Time Out : pourquoi le réalisateur Andrew Niccol a été accusé de plagiat ?

Time Out : pourquoi le réalisateur Andrew Niccol a été accusé de plagiat ?

En 2011, le cinéaste Andrew Niccol sort son nouveau film : « Time Out ». Porté par Justin Timberlake et Amanda Seyfried, le long-métrage a été accusé de plagiat par un comédien suisse nommé Edwin…

Time Out : un thriller d'anticipation signé Andrew Niccol

Andrew Niccol est un scénariste, réalisateur et producteur néo-zélandais. Il est notamment célèbre pour avoir mis en scène les excellents Bienvenue à Gattaca et Lord of War. Côté scénario, il est la plume du cultissime The Truman Show. En 2011, Andrew Niccol signe le scénario et la réalisation de Time Out, un thriller d’anticipation porté par Justin Timberlake, Amanda Seyfried, Olivia Wilde et Cillian Murphy. Peu de temps après sa sortie, le long-métrage qui prend la forme d'une course contre la montre haletante dans un futur où le temps devient littéralement de l'argent a été accusé de plagiat.

Un comédien suisse est monté au créneau

Après la sortie du film en 2011, le comédien suisse Edwin explose de rage. Alors qu’il sort de sa séance de cinéma, il découvre que Time Out s’inspire fortement d’un scénario écrit entre 2004 et 2006. Intitulée Kronos, son histoire raconte comme dans Time Out comment, dans un futur proche, les êtres humains voient le temps qu’il leur reste à vivre s’afficher sur leur bras. Chacun peut gagner du temps en travaillant ou en en récupérant d’une tierce personne simplement en se serrant la main.

Le temps est donc devenu une monnaie d’échange, exactement comme dans le film d’Andrew Niccol. D’après Edwin, le blockbuster américain reprend même certaines séquences de son scénario à l’identique, comme celle où le héros conserve du temps en gagnant aux cartes.

Time Out
Sylvia Weis (Amanda Seyfried) - Time Out ©20th Century Studios

Alors comment expliquer qu’Andrew Niccol se soit retrouvé en possession du scénario d'Edwin ? D’après lui, Edwin a envoyé Kronos à un producteur français : Philippe Rousselet. Celui-ci connaît bien Andrew Niccol puisqu’il a produit son précédent film : Lord of War.

Une enquête est donc ouverte. Pendant l’investigation, l’assistance de Philippe Rousselet confirme qu’elle a été en possession d’un script d’Edwin et qu’elle l’a remis en main propre à Andrew Niccol courant 2004. Cependant, elle ne se rappelle ni du titre, ni du contenu de l’histoire.

Une affaire qui part en justice

Edwin décide donc de lancer une procédure judiciaire et intente plusieurs procès contre l’équipe de Time Out. Il intente une procédure pénale contre Andrew Niccol et Philippe Rousselet pour subornation de témoin. Il s’agit d’un délit qui consiste à obtenir une déclaration mensongère ou une abstention de témoignage. En droit civil, il s’en prend à Andrew Niccol et aux producteurs du film, New Regency et Strike, ainsi qu'à la 20th Century Fox qui distribue le film pour contrefaçon déloyale et parasitisme.

Time Out
Raymond Leon (Cillian Murphy) - Time Out ©20th Century Studios

Andrew Niccol, évidemment, se défend contre ces accusations. Il affirme qu’il a travaillé sur le scénario de Time Out dès 2002, et qu’il a même protégé son écrit à la Writers Guild of America la même année. A l’époque, son histoire s’appelle Time Killers. Après expertise informatique, les enquêteurs découvrent un fichier baptisé Time Killers treatment qui existait dès août 2003 sur l'ordinateur de l'artiste néo-zélandais.

Enfin, Andrew Niccol rappelle que Time Out n’est pas la première œuvre à aborder le temps sous cet angle. Pour se justifier, il avance qu’un épisode de la bande dessinée Mandrake de 1968, qu’une nouvelle de Lee Falk sortie en 1975 et que le moyen-métrage The Price of Life de Stephen Tolkin (1987) traitaient déjà tous de cette thématique.

L’issue du procès

Malgré cette défense, Edwin demande la somme colossale de 7,95 millions d’euros de dommages et intérêts. Malheureusement pour lui, sa demande en pénale est classée sans suite. Sa demande au civil est aussi rejetée, d’abord en 2014 par le Tribunal de grande instance de Paris, puis en 2015 par la cour d’appel. Edwin se rétracte et n’emmène pas l’affaire jusqu’à la cour de cassation. Voici le retour des juges recueilli par BFMTV :

Il n’est pas possible d’écarter l’hypothèse qu’Andrew Niccol ait eu, par l’intermédiaire de Philippe Rousselet, connaissance du scénario de 2004 d’Edwin. Il existe des points communs entre les scénarii et le film tenant à leur thème et à certaines situations.

Néanmoins, l’intrigue et les diverses péripéties des œuvres sont totalement différentes, même si certaines situations se retrouvent dans les deux. Les personnages sont également très différents.

L’idée que le temps est de l’argent a été développée et exploitée dans plusieurs œuvres antérieures aux scénarii d’Edwin et d’Andrew Niccol. Aussi, Edwin ne peut pas revendiquer d’antériorité ou d’exclusivité sur ces idées. Malgré les quelques ressemblances pouvant exister, le film Time Out est une œuvre distincte et possède ses propres caractéristiques.

Finalement, c’est Edwin qui a été obligé de verser de l’argent à ceux qu’il a accusés. Le comédien a été condamné à payer 20 000 euros de frais de procédure en première instance et plus de 50 000 euros en appel. Une drôle d’histoire, qui a donc bien tourné pour le cinéaste, Philippe Rousselet et la 20th Century Fox...