Le torchon brûle entre Netflix et le Festival de Cannes !

Le torchon brûle entre Netflix et le Festival de Cannes !

Netflix menaçait dernièrement de boycotter le Festival de Cannes. Ce qu'ils ne vont pas manquer de faire d'après Ted Sarandos.

Suite à l'annonce de Thierry Frémaux révélant que Netflix ne pourra plus venir à Cannes en Compétition Officielle, le géant américain n'a pas tardé à réagir en menaçant purement et simplement de boycotter l'événement.

Leur position a été renforcée par Ted Sarandos, le directeur en charge des acquisitions, lors d'une interview accordée au média Variety. Lorsqu'on lui demande s'il confirme que Netflix n'enverra pas de films à Cannes, il répond que ce n'est pas leur décision, mais celle du comité de sélection. Une manière de dire qu'ils n'ont que ce qu'ils méritent en osant les traiter de la sorte. Blessée dans son orgueil démesuré, la bête Netflix contre-attaque vigoureusement.

La règle était explicitement contre Netflix, et Thierry (Frémaux) a évoqué explicitement Netflix en l'annonçant.

La plateforme de streaming se positionne donc en victime dans cette affaire. Pour eux, ce que vient de faire le comité est tout simplement à l'encontre de l'esprit dans lequel doit être n'importe quel festival de cinéma. Mais, techniquement, Cannes n'empêche pas Netflix de venir. Ils peuvent très bien, comme Disney avec Solo : A Star Wars Story, venir présenter des films Hors-Compétition. La presse parlera tout autant de leur produit, en laissant toute polémique sur le pas de la porte - comme ce fut le cas avec Okja. Sauf que pour Netflix, c'est la Compétition ou rien. Et cette nouvelle règle pue la perfidie. Cannes tente de laisser la porte entrouverte sans trop se mouiller. Netflix peut venir, mais pas trop non plus. Il est naturel que ce traitement leur déplaise.

Quid des propos de Frémaux à propos des "gens de Netflix" qui auraient apprécié le tapis rouge ? Ted Sarandos s'en fiche. Il ne vient pas à Cannes pour monter les marches mais pour arrêter d'être mis de côté dans l'industrie cinématographique. Sans doute lassé d'être considéré comme le vilain petit canard que l'on pointe du doigt sans cesse. Pour lui, ce festival célèbre le cinéma. Et Netflix fait du cinéma. Ils veulent en être, comme un adolescent veut être invité à une énorme fête populaire pour prouver qu'il est dans la place.

Pourrions-nous acheter un film en compétition (qui n'a pas encore de distributeur) ? Oui, à 100%. Nous ne faisons aucune discrimination.

Il faut faire avec. Netflix et les autres plateformes de streaming veulent leur part du gâteau. Ils sont prêts à investir massivement pour y parvenir. Avec ou sans aide. Ce qui place le Festival dans une position délicate. Le risque à l'avenir est de voir des immenses metteurs en scène de la trempe de Martin Scorsese ou Bong Joon-ho ne pas pouvoir présenter leurs films sur la Croisette. Quoi qu'il en soit, les films existeront et Cannes n'en profitera pas. Ce choix fait en 2018 risque d'avoir des conséquences sur une longue durée.

Dans le cas contraire, si Cannes accepte de faire marche arrière, il confirme la supériorité de Netflix. En croyant mettre fin à la polémique, il pourrait en déclencher une encore plus opulente. Cette affaire devient une question d'honneur, d'image. Les deux parties se doivent d'imposer leur autorité respective pour prouver leur standing. Car s'ils laissent, mine de rien, tous les deux la porte ouverte, c'est pour que l'autre accepte mieux de se soumettre.