"The Whale" signe le retour de Darren Aronofsky après "Mother!" en 2017, et surtout celui de Brendan Fraser, qui retrouve enfin un rôle principal depuis quasiment dix ans. Sensation annoncée de la 79e Mostra de Venise, le film a été l'occasion d'une transformation stupéfiante pour l'acteur.
The Whale, le grand retour de Brendan Fraser
Le film The Whale de Darren Aronofsky, présenté au Festival de Venise 2022 le 4 septembre 2022, raconte une histoire tragique. Celle de Charlie (Brendan Fraser), un homme atteint d'obésité morbide et qui essaye de renouer le contact avec sa fille de 17 ans, Ellie (Sadie Sink). Après avoir abandonné sa famille pour son amant, il se retrouve seul après la mort de ce dernier, et tombe par souffrance et culpabilité dans une grave addiction à la nourriture. Pesant 272 kilos, il est dans l'incapacité de se déplacer sans assistance.
Darren Aronofsky adapte avec ce film la pièce de théâtre du même nom créée par Samuel D. Hunter. La promesse d'une expérience cinématographique particulière, et qui est l'opportunité pour Brendan Fraser de faire son grand retour dans un premier rôle.
Un costume pesant jusqu'à 150 kilos
Pour que Brendan Fraser puisse prendre l'impressionnante morphologie de Charlie dans The Whale, il a fallu, pour la production, fabriquer un costume pensé comme le plus réaliste possible. Ainsi, comme rapporté dans Vanity Fair, c'est le spécialiste de maquillage Adrien Morot, nommé à l'Oscar du meilleur maquillage et coiffure pour Le Monde de Barney, qui a été sollicité. Celui-ci avait déjà travaillé avec Darren Aronofosky en 2006 pour The Fountain, et avec Brendan Fraser en 2007 pour La Momie : La Tombe de l'empereur Dragon.
Le costume, après avoir été conçu en digital, a été imprimé en 3D. Brendan Fraser, la première fois qu'il l'a découvert, s'est dit sous le choc, expliquant que sa place était peut-être au Tate Modern à Londres, tant "il était magnifique et saisissant".
(Le costume) était lourd, peu confortable. (...) La partie du torse ressemblait presque à une veste droite, avec des manches peintes à la main, pour être identique à la peau humaine, et une pilosité elle aussi faite à la main.
Selon les besoins des différentes scènes, le costume était adapté, pesant de 25 jusqu'à 150 kilos ! Ainsi, plusieurs personnes étaient là pour aider Brendan Fraser à se déplacer, à s'assoir, à faire le trajet entre le plateau et la salle de maquillage. Une salle dans laquelle, au début de la production, Brendan Fraser pouvait passer jusqu'à 6h, avant de parvenir, sur la fin, à réduire ce temps de moitié. Et pour qu'enfin le corps puisse apparaître réaliste dans ses mouvements, des CGI ont été appliqués en post-production.
"Il faut être incroyablement fort pour vivre dans ce corps"
Darren Aronofsky, avec ce film, veut proposer un autre regard sur les personnes obèses. Un regard qui ne serait pas moqueur, méprisant ou condescendant. Une démarche de "ré-introduction" (selon ses termes) de l'acteur Brendan Fraser - qui sort d'une décennie très compliquée -, et aussi des personnages en surpoids important au cinéma. Pour incarner ce personnage, Brendan Fraser a ainsi travaillé avec l'Obesity Action Coalition, a étudié les particularités de l'obésité morbide et s'est plongé dans un grand nombre de films pour comprendre comment jusque-là les obèses étaient représentés. Il raconte ainsi que, lorsqu'il retirait le costume, il était pris de vertige :
J'ai très vite appris que cela demande d'être une personne incroyablement forte pour vivre dans ce corps, et être cette personne. Cela me semblait, pour moi, être à la fois approprié, poétique et réaliste.
Avec ce rôle principal dans The Whale, son premier depuis Breakout en 2013 - qui était directement sorti en vidéo -, Brendan Fraser sait qu'il tient là une performance potentiellement majeure. Il l'exprimait ainsi à Newsweek en 2021 :
C'est quelque chose que vous n'avez encore jamais vu. C'est tout ce que je peux vous dire... C'est certainement très loin de tout ce que j'ai pu faire par le passé et, je ne veux pas faire de fausse modestie... Je sais que ça va marquer les esprits.