Voleuses : Adèle Exarchopoulos réussit de justesse le braquage de Mélanie Laurent sur Netflix

Voleuses : Adèle Exarchopoulos réussit de justesse le braquage de Mélanie Laurent sur Netflix

Avec son nouveau film "Voleuses", le 1er novembre sur Netflix, Mélanie Laurent embarque avec elle Adèle Exarchopoulos et Manon Bresch dans une histoire de cambriolage spectaculaire. Une adaptation indécise du premier tome de la bande dessinée "La Grande Odalisque", qui se distingue surtout par la performance magnétique d'Adèle Exarchopoulos.

C'est quoi Voleuses ?

Après Le Bal des folles, Mélanie Laurent est de retour devant et derrière la caméra pour Voleuses. Une coproduction Gaumont et Netflix ambitieuse, puisque Voleuses s'offre des moyens et un très beau casting pour adapter le tome 1 de la série dessinée "La grande Odalisque", créée par Jérôme Mulot, Florent Ruppert et Bastien Vivès en 2012. Dans Voleuses, on suit ainsi Carole (Mélanie Laurent) et Alex (Adèle Exarchopoulos), deux cambrioleuses de haut vol et meilleures amies. Elles sont belles et séduisantes, indépendantes, intelligentes et douées pour la bagarre, c'est elles contre le reste du monde et elles s'en sortent bien. Mais Carole veut changer de vie, partir tant qu'il en est encore temps et s'offrir avec Alex une retraite bien méritée. Mais "Marraine" (Isabelle Adjani), leur "boss" aux penchants psychopathes, n'est pas prête à les laisser partir sans un dernier casse...

Voleuses
Voleuses ©Netflix

Voleuses, comme la bande dessinée, est un thriller. Il y a donc de l'action, du suspense, des retournements de situation. Des moyens conséquents ont ainsi été mis en oeuvre pour assurer un solide spectacle visuel. Ça explose, ça fonce, ça se tire dessus et ça se donne des coups, et les moments d'accalmie entre l'action sont dédiés à la tendresse et à l'humour qui animent les personnages. Voleuses est un film généreux, et entoure Carole et Alex d'autres personnages incarnés par des acteurs et actrices de talent. Isabelle Adjani évidemment, mais aussi la charismatique Manon Bresch (Plus belle la vie), ainsi que Félix Moati et Philippe Katerine dans des rôles amusants. Mais à trop vouloir faire tourner la tête de ses spectateurs, Voleuses lâche ses chevaux et part en roue libre, pour finalement laisser un sentiment de confusion plus que d'ivresse.

On a beaucoup aimé

Le cinéma français s'est trouvée une muse en la personne d'Adèle Exarchopoulos, et l'actrice n'en finit plus de rayonner. Dans Voleuses, elle est Alex, la plus légère du duo qu'elle forme avec Carole, avant de se montrer un peu plus sérieuse quand il faut constituer un trio avec Sam (Manon Bresch), pilote d'exception dont elles ont besoin des services. Alex est fascinante : elle est drôle, elle a un charme renversant, et c'est elle qui assure surtout le côté physique des missions. Les armes à feu n'ont aucun secret pour elle, et elle prend autant de plaisir à se battre qu'à faire la fête, autant qu'elle le peut. Carole est plus posée, plus cérébrale, c'est elle qui fait les plans et elle porte aussi un lourd secret. Et si leur amitié est si belle, c'est surtout aux émotions d'Alex et à son authenticité qu'on le doit.

Puisque Mélanie Laurent réalise, c'est peut-être par humilité qu'elle ne fait pas de Carole le personnage le plus captivant de Voleuses, bien que celle-ci soit le personnage principal de l'intrigue. Mais cette histoire est celle d'un duo, puis rapidement d'un trio. Il fallait donc trouver un équilibre, qui n'apparaît pas. Parce que si ces trois voleuses sont, chacune, suffisamment développées pour être très attachantes, Adèle Exarchopoulos livre une performance écrasante, pour l'histoire comme pour ses partenaires. En effet, entre ses coups de poing et ses punchlines, Voleuses prend son humeur, son style, et on ne sait donc plus très bien si le film est un thriller dramatique - l'histoire de Carole -, un pur film de braquage, ou une comédie d'action drôle.

Autre qualité de Voleuses, son application sur des séquences d'action très réjouissantes. Il y d'abord, en dépit d'un tempo aléatoire, une scène d'introduction suffisamment explosive pour plonger tête la première dans l'histoire. On retient aussi un plan à trois qui se transforme en une bonne baston à mains nues sur les notes de Dvořák et Tchaïkovsky, et une ultra-satisfaisante scène de fusillade-tango en Italie.

On a moins aimé

Les qualités objectives de Voleuses, ci-dessus, sont d'autant plus remarquables que le film de Mélanie Laurent ne sait pas vraiment sur quel pied danser. L'humour, réussi, est très présent. Mais il est souvent distillé à des moments de gravité où il arrive en contradiction avec ce qu'on vient de voir. Par exemple, des fusillades élégantes ou sérieuses se trouvent comme désamorcées par un bon mot final. Pourquoi pas, si ce principe était tenu du début à la fin de l'histoire, et n'apparaissait pas finalement comme utilisé aléatoirement. Thriller violent ou comédie d'action, il est ainsi trop difficile de se décider...

Voleuses
Voleuses ©Netflix

Cette forme d'indécision constitue un défaut d'identité à Voleuses, d'autant plus visible que la bande dessinée n'en manquait pas. C'est un des enjeux de toute adaptation : parvenir à rendre fidèlement l'intention d'origine, ou s'en affranchir pour librement la sublimer. Sur ce point, Mélanie Laurent ne parvient malheureusement pas à donner d'identité propre et donc d'originalité à Voleuses, ce qui se perçoit parfois par quelques plans de coupe génériques, pour ne pas dire paresseux, et ce déséquilibre entre le drame profond de l'intrigue et la légèreté comique avec laquelle beaucoup des événements sont abordés.

Enfin, l'usage répété de l'ellipse pour passer d'une séquence à une autre ajoute une sensation de confusion spatio-temporelle, et déteint même sur l'intrigue dont on finit par ne plus très clairement percevoir l'enjeu principal.

Une suite pour aller plus loin

Malgré ses défauts, Voleuses reste un bon film d'action, avec suffisamment d'humour et d'application dans les interprétations pour passer un bon moment. Si bien qu'on veut en voir plus de ce trio, Carole, Alex et Sam étant trop fortes pour ne pas les laisser nous emporter. Et puisqu'existe un tome 2 de "La grande Odalisque", le chemin est tout tracé pour que Mélanie Laurent trouve l'équilibre et affine les jolies qualités de Voleuses.