Son nom est quasiment inconnu, mais son histoire est forte. Violette Leduc, bâtarde, névrosée, bisexuelle, s'est fait connaître par les fréquentations qu'elle a eu du temps de Beauvoir et de ses mandarins, de Jean Genet, d'Albert Camus et de Jean-Paul Sartre. La grande époque dorée de la littérature moderne, mais hélas Martin Provost l'a plus caricaturé qu'autre chose.
Malgré l'histoire intéressante de Violette Leduc, passée totalement inaperçue dans le patrimoine littéraire français du 20ème siècle, son désir de mimétisme entre ses acteurs et les personnages originaux pêchent dans la sincérité de l'intrigue. Avec les meilleures intentions du monde, le réalisateur s'attarde trop sur la reconstitution du Paris des 60's, à tel point que l'on finit par porter plus d'attention aux décors et costumes qu'à l'histoire en elle-même. Pourtant Martin Provost avait du grain à moudre : Violette Leduc a été la première a parlé de son avortement qui fut une expérience traumatisante, de sa bisexualité mais surtout du désir sexuel féminin qui était passé sous silence à l'époque. Au lieu de faire la part belle à son personnage principal interprété par Emmanuelle Devos, enlaidie et d'une rare justesse, il préfère se concentrer sur la bataille psychologique qu'elle mène contre elle-même, son duel malsain contre sa mère habitée par Catherine Hiegel tout en force, qu'elle adore mais qui lui reproche sans cesse d'être une bâtarde et enfin le combat contre ses sentiments envers la grande Simone de Beauvoir, incarnée par Sandrine Kiberlain, métamorphosée et véritablement surprenante dans les traits du Castor.
Un jeu d'actrice développé dans le making-of très documenté et enrichissant qui tourne autour de la construction des personnages, de leurs interprètes et de leurs patrimoines respectifs. Avec le point de vue artistique et technique, Martin provost dévoile le pourquoi de ses choix, et toutes les étapes de l'élabolaration de Violette.
Mais, à elles deux les actrices peinent à relever le niveau malgré leur performance respective. Avec un matériau historique, culturel et politique dans lequel se situe l'action, Martin Provost n'a finalement qu'effleuré le fond du problème. Son drame se transforme en un road-trip d'une amoureuse complexée, et perd sa crédibilité ainsi que son intérêt.
Le fantôme et la pression de Séraphine a joué des tours au réalisateur qui n'a pas su donner ses lettres de noblesse à Violette Leduc, dommage. Tout ce que l'on retiendra ce seront les actrices, dans leur huis clos sentimental.
L'Histoire de Violette :
Violette Leduc, née bâtarde au début du siècle dernier, rencontre Simone de Beauvoir dans les années d’après-guerre à St-Germain-des-Prés.
Commence une relation intense entre les deux femmes qui va durer toute leur vie, relation basée sur la quête de la liberté par l’écriture pour Violette et la conviction pour Simone d’avoir entre les mains le destin d’un écrivain hors norme.
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Lysiane Tréguier (14 mars 2014)