L'équipe au complet (ou presque) d'"Ant-Man et la Guêpe" était présente à Paris pour parler du nouveau Marvel, attendu au tournant après les succès de "Black Panther" et "Infinity War". Rencontre.
Après Black Panther et Infinity War, Marvel sort cette semaine son troisième film : Ant-Man et la Guêpe. Suite des aventures d'Ant-Man (alias Scott Lang), il voit Hope et Pym prendre plus d'importance, et un nouvel ennemi, Ghost, faire son apparition. De nouveau dirigé par Peyton Reed, tout ce beau monde a évidemment la lourde tâche de passer après les deux énormes succès Marvel. Mais plutôt que de tenter la surenchère, Ant-Man 2 joue la carte de la comédie légère plus centrée sur des enjeux personnels (voir notre critique). Un contre pied bien vu après les événements d'Infinity War.
Peyton Reed, Paul Rudd, Evangeline Lilly, Michael Douglas et Hannah John-Kamen étaient ce week-end de passage à Paris. Non pas pour fêter la deuxième étoile de l'équipe de France (quoi que...), mais bien pour la promotion d'Ant-Man 2. Nous les avons rencontrés pour parler des nouveautés dans cet opus, sur les relations entre les super-héros, et sur les changements notables au sein du MCU et d'Hollywood.
Sur le comique de situation davantage développé dans Ant-Man 2.
Peyton Reed : J’avais vraiment envie de faire un film avec du comique visuel. Si j’avais pu, je l’aurais tourné comme un film muet. Je ne fais pas des scènes d’action comme on en fait habituellement avec cinq ou six caméras et un montage ultra rapide. Je pense que c’est aussi ce que j’aime dans On s’fait la valise Doc ? (What's Up, Doc?) de Peter Bogdanovich et les films de Buster Keaton. La caméra a toujours une place précise et est importante pour le comique de situation. Tout est question de timing et d’angle. En plus de tout cela, le film est vraiment dingue grâce aux changements de taille. On s’amuse avec les personnages, mais aussi avec les immeubles, les objets autour et d’autres personnages.
Sur les références et Deadpool.
Peyton Reed : Pour préparer la scène de poursuite en voiture dans les rues de San Francisco, j’ai revu le film Bullitt avec Steve McQueen, mais aussi On s'fait la valise, Doc ?, qui faisait déjà un hommage à Bullitt à l’époque, avec un gag à la Buster Keaton. J’aime cette idée d’utiliser exactement la même topographie avec San Francisco. Mais alors qu’on avait déjà écrit la scène et qu’on était prêt à la tourner, on s’est souvenu de Deadpool, que je n’avais pas revu depuis sa sortie. On a revu la scène de poursuite et on s’est rendu compte que c’était exactement ce qu’on faisait. Donc je pense qu’inconsciemment ça a joué. Mais encore une fois, On s’fait la valise, Doc ? était vraiment la référence première.
Sur la relation entre Scott et Hope et la dimension romantique.
Paul Rudd : Ant-Man n’a pas pour but d’être une comédie romantique, mais on savait qu’on allait y toucher un peu. Ca semblait évident puisque le film parle beaucoup de leur relation personnelle, mais aussi de leur union en tant que partenaire. Les gens oublient qu’à une époque à Hollywood les personnages féminins était très bien écrits, où la femme était un peu plus intelligente que l’homme, où il y avait un respect mutuel. Comme dans La Dame du vendredi (Howard Hawks, 1945). Dans ce film, Cary Grant et Rosalind Russell sont tous les deux responsables. Il y a également Indiscrétions (1947) de George Cukor et New York-Miami (1934) de Frank Capra. Ces films avaient cette vision que les films d’aujourd’hui ont perdu. On voulait retrouver un peu de cet esprit pour la partie « romance » d’Ant-Man 2.
Sur Ghost, nouveau visage du MCU.
Hannah John-Kamen : Ghost est déterminée. Elle est comme un volcan, prête à exploser. Mais elle est aussi en conflit, car elle n’a pas décidé de son état et arrive à un point où elle est désespérée. C’était incroyable à jouer. Il y avait évidemment beaucoup de pression et c’était très impressionnant d’être dans cette équipe, mais c’était super.
Paul Rudd : Elle est intéressante car elle amène quelque chose de très différent par rapport aux précédents méchants de Marvel. Black Panther et Infinity War ont des méchants incroyables, mais là, il n’est pas question de dominer le monde ou ce genre de choses. C’est bien plus personnel pour Ghost. Elle est une victime de son pouvoir et veut être soignée. Elle a aussi une vengeance personnelle parce que, pour elle, Pym est responsable de la mort de ses parents et de son état.
Hannah John-Kamen : Mais dans le fond, on peut se demander, est-elle vraiment méchante ?
Sur la possibilité de revoir Ghost dans les prochains Marvel.
Hannah John-Kamen : Avec Marvel, tout est mis sous clé. Donc on ne sait pas ce qui peut se passer. On verra.
Paul Rudd : Ils sont vraiment forts pour cacher les choses, aussi bien au public qu’aux acteurs. On ne sait pas quels sont leurs grands projets. Personnellement, je ne leur demande même plus maintenant.
Sur un troisième film Ant-Man
Paul Rudd : On n’est pas encore dessus. Vraiment il n’y a rien de planifié pour le moment. C’est un peu comme avec le premier film, on avait aucune garantie de pouvoir faire un second Ant-Man derrière. Surtout qu’il y avait des risques. On ne savait pas si le public allait accrocher au personnage. Mais on a gardé des portes ouvertes au cas où. Et c’est pareil ici. On a une bonne idée d’où les personnages peuvent aller et ce qu’il peut se passer, mais encore une fois, on ne sait pas vraiment ce qu’on va faire.
Sur les personnages féminins du film, Captain Marvel, et les mouvements féministes.
Hannah John-Kamen : Il y a trois personnages féminins dans le film et ils sont tous très bien écrits. Déjà, parce qu’elles n’ont pas besoin d’aide. Concernant Ghost, à la base, le personnage était un homme. Je trouve ça génial d’avoir changé cela, d’en faire une femme sans dénaturer le personnage, le traiter de la même manière. De plus, il n’a pas d’origin story dans les comics. Donc on pouvait aller globalement où on voulait. C’est aussi ce qui m’a donné de la liberté pour composer le personnage.
Paul Rudd : C’est important de prendre en compte que chez les lecteurs de comics et dans le public qui vient voir les films Marvel, il y a beaucoup de femmes et de différences ethniques. Et les gens veulent aussi voir quelque chose qui reflète leur vie.
Evangeline Lilly : À propos de Captain Marvel, la première super-héroïne à porter un film Marvel, ils veulent en faire un personnage asexué, qui pourrait aussi bien être un homme qu’une femme. En tout cas, de ce que je sais, j’ai l’impression que le film aura cette approche. Je dois avouer que je me suis demandée si c’était vraiment la bonne chose, d’un point de vue féministe. Mais rien que le fait que je me pose cette question, il faut se demander s’il s’agit de ma propre opinion ou s’il y a derrière une influence de la société patriarcal. C’est difficile à dire. Du coup, je pense que dans le cas du féminisme, comme dans la vie, il faut essayer des choses, quitte à se tromper, et réessayer. On est en train de créer un nouveau monde et on ne sait pas où on va.
Sur les changements à Hollywood
Evangeline Lilly : Je suis dans ce métier depuis quatorze ans et je n’ai jamais rencontré de réalisatrice. L’autre jour, la même journée, j’ai eu quatre rendez-vous avec quatre réalisatrices différentes. Donc on avance. Doucement, mais on avance.
Sur le MCU et la connexion entre les films
Hannah John-Kamen : Je suis une immense fan des Marvel. Je l’étais déjà avant d’être associée à Ant-Man, ce qui ajoute à mon plaisir. Mais je ne pense pas qu’on ait besoin de tout suivre. J’ai des amis qui n’ont pas vu les précédents films et qui ont globalement compris l’histoire. Par contre, après avoir vu Ant-Man ils ont eu envie de voir le reste.
Michael Douglas : Moi, par contre, je n’ai rien compris la première fois que j’ai lu le scénario d’Ant-Man 2. Personne ne m’avait dit qu’il fallait voir les autres films, que Scott était dans Civil War après avoir volé le costume d’Ant-Man pour aider Captain America. (rire) Mais, au final, je leur fais confiance parce que Marvel fait vraiment de super choses.
Sur la présence de Michelle Pfeiffer
Evangeline Lilly : Michelle Pfeiffer était une idole pour moi. J’avais un peu peur au début, car, quand on admire une personne, parfois on peut être déçu lorsqu’on la rencontre. Dans son cas, ce ne fut pas le cas. Elle est bel et bien incroyable ! Donc j’étais ravie qu’elle soit là, d’autant qu’il y a quatre ans, j’avais dit à Peyton que si un jour on songeait à introduire le personnage de Janet, il fallait que ce soit Michelle Pfeiffer. Quelques années plus tard, il m’a appelé pour me dire qu’ils l’avaient engagé. Je lui ai demandé s’il se souvenait que c’est ce que je lui avais demandé, et évidemment, il ne s’en souvenait pas. Mais bon, je continue de me dire que c’est grâce à moi. (rire)
Ant-Man et la Guêpe sort en salle le 18 juillet 2018. Ci-dessous la bande-annonce :