Originalité et inspiration ne sont pas les mots qui règnent en maître dans l'actuel Hollywood. Pour prendre encore moins de risques, la Warner envisage d'avoir recours à l'intelligence artificielle pour ses prochains projets. Sommes-nous en train d'atteindre un point de non-retour ?
Les vagues incessantes de remakes/reboots/revivals/spin-offs/préquels qui s'abattent sur l'industrie cinématographique sont aussi regrettables que terriblement compréhensibles. On le vit, au jour le jour, comme le refus de s'autoriser des prises de risque et de maximiser ses chances au box-office. Rien qu'en regardant les scores pharaoniques des remakes live des classiques Disney, on comprend que personne n'a envie de se creuser la tête pour inventer de nouvelles histoires s'il est aussi simple de faire de l'argent en recyclant ce qui a déjà fait ses preuves. La règle ne se vérifie pas toujours, heureusement. Le public a parfois encore conscience qu'on le prend pour une vache à lait et que des extensions de titres connus sont de gênants ratages, à l'image du dernier Men in Black. Dans ce contexte que nous venons de décrire, la Warner est prête à tenter quelque chose qui ne nous plaît pas forcément.
Un article du Hollywood Reporter nous apprend que le studio vient de passer un accord avec la firme Cinelytic pour se servir de leur intelligence artificielle dans le choix de production des futurs films. Nous en sommes donc au point où on confie aux machines le droit de dicter - ou du moins, d'orienter - quels projets pourront voir le jour, selon des critères qui devraient assurer théoriquement le succès commercial.
La Warner déjà dans le futur ?
Le média américain avance que cette entente permettra de "guider dans la prise de décision pour le feu vert", avec la possibilité d'évaluer la "valeur d'une star sur n'importe quel territoire, et combien le film devrait faire dans les salles ou sur les médias auxiliaires". Cette nouvelle méthodologie, automatisée, laissera plus de temps aux exécutifs et les orientera à tous les niveaux, que ce soit dans le marketing, la distribution, la commercialisation et même dans le planning des dates de sortie !
On ne sait pas encore jusqu'à quel point la Warner va utiliser les données de l'intelligence artificielle, mais c'est peut-être le début d'une époque où les heureux accidents comme Joker ne pourront plus voir le jour parce qu'un robot aura décidé que pour telle ou telle raison, il valait mieux ne pas investir. Dans la position d'un studio, en capacité de mettre sur la table des millions, l'outil est séduisant afin de ne pas foncer dans le mur. Ne nous leurrons pas, personne ne se lance dans un film sans avoir l'envie de récupérer ses sous et faire du profit. Mais pour nous, spectateurs, c'est encore le signe que nous faire acheter un billet est plus important que nous satisfaire une fois dans la salle.