Abbas Kiarostami, le cinéaste, palme d’or à Cannes, est décédé

L’iranien, Abbas Kiarostami, l’un des plus grands cinéastes du XXème siècle, est décédé des suites d’un cancer, lundi 4 juillet.

The Guardian a annoncé lundi 4 juillet que le cinéaste iranien Abbas Kiarostami était décédé en France, à l’âge de 75 ans.

L’auteur du film Le Goût de la cerise, qui a reçu la palme d’or à Cannes en 1997, souffrait d’un cancer découvert en mars dernier et qu’il soignait en France.

Sa disparition marque considérablement le cinéma contemporain. En effet, Abbas Kiarostami a ouvert la voie à la reconnaissance mondiale du cinéma de son pays d’origine, l’Iran. Il a également incarné le mouvement né dans les années 1980-1990, qui a transformé la donne du 7ème art mondial. Ainsi, le cinéaste a contribué à l’exploration de multiples ressources pour exprimer les émotions, rendues possibles avec l’évolution des technologies et l’interaction entre les différents arts, que ce soit le cinéma, la vidéo, la photo ou encore la peinture et la poésie.

Abbas Kiarostami a commencé sa carrière dans le cadre très surveillé du cinéma éducatif pour les enfants. À la fin des années 1960, il s’était vu confié la création du département cinéma de l’Institut pour la formation intellectuelle des enfants et des adolescents, nommé Kanoun.

Avec le Kanoun, il a tourné de nombreux courts-métrages pédagogiques dans lesquels il a filmé entre autre les résolutions de conflits entre écoliers ou l’importance de se laver les dents.

Reconnu par ses pairs comme l'un des plus grands artistes de cinéma de sa génération, il s’était révélé au monde pour son incarnation d’une mondialisation sans soumission. Artiste aux talents artistiques multiples, il se définissait comme un pédagogue, passionné de transmission, de partages et de découvertes.

Il ne manquait aucune occasion de faire des débats avec des érudits, des étudiants, des apprentis réalisateurs ou de jeunes enfants.

S’il s’est toujours identifié au néo-réalisme Italien et le cinéma de François Truffaut, il a également revendiqué son profond attachement au cinéma moderne iranien de Sohrab Shahid Saless.

Dans chacun de ses films, le réalisateur a porté une attention particulière aux personnes, à leurs gestes, le sens du rythme, transformant les situations du quotidien en un message poétique. En 1999, avec Le vent nous emportera, dans lequel il a traité le travail et l’égalité hommes-femmes, il a remporté le Lion d’argent à la Mostra de Venise.

À la différence d’autres artistes, Abbas Kiarostami n’a jamais quitté l’Iran après la Révolution. S’il n’a jamais fait de déclarations contre son pays à l’étranger, il ne s’est pas non plus plié à la ligne culturelle du régime.

Après sa palme d’or pour Le Goût de la cerise, des nervis islamistes sont venus l’attendre à son arrivée à l’aéroport de Téhéran avec des gourdins et des battes de baseball, sans qu’il s’en émeuve.

Son dernier film, Like someone in love, sorti en 2012, avait été tourné au Japon, un pays qui le passionnait. Ses problèmes de santé avaient limité ses déplacements, mais il continuait à travailler chez lui, avec de nouveaux outils informatiques. Une de ses œuvres intitulées 24 Frames devrait être prochainement présentée au grand public.

La semaine dernière, l'Académie des Oscars (récemment vilipendée pour son manque de mixité culturelle) avait cité le nom du cinéaste iranien comme une recrue potentielle pour rejoindre ses membres.