Co-fondateur des célèbres studios d'animation japonais, Ghibli, le réalisateur Isao Takahata est décédé le jeudi 5 avril 2018 à l'âge de 82 ans.
C'est avec beaucoup de tristesse que les cinéphiles et admirateurs d'animation japonais ont appris la nouvelle. Isao Takahata, un des piliers du cinéma d'animation s'est éteint à l'âge de 82 ans, des suites d'un cancer des poumons, dans la fascinante ville de Tokyo, au Japon. Celui à qui l'on doit les merveilleux films Le Tombeau des lucioles, Le conte de la princesse Kaguya, pompoko ou encore Mes voisins les Yamada avait su révolutionner le monde de l'animation en créant un véritable adversaire aux studios aux grandes oreilles américaines.
En 1959, après avoir étudié la littérature française dans la grande université de Tokyo, Isao Takahata, fait ses premiers pas dans la réalisation en intégrant la société de production Toei. Grand admirateur du film Le Roi et l'Oiseau, il se découvre une passion pour l'animation et réalise en 1963 la série animée Ken, l'enfant loup.
La même année, un autre pilier du cinéma d'animation japonais qui va être engagé par la société Toei : Hayao Miyazaki. Celui que l'Occident compare souvent à Walt Disney, est de suite devenu ami avec Isao Takahata. Ils réalisent ensemble, en 1968, le film d'animation, Horus, prince du soleil. C'est grâce à de multiples collaborations que les deux réalisateurs décident de fonder, en 1985, les désormais très célèbres studios Ghibli.
Connus pour leurs productions et réalisations de grande qualité, les studios Ghibli ont été fondamentaux au sein de la carrière du réalisateur. La reconnaissance mondiale qu'il a reçu lui a permis d'exercer sa passion en gardant ses valeurs. Très attaché au réalisme, peu favorable au numérique, Takahata était un fervent défenseur du dessin manuel. Il fut aussi engagé dans son art que dans sa vie puisqu'il a toujours pris position politiquement.
Profondément pacifiste, il défendait avec beaucoup d'activisme des valeurs morales, s'opposant au gouvernement actuel du premier ministre japonais, Shinzo Abe. Grand militant, il a, par ailleurs, participé au mouvement d'opposition au projet du gouvernement quant à l'adoption de certaines lois sécurité pour faciliter le recours aux forces armées. Il s'opposait également à la guerre du Japon.
Son dernier film, Le conte de la princesse Kaguya, sorti en 2013 fut un véritable succès commercial et critique. Adapté d'un conte populaire japonais, texte fondateur de la littérature japonaise, « Le coupeur de bambou », le film foula le tapis rouge du Festival de Cannes en 2014 et fut nommé dans la catégorie « meilleur film d'animation » au sein de la prestigieuse cérémonie des Oscars en 2015.
Pauline Mallet (6 avril 2018)