Total Recall fête ses 30 ans : cette « malédiction » qui a provoqué l'interruption du tournage

Total Recall fête ses 30 ans : cette « malédiction » qui a provoqué l'interruption du tournage

Sorti en 1990, « Total Recall » est un petit bijou de science-fiction signé Paul Verhoeven. Retour sur le film à travers plusieurs anecdotes, dont une mésaventure soudaine vécue par le réalisateur et Arnold Schwarzenegger durant le tournage au Mexique.

Total Recall : le rêve rouge d’Arnold Schwarzenegger

Lorsque le producteur Dino De Laurentiis abandonne Total Recall au milieu des années 80 après l’échec de Dune, Arnold Schwarzenegger récupère le projet, désireux d’interpréter le rôle principal. Le comédien réussit à convaincre Mario Kassar et Andrew G. Vajna, les patrons de Carolco, de racheter les droits de cette adaptation de Souvenirs à vendre, nouvelle de Philip K. Dick publiée en 1966.

Impressionné par RoboCop, la star de Terminator propose à Paul Verhoeven de réaliser le film. Le cinéaste est intéressé par la frontière extrêmement mince entre le rêve et la réalité émanant du script, qui en est déjà à plus de 40 versions. Il fait appel au scénariste Gary Goldman pour écrire les modifications qu’il juge nécessaires, notamment dans le troisième et dernier acte qui n’est alors que de l’action pure.

Total Recall : retour sur le film de Paul Verhoeven avec Arnold Schwarzenegger, adapté d'une nouvelle de Philip K. Dick.

Le réalisateur hollandais apporte son ironie au film, ce qui n’empêche pas le spectateur d’être totalement immergé dans les tribulations stellaires de Douglas Quaid. Ouvrier de chantier sur Terre en 2048, ce quidam rêve chaque nuit qu’il meurt sur Mars en suffoquant alors qu’il semble heureux au côté d’une femme (Rachel Ticotin).

Voulant prolonger ce cauchemar pour en savoir plus, Quaid se rend chez Rekall, laboratoire capable d’implanter de faux souvenirs parfaitement réalistes dans les cerveaux de ses clients. Le terrien demande alors la totale : vivre la mission d’un agent secret poursuivi par une firme machiavélique et sauver la planète, le tout en retrouvant la mystérieuse inconnue de ses songes. À son réveil, sa demande est exaucée mais pas de la manière dont il l’espérait, puisque Quaid se retrouve réellement traqué par un redoutable tueur (Michael Ironside) à la solde d’un homme d’affaires véreux (Ronny Cox) qui a le contrôle sur Mars.

Une collaboration idéale

Après avoir tourné sous la direction de John Milius, James Cameron et John McTiernan, Arnold Schwarzenegger prouve qu’il sait définitivement bien s’entourer en travaillant avec Paul Verhoeven. En arrivant sur le projet, le réalisateur fait appel à des talents dont il est sûr, à commencer par le directeur de la photographie Jost Vacano, avec lequel il a collaboré à plusieurs reprises en Hollande, ou encore Rob Bottin. Comme il l’avait fait sur The Thing ou Hurlements, ce dernier conçoit des maquillages démentiels pour les mutants installés sur Mars. Total Recall bénéficie également de maquettes imposantes et sublimes auxquelles s’allient à merveille les paysages désertiques du Mexique, où le film est tourné, pour les scènes sur la planète rouge.

Total Recall : retour sur le film de Paul Verhoeven avec Arnold Schwarzenegger, adapté d'une nouvelle de Philip K. Dick.

Outre ses qualités techniques indéniables et ses idées visuelles ingénieuses, le long-métrage doit beaucoup à l’humour de Paul Verhoeven et du scénariste Gary Goldman. Le cinéaste n’hésite pas à prendre des libertés avec la nouvelle de Philip K. Dick, en partie pour biaiser la frontière entre rêve et réalité. Cela passe par exemple par le fait que l’épouse de Quaid, incarnée par Sharon Stone, est potentiellement une espionne qui le manipule, ce qui n’était pas le cas dans l’œuvre d’origine.

Une ambiance gâchée par un incident général

Si Paul Verhoeven tient à donner un ton léger au film, c’est parce qu’il est conscient des capacités dramatiques limitées d’Arnold Schwarzenegger. Contrairement à Colin Farrell qui est tout en regards graves dans Total Recall : Mémoires programmées, la star enchaîne les punchlines, élimine ses ennemis sans ciller et plaisante lorsque sa femme manque de le tuer après plusieurs années de mariage pourtant tranquilles.

À l’arrivée, Paul Verhoeven est convaincu par le jeu de sa tête d'affiche, même s’il leur faut parfois multiplier les prises. Au cours d’un entretien réalisé pour le 20e anniversaire du long-métrage, le « Hollandais violent » explique à ce sujet :

C’était bien, mais il a fallu du temps pour qu’il livre une vraie prestation d’acteur et qu’il se débarrasse de ses intonations robotiques. Je lui ai fait faire un nombre incroyable de prises. Parfois, jusqu’à 40 prises. Je savais qu’il pouvait mieux faire. D’ailleurs, lui aussi le savait.

Total Recall : retour sur le film de Paul Verhoeven avec Arnold Schwarzenegger, adapté d'une nouvelle de Philip K. Dick.

Une relation de confiance s’installe entre eux et Arnold Schwarzenegger met ses exigences de côté pour satisfaire celles de Paul Verhoeven. Le réalisateur prend donc un véritable plaisir aux commandes du film, et ce malgré un incident fâcheux qui cause une belle frayeur à l’équipe, comme il le raconte avec humour :

Malheureusement, on est tous tombés malades. On a appelé ça la malédiction de Montezuma. On a eu la diarrhée, de la fièvre, les gens s’allongeaient dans les camions, incapables de travailler une fois sur le plateau. J’ai été malade, je vomissais, on ne comprenait pas ce qui se passait. J’ai fini déshydraté, il a fallu me perfuser.

Ayant déjà vécu une situation similaire, Arnold Schwarzenegger a visiblement tenté de conjurer le sort mais cette « malédiction » s’est aussi abattue sur lui :

Arnold avait déjà tourné Predator, ou peut-être Conan le Barbare, au Mexique. Il avait donc un cuisinier personnel. Le cuisinier est tombé malade, alors il a mangé avec nous. Et il est tombé malade !

Une mise à l’arrêt temporaire qui n’a évidemment pas empêché l’équipe derrière Total Recall de donner naissance à un film de science-fiction violent, caustique et novateur.