beauté). Une exploration déjà amorcée dans ses œuvres précédentes et s’approchant progressivement d’une forme d’abstraction (notamment entre La ligne Rouge et Le nouveau monde) pourtant empathique.

The Tree of life frôle la perfection de si près qu’on en a le vertige. Encore une fois, Malick, artiste mû par une incessante quête de vérité, nous a touchés en plein cœur. Laissons-lui donc le mot de la fin.

« Pour une heure, pour deux jours, pour longtemps, les films peuvent provoquer des petits changements de cœur, ces changements qui reviennent à la même chose : vivre mieux, aimer plus. » (1)

 

Le Blu-Ray

On ne saurait que trop vous conseiller l’édition Blu-Ray de The Tree of life tant le support offre littéralement la pleine jouissance de l’œuvre de Malick (Palme d’or au 64ème Festival International Du Film De Cannes 2011).
Au-delà de la qualité indéniable de l’image et du son (qui mérite, à elle seule, le coup d’œil), le disque met en avant une série de bonus passionnants (d’1h35) qui raviront les cinéphiles (fans ou pas du réalisateur de Les moissons du ciel). Ainsi, aux côtés de longues (et vraies) interviews de critiques tels qu’Yvonne Baby et Michel Ciment ou du compositeur Alexandre Desplat (qui, en plus d’évoquer la façon atypique de travailler avec Malick se vante d’avoir des photos de lui en compagnie du réalisateur), on pourra se plonger dans un making of du film au détour duquel on aura même le plaisir de croiser David Fincher ou Christopher Nolan.

Malheureusement, pas la peine de vous préciser que notre cher Terrence Malick, fidèle à sa réputation d’homme invisible, est totalement absent de ces images…

=> Toutes les infos sur The Tree of Life

(1) Extrait d’un entretien entre la journaliste Yvonne Baby et Terrence Malick, le 17 mai 1979, à l’occasion de la sortie du film Les Moissons du Ciel, à retrouver en intégralité dans Quinze hommes splendides d’Yvonne Baby, chez Gallimard

Eléonore Guerra (21 Octobre 2011)