Aamir Khan (Laal Singh Chaddha) : "Ce personnage est si désarmant, on ne peut qu'en tomber amoureux"

Rencontre avec la superstar Aamir Khan

Aamir Khan (Laal Singh Chaddha) : "Ce personnage est si désarmant, on ne peut qu'en tomber amoureux"

Dans le rôle-titre et à la production de "Laal Singh Chaddha", la superstar Aamir Khan livre une performance inédite dans ce remake indien du monument "Forrest Gump". On a pu lui poser quelques questions sur sa décision de produire une telle aventure, son travail pour incarner son personnage et sur l'aspect universel de cette fable.

C'était une idée folle et un défi très risqué, qu'Aamir Khan a relevé avec les honneurs. Superstar de Bollywood, célébrité de premier plan sur tout le continent asiatique, Aamir Khan occupe les écrans du cinéma indien depuis la fin des années 80 avec succès. Une position de force qui lui a permis de se lancer dans le projet de refaire Forrest Gump pour le public indien, avec Laal Singh Chaddha. Rencontre.

Refaire l'histoire de Forrest Gump apparaît comme un défi très ambitieux. Vous qui incarnez le rôle-titre de Laal Singh Chaddha et produisez le film, à quel moment vous êtes-vous dit : "je veux faire ce film !" ?

Aamir Khan : La première fois où j’ai vraiment conçu la possibilité de faire Laal Singh Chaddha, c’est quand j’ai entendu la version du scénariste Atul Kulkarni. Jusque-là, jamais je n’aurais envisagé de faire de Forrest Gump un film indien. C’est très différent culturellement, Forrest Gump parle de la culture américaine, et c’était difficile pour tout le monde de l’imaginer dans une autre culture.

Donc quand Atul m’a dit qu’il avait écrit une adaptation de Forrest Gump, d’abord je ne l’ai pas pris au sérieux. C’est seulement quand j’ai pu la découvrir que ça m’a sauté aux yeux, il avait vraiment fait un travail formidable. Ça sonnait vraiment comme une histoire indienne.

Et la transposition était fluide, naturelle. Le personnage de Laal est très bien développé, avec son coeur pur, son innocence. Un personnage extraordinairement vivant. C’est à ce moment, en découvrant tout ça, que je me suis dit que je voulais le faire, quoi qu’il en coûte. L’aventure a commencé à ce moment, et on a ensuite acquis les droits d’adaptation.

La performance de Tom Hanks dans le film original est un sommet. Comment avez-vous composé votre propre personnage ?

J’adore la performance de Tom Hanks dans Forrest Gump. Mais j’ai vu le film il y a très longtemps, et quand j’ai découvert l’histoire écrite par Atul, j’ai décidé qu’il fallait s’en tenir à ça. Laal Singh Chaddha a son propre univers, sa propre existence. Je ne suis pas revenu à Forrest Gump pour y trouver des idées ou reprendre ce qu’ils avaient fait. On a essayé d’être honnêtes avec ce qu’on avait et d’aborder cette histoire comme un scénario original.

Laal Singh Chaddha
Laal Singh Chaddha ©Paramount Pictures

Donc, logiquement, ne surtout pas s'inspirer de Tom Hanks ?

Tout à fait, pour l’interprétation de Laal, je ne suis pas revenu à la performance de Tom Hanks. Mais j’ai eu une aide un peu particulière. L’enjeu pour moi était de retrouver l’innocence. Je suis actuellement dans ma cinquantaine et jouer un personnage de 18 ans était donc un défi important. Advait Chandan, avant d’obtenir la réalisation, je lui ai demandé de tourner quelques scènes du film, des scènes-tests pour voir s’il pouvait réussir à s'emparer de certains sujets un peu difficiles.

Au même moment, mon fils Junaid revenait de Los Angeles, où il a étudié le cinéma et le théâtre pendant 3 ans. Pour les tests d’Advait, je voulais que ce soit avec un autre acteur que moi. Advait m’a demandé qui, et je lui ai proposé Junaid. Comme ça on allait voir aussi ce qu’il avait appris ! On faisait d’une pierre deux coups (rires).

Ça a fonctionné ?

Deux semaines plus tard, je visionne les tests. Ils sont très bien, donc on confirme Advait à la réalisation. Et quant à Junaid, il est tout simplement super. Il a 24 ans à ce moment, donc l’innocence est là. Quand je l’ai vu, je me suis dit : « je suis en train de regarder Laal ». Et pour la première fois, je me suis dit que peut-être je ne devais pas jouer ce rôle. Ça m’a posé un problème, il était Laal, et je ne voyais pas comment moi je pourrais le jouer.

Mais, finalement, je prends le personnage. Et ces quelques scènes avec Junaid, ce sont toutes mes références pour ma performance. C’est étrange parce qu’il n’avait jamais joué auparavant. Mais son innocence, sa pureté, c’était exactement ce que je cherchais. J’ai trouvé la clé de ma performance grâce à ces séquences-tests avec lui.

Laal Singh Chaddha raconte l'histoire de Laal et celle de l'Inde, comme Forrest Gump faisait celle de Forrest et des États-Unis. Avec votre version, on découvre cette perspective indienne, mais on se dit aussi que c'est une histoire universelle. Vous aviez cette idée de fable universelle à l'esprit ?

Je n’avais pas ça en tête, et Advait non plus. Pendant qu’on tournait Laal Singh Chaddha, on savait très bien que Forrest Gump était très connu en occident. Toute l’Europe et les États-Unis l’ont vu. Nous, on faisait ce film pour le public indien, qui n’a pas vu l’original. On a fait ce film vraiment pour ce public. J'étais donc très loin de me douter que, plus tard, lorsque Paramount a vu le film et l’a adoré, Laal Singh Chaddha aurait une diffusion mondiale. Ça a été une surprise, et on était vraiment très heureux. Le film qu’on avait fait pour le public indien s’ouvrait maintenant au monde, mais nous n’y avions jamais pensé.

Mais oui, comme vous l’évoquez, le film a cette capacité à voyager. Le personnage de Forrest, comme le personnage de Laal, est tellement désarmant, tellement charmant et magnifique, qu’on ne peut qu’en tomber amoureux. Et vouloir être aussi un peu comme lui !