Kim Ki-duk, réalisateur sud-coréen de "Printemps, été, automne, hiver...et printemps", est décédé

Encore une victime de l'épidémie de Covid-19

Kim Ki-duk, réalisateur sud-coréen de "Printemps, été, automne, hiver...et printemps", est décédé

Kim Ki-duk s'en est allé à l'âge de 59 ans. Le réalisateur coréen de "Pieta" est une victime de plus à rajouter à l'épidémie de Covid-19.

Kim Ki-duk : mort d'un maître

Nous apprenons avec tristesse le décès de Kim Ki-duk, grand réalisateur sud-coréen qui a largement aidé l'Occident à ouvrir les yeux sur la richesse de ce cinéma asiatique longtemps ignoré. C'est grâce à lui et d'autres comme Bong Joon-ho (ParasiteMother) que l'on a pu découvrir des chefs-d’œuvre venus de l'est. Il s'est malheureusement éteint à l'âge de 59 ans, victime du Covid-19. Il se trouvait alors en Lettonie, dans la ville de Latvia, où il souhaitait acquérir une résidence.

Samaria
Samaria ©Show East

Le metteur en scène avait reçu de nombreux prix dans les festivals internationaux, dont un Ours d'argent du meilleur réalisateur au Festival de Berlin de 2004 pour Samaria, un Lion d'argent du meilleur réalisateur à la Mostra de Venise pour Locataires et un d'or pour Pieta en 2012.

Un artiste de l'impalpable

Kim Ki-duk était né dans un petit village dans les montagnes avant de déménager à l'âge de 9 ans à Séoul. Loin de ses aspirations artistiques, il commence à travailler dans une usine à 17 ans. Changement de cap 3 ans plus tard alors qu'il s'engage dans l'armée, puis songe à devenir prêtre en passant 2 ans dans un monastère. Si son destin ne semble pas encore trouver vraiment sa voie, sa passion pour la peinture qui date de l'enfance ne le quitte pas. Il décide donc d'aller suivre des études en art plastique à Paris en 1990.

Ce séjour l'aide à s'ouvrir artistiquement et le pousse à écrire ses deux premiers scénarios, Painter and prisoner et Illegal Crossing pour lesquels il reçoit des récompenses dans son pays. Ce soutien le pousse à réaliser son premier film en 1996, Crocodile, un long-métrage violent et poétique qui laisse entrevoir un fort potentiel. S'il reste encore méconnu dans son pays, ses films suivants lui apportent une attention de la part des festivals internationaux. En 2000, L'Île est même nommé au meilleur film de la Mostra de Venise.

L'île
L'Île ©Myung Films

Son cinéma, réputé pour son étrangeté, prend un tournant un peu plus mature avec la sortie de Adresse inconnue, un film en partie autobiographique mettant en scène un jeune apprenti-peintre. Il explose aux yeux du public international en 2003 avec le très calme et contemplatif Printemps, été, automne, hiver... et printemps, qui connait une sortie dans de nombreux cinémas en France. L'année suivante, il confirme et marque les esprits avec deux films : Samaria et Locataires. Il tourne ce dernier dans son propre appartement. Ce triangle amoureux étrange met en scène une femme qui vit avec son mari et son amant, ce dernier étant toujours présent avec eux dans la maison, mais se cachant tout en délicatesse dans les angles morts de la vision de son rival.

Locataires
Locataires ©Pandora Film

Tel un Woody Allen asiatique, Kim Ki-duk n'arrête jamais de tourner et sort parfois plusieurs films par an. Ses œuvres, sans jamais mettre de côté la beauté esthétique, se voilent de plus en plus d'un souffle dramatique. L'Arc se penche sur un autre triangle amoureux pas très clair entre un vieil homme, une femme mineure et un jeune homme, alors que Time suit l'érosion d'un couple face au temps qui passe. Souffle, petite production tournée en moins de deux semaines pour 300 000 dollars, décrit les arcanes de la jalousie.

De Dream à Pieta, en passant par Moebius, la suite de sa carrière bouleverse et ne laisse jamais de marbre. Son dernier long-métrage, Dissolve, n'est jamais sorti en France. On espère que l'on pourra découvrir cette œuvre l'année prochaine afin de rendre un dernier hommage à Kim Ki-duk.