Top Gun Maverick : plusieurs cinéastes racontent et célèbrent Tom Cruise

L'acteur et producteur est au sommet

Top Gun Maverick : plusieurs cinéastes racontent et célèbrent Tom Cruise

Après 40 ans de carrière et 43 films, Tom Cruise a gagné sa place dans la grande légende hollywoodienne, et son "Top Gun : Maverick" est une célébration de son parcours cinématographique. Pour fêter cet accomplissement, plusieurs réalisateurs avec qui il a travaillé ont raconté l'acteur et l'homme qu'il est.

La consécration d'une carrière phénoménale

Dans des propos rapportés par Deadline, plusieurs réalisateurs font l'éloge de Tom Cruise. Un timing qui ne doit rien au hasard. En effet, à bientôt 60 ans, Tom Cruise irradie une jeunesse éternelle dans Top Gun : Maverick, dernier de ses films en date et nouveau sommet d'une carrière phénoménale. Invité au 75e Festival de Cannes à présenter ce film et livrer une master class, l'acteur de la franchise Mission : Impossible, de Collateral, de Magnolia ou encore de Minority Report et de La Guerre des mondes ne semble pas vouloir s'arrêter, et incarne maintenant quasi seul le rôle de superstar hollywoodienne.

Top Gun : Maverick
Top Gun : Maverick ©Paramount Pictures

Né le 3 juillet 1962 à Syracuse dans l'état de New York, Tom Cruise a tourné avec les plus grands réalisateurs d'Hollywood au cours de sa carrière. Steven Spielberg, Stanley Kubrick, Brian De Palma, Michael Mann, Francis Ford Coppola... La liste est longue. Aujourd'hui il travaille surtout avec des réalisateurs entièrement acquis à ses causes comme Joseph Kosinski (Oblivion et Top Gun : Maverick), Doug Liman (Edge of Tomorrow et Barry Seal) et surtout Christopher McQuarrie (Jack Reacher, Mission Impossible : Rogue Nation, Mission Impossible : Fallout, Mission Impossible 7 et 8).

Ils sont donc nombreux à pouvoir témoigner de son ultra-professionnalisme, l'étendue exceptionnelle de son registre d'acteur et, last but not least, son statut de mentor.

Tom Cruise, le professionnel ultime

Joseph Kosinski a tourné deux fois avec Tom Cruise, pour Oblivion et Top Gun : Maverick. Admiratif de sa carrière, il souligne avant tout son professionnalisme et son enthousiasme toujours intact. Même avec 43 films à son actif, Tom Cruise vit toujours son métier à fond.

Il approche chaque jour de tournage avec l'enthousiasme d'un premier film, et en même temps il se donne comme si c'était son dernier. C'est la bonne attitude à avoir : ne jamais rien prendre pour acquis, être à 110% chaque jour. Pousser constamment l'équipe et soi-même pour atteindre l'excellence. Je suis fasciné par le fait que ça fait quarante ans et que ça lui plaît toujours, et il n'est pas du tout en train de ralentir. On dirait même qu'il accélère, et c'est incroyable.

Cette attitude entière et exigeante est aussi remarquée par Christopher McQuarrie. Qui lui insiste sur le fait que Tom Cruise ne s'est jamais considéré comme étant "enfin arrivé".

Un jour un étudiant en cinéma m'a posé la question : "comment savez-vous que vous l'avez enfin "fait" ? (i.e "que vous avez réussi', ndlr). J'ai répondu : "Vous ne l'avez pas "fait". Vous le faites. Activement. Tout le temps. Puissiez-vous ne jamais l'avoir "fait". Puissiez-vous toujours le faire. Et puissiez-vous un jour vous retourner sur tout ce que vous avez fait et repartir tout de suite en faire plus." Tom est l'incarnation de cette philosophie.

Il n'y a pas de ligne d'arrivée, pas de pinacle, pas de sommet. Il applique tout ce qu'il a appris à quelque chose de nouveau, puis l'étudie avec une honnêteté brutale : Qu'est-ce qui s'est mal passé ? Qu'est-ce qui s'est bien passé ? Comment on applique ça sur le prochain projet et comment repousser les limites de ce qui est possible ? Comment est-ce qu'on crée l'expérience la plus immersive, la plus engageante possible pour l'audience la plus large possible ? Et comment faire ça avec l'emphase portée sur le personnage et l'histoire ? La longévité de Tom au sommet n'est pas un hasard.

Mission Impossible : Rogue Nation
Mission Impossible : Rogue Nation ©Paramount Pictures

Doug Liman, qui a déjà tourné deux fois avec Tom Cruise et partira avec lui dans l'espace pour en tourner un troisième, raconte lui une anecdote plus personnelle.

Après 40 ou 50 jours de travail ininterrompu pour Barry Seal, on arrivait au week-end du 4 juillet. Son anniversaire est le 3 juillet et j'imaginais que puisque ça tombait un jour férié, peut-être que Tom voudrait faire un un long week-end de repos pour son anniversaire quelque part. Je lui demande : "Tu comptes partir pour ton anniversaire ?" Réponse : "Non. Je me disais que comme c'est férié le 3, on pourrait prendre ce temps pour avoir la réunion de huit heures sur l'aviation qu'on n'arrive pas à planifier." Je suis très fatigué, et je demande : "Tu veux vraiment avoir une réunion de huit heures le jour de ton anniversaire ?" Il répond : "Oui, c'est ce que je veux pour mon anniversaire. Je veux faire un film. C'est le meilleur cadeau d'anniversaire." Autant dire qu'on n'a soufflé aucune bougie...

Un acteur au registre très étendu

Au début des années 2000, Tom Cruise enchaîne les grandes performances. Eyes Wide Shut et Vanilla Sky en 2001, Minority Report en 2002 et Collateral en 2004. Dans ce dernier, il incarne un hitman sociopathe qui oblige un chauffeur de taxi à le conduire aux endroits de ses contrats. Une partition très loin de ses rôles de héros pour un excellent film, mis en scène magistralement par Michael Mann. Celui-ci déclare à son propos :

Quand Tom se concentre sur un certain type de personnages, s'il est éloigné de lui alors c'est excitant pour l'homme d'aventures qu'il est, excitant d'être sur une sorte de frontière avec un personnage qu'il peut apprendre à connaître mais qui reste très différent de lui. J'ai senti qu'il vivait ça comme une véritable aventure.

Pour jouer Vincent, ce sociopathe solipsiste, qui a toutes les put**** de réponses et qui est si méthodique et bon dans ce qu'il fait, la sensation était que Tom était parfait. Il est perfectionniste quand il s'agit de connaître les choses qu'il est censé faire, et c'est pourquoi il exécute lui-même ses cascades dans "Mission : Impossible".

La sociopathie de ce gars est unique, dans son indifférence cosmique et ses jugements outrageux, qui me saisissent toujours quand je revois des scènes dans le taxi avec Jamie Foxx. "Tu as déjà entendu parler du Rwanda ? Alors pourquoi tu te soucies d'un gars obèse qui se fait jeter par la fenêtre ?" Ou alors, quand il répond à l'accusation de Jamie Foxx comme quoi il l'a tué, avec : "Je ne l'ai pas tué. Les balles l'ont tué et puis il est tombé par la fenêtre."

L'ironie plate de ces répliques dites par Tom est tellement parfaite. C'était un personnage très différent de lui, et je savais que Tom ferait tout ce dont j'avais besoin pour qu'il devienne cet assassin. (...) Tom est un rêve. Il voit l'aventure dans ce que nous faisons, comme je la vois moi, et comme j'imagine que les autres réalisateurs la voient. Il est tout simplement à fond.

Collateral
Collateral ©United International Pictures

Autre réalisateur qui retient la grande qualité de jeu de Tom Cruise : Barry Levinson, qui l'a dirigé aux côtés de Dustin Hoffman dans Rain Man.

Rain Man, sorti en 1998, a été un grand succès couronné de quatre Oscars. L'Oscar du Meilleur film, l'Oscar du Meilleur réalisateur, l'Oscar du meilleur scénario original et l'Oscar du Meilleur acteur pour Dustin Hoffman. Mais pour Barry Levinson, la performance de Tom Cruise a été sous-évaluée, alors qu'il avait "le job le plus dur".

C'était un rôle difficile parce que, pour faire simple, il devait "conduire" le film. Sinon, Raymond se contenterait juste de s'assoir dans un motel. Sa contrainte est de toujours le gérer et de le pousser, mais sans fatiguer le public avec un répétitif "allez, on y va". C'était un rôle très difficile, et il n'a jamais eu la reconnaissance qu'il méritait pour ce film.

De son côté, Francis Ford Coppola, qui a sorti Outsiders en 1983 , troisième film dans lequel apparaissait alors un jeune Tom Cruise, se montre aussi élogieux.

J'étais impressionné par sa volonté d'aller aux extrêmes pour créer un personnage. Si le rôle demande une dent ébréchée, alors il va de son plein gré s'ébrécher une dent. (...) Il n'y va pas à la légère dans son engagement.

Je ne peux pas dire que j'avais à l'époque envisagé pour lui une telle carrière, mais du temps de notre travail ensemble, il m'était apparu comme un acteur très déterminé et très doué. Et l'anecdote de la dent ébréchée est une preuve de son engagement entier dans ses rôles.

Un modèle pour les jeunes acteurs

Titulaire d'une carrière hors normes, Tom Cruise est pour beaucoup un modèle à suivre. Entouré d'une jeune génération au casting de Top Gun : Maverick, (Glen Powell, Miles Teller, Monica Barbaro, etc.), il a ainsi été sollicité par ses partenaires pour obtenir des conseils, comme le raconte Joseph Kosinski.

Je me souviens de Tom qui demande à Glen Powell : "Quelle genre de carrière tu veux ?" Glen répond : "Je veux ta carrière, Tom." Alors Tom rétorque : "À ton avis comment j'ai fait ?" Glen dit : "En choisissant des grands rôles." Ce à quoi Tom répond : "Non. Ce n'est pas comme ça que j'ai fait. J'ai fait ma carrière en choisissant des grands films. Puis, j'ai pris les rôles et j'ai fait en sorte de sortir mon meilleur."

Ce conseil a été une révélation pour Glen. Si vous regardez la carrière de Tom, c'est exactement ce qu'il a fait. Il a choisi des grands films et des réalisateurs qu'il admirait.