Wayward : un kidnapping et un jeu de mensonges surprenants à Deauville

Wayward : un kidnapping et un jeu de mensonges surprenants à Deauville

Une mère et sa fille en conflit prennent la route pour la Californie dans "Wayward", lorsqu'une rencontre inattendue chamboule leur vie. Un premier film rempli d'idées intéressantes, mais qui finit par se perdre en se consacrant à des personnages complètement désorientés.

Wayward : un kidnapping sans arme ni violence

Le premier long-métrage de Jacquelyn Frohlich débute comme un drame familial classique. Alors qu'elles quittent l'Idaho pour la Californie, Cleo (Chloe Guidry) en veut à sa mère Arlene (Jess Weixler), convaincue qu'elles font un énième déménagement pour un futur mariage uniquement motivé par l'argent. Sur leur route, elles croisent Orbison (Jessica Sula), une jeune musicienne qui essaie de rejoindre San Francisco en faisant du stop.

Arlene lui propose de les suivre et lui demande de discuter avec Cleo, qui n'a pas lâché un mot ni esquissé un sourire depuis le début du trajet. Mais après les avoir laissées quelques minutes seules toutes les deux, elle découvre avec effroi que sa fille a été kidnappée. Si elle souhaite la revoir, elle devra remettre à Orbison la somme de 10 000 dollars.

Wayward prend donc très vite une tournure aussi inattendue que réjouissante à la suite de cet enlèvement effectué sans la moindre violence. D'un côté, Arlene est complètement paniquée et cherche de l'aide auprès de personnages grotesques et dépassés qui ne sont d'aucune utilité, à commencer par son riche petit ami Larry (Rob Morrow). Son récit, mis de côté dans la deuxième partie, est parsemé de situations à la fois drôles et tragiques, Arlene étant totalement impuissante face aux événements.

Il s'accorde parfois difficilement avec celui de Cleo, traité avec davantage d'émotion et de sérieux. Se sentant profondément seule, l'adolescente s'accroche à ses kidnappeurs, fascinée par la personnalité d'Orbison et se réjouissant de l'attention qu'elle semble lui accorder.

Des mensonges à la sincérité

Néanmoins, les protagonistes ne se révèlent jamais vraiment dans Wayward, du moins jusque dans la scène finale où la tournure des événements ne leur laisse d'autre choix que de dire enfin la vérité. Ils s'accusent les uns les autres de se mentir et de se tromper, ce qu'ils font tous pour la plupart. Jacquelyn Frohlich prend visiblement plaisir à jouer avec les apparences mais finit par s'égarer.

Elle introduit de nouveaux personnages intéressants mais à peine développés, parmi lesquels le complice d'Orbison dont les motivations ne sont jamais vraiment compréhensibles. La réalisatrice souhaite par ailleurs alterner entre le road movie, la comédie et le film criminel, passant constamment d'un genre à un autre. Le ton du long-métrage n'est jamais très clair, l'absurde côtoyant l'émotion sans qu'ils ne réussissent à s'accorder.

Wayward est donc rempli de bonnes idées mais qui s'enchaînent parfois de manière maladroite. Alors que sa réalisation à la caméra portée se focalise très souvent sur les visages, elle s'offre pendant un court instant une respiration avec quelques plans sublimes des routes américaines. La cinéaste revient ensuite au procédé de départ, anéantissant ainsi l'envie du spectateur de prendre la route avec des personnages auxquels il s'attache progressivement.

Jacquelyn Frohlich finit par se perdre à vouloir complexifier la trajectoire de ses protagonistes perdus. C'est par exemple le cas lorsqu'elle dresse un suspense autour d'un cambriolage qui n'a finalement pas lieu. Son désir de faire un premier film généreux et complet se ressent quoi qu'il en soit pleinement, peut-être même un peu trop, et les maladresses de Wayward n'étouffent en rien l'envie de suivre la suite de sa carrière.

Wayward ne dispose pas encore d'une date de sortie en France. Le film a été présenté en compétition au 49e Festival du Cinéma Américain de Deauville.