Luke Cage : rencontre avec Mustafa Shakir, aka Bushmaster

Luke Cage : rencontre avec Mustafa Shakir, aka Bushmaster

On a rencontré Mustafa Shakir, nouveau venu de la série Luke Cage. Il était à Londres pour présenter la saison 2, où il y interprète le super-vilain Bushmaster.

La première saison s’était achevée sur la victoire de Luke Cage face à Diamondback. Après lui et Cottonmouth, c’est un nouveau super-vilain auquel le héros pare-balles va devoir faire face : Bushmaster, un criminel revenu à New York faire sa loi. Et cette fois, Luke a du souci à se faire : son adversaire a les mêmes pouvoirs que lui, à savoir être imperméable aux impacts de balles grâce à sa peau ultra-résistante !

C’est Mustafa Shakir qui prête ses traits à ce nouveau super-vilain adapté à l’écran. Avant d’intégrer le casting de la saison 2 de Luke Cage, on a pu le voir dans la série The Deuce, aux côtés de James Franco et Maggie Gyllenhaal, ou encore dans The Night Of. Nous nous sommes rendus à Londres pour le rencontrer autour d’une table ronde afin de discuter, aussi bien de son arrivée dans la série que de questions plus larges, sur la condition du cinéma afro-américiain.

Sur son personnage, Bushmaster

Je dirais que c’est le héros de sa propre histoire. J’ai du mal à le considérer comme un méchant, car quand on connaît sa vie, on se demande, « qu’est ce que je ferais à sa place ? ». Il mène la vie dure, et la vérité c’est qu’on ne sait pas ce qu’on ferait.

Je ressens une certaine fierté à incarner mon personnage. Même si c’est vrai qu’il n’est pas très aimable, il représente néanmoins la partie rebelle d’Harlem, il est la voix de ceux qui sortent d’eux-mêmes, qui testent leurs limites. Donc oui, fier, c’est le bon mot.

Sur le fait de rejoindre le casting en cours de route

Je connaissais déjà Simone Missick, qui interprète Misty : je suis ami avec son mari depuis l’âge de 18 ans. Et d’une manière générale, j’étais bien entouré sur le plateau : Theo Rossi et Mike Colter étaient de très bons guides. Ils étaient de bons conseils sur tout. Mais ça n’empêche pas que j’étais très nerveux et tout excité aussi. C’est un rêve qui se réalise, intégrer cette série : j’ai grandi à Harlem, où l’action se passe, je suis un grand fan de comics…

Sur son quartier natal, Harlem

Je trouve que Marvel dresse un beau portrait nostalgique de Harlem, c’est celui dont je me souviens. Si tu marches dans la bonne rue au bon moment, tu peux ressentir cette atmosphère à nouveau. Les gamins qui jouent dehors, les plus âgés qui jouent aux cartes ou aux dominos…

J’ai vu Harlem beaucoup évoluer, depuis que je suis petit. C’était l’endroit le plus fou au monde, quand j’ai grandi dans les années 80-90, c’était presque un tiers-état. J’ai quitté Harlem autour de 2003, et tout alors avait changé. Avant on ne voyait personne conduire, faire du vélo, maintenant les gens vont courir, circulent… Ce qui est génial ! Sauf que ce ne sont pas vraiment que des changements positifs, ce n’est pas hyper bienveillant, le mec qui va faire du vélo va te dire de dégager de devant lui, donc je trouve pas ça hyper cool. Mais je pense que New York dans sa globalité a beaucoup changé, elle n’encourage plus les artistes. C’est devenu tellement cher, ils ne peuvent tout simplement plus y vivre. Donc je ne pense pas que les changements soient propres à Harlem, mais plus à New York.

Sur la préparation au rôle

Je me suis entrainé pour le rôle comme je me préparerais avant un combat. J’adore ça, être constamment en mouvement, frapper des trucs, courir partout…

En ce qui concerne la chorégraphie des combats, je n’ai vraiment pas eu beaucoup de temps pour m’entraîner. Entre le moment où j’ai su que j’étais pris pour le rôle et le moment de tourner, il s’est écoulé deux semaines. Deux semaines où j’apprenais la chorégraphie en journée, on l’enregistrait, je rentrais chez moi et je révisais.

Sur le succès de Black Panther

Le succès de Black Panther prouve une chose : le mythe qui dit que les productions afro-américaines ne peuvent pas connaître un succès international est infondé. Et je pense que ça nous montre bien le reflet de la réalité : à savoir que les gens en veulent davantage ! On veut voir des gays, on veut voir des trans, on veut voir ce qu’on voit au coin de la rue, c’est bien pour ça que la télé-réalité explose !

Et en ce qui concerne ma propre carrière, j’ai constaté une véritable évolution. Je fais ce métier depuis 21 ans, et il y a une époque où chaque audition que je passais, je devais jouer le rôle d’un braqueur, et je suis loin d’être le seul dans ce cas. Alors qu’avec la série The Deuce, le personnage que j’incarnais était supposé être blanc, au début. Et il existe de plus en plus de rôles interchangeables, je trouve ça chouette pour la diversité.

Parce qu’on voit Superman voler, sauver des gens, mais imaginez un super héros noir aller à la rescousse des gens, je trouverais ça incroyable ! Et pourtant j’ai 41 ans ! Alors imaginez si j’en avais 12 . La représentation est très importante pour la construction de soi, on va se chercher des modèles, on se construit en fonction de nos références. C’est comme un miroir avec lequel on joue, et ça nous permet de grandir.

Sur la difficulté de devenir acteur

J’ai su que je voulais devenir acteur depuis l’âge de 6 ans. À l’époque je regardais Arnold et Willy et je savais que je voulais être comédien, faire les gens rire, être heureux. Ma famille ne voyait pas ça d’un très bon œil, je suis donc allé à l’université de Cornell, pour étudier les affaires et le droit. Mais je ne pouvais pas continuer. Je me réveillais à 8h le matin en me disant que je ne voulais absolument pas faire ça de ma vie. J’ai donc abandonné pour aller à New-York, et intégrer une troupe de théâtre.

Ma mère ne m’a jamais vraiment soutenu dans ma carrière car elle-même voulait devenir comédienne. Mais au bout du compte elle cherchait juste à faire son petit bout de chemin. À son époque, être non seulement une femme mais en plus de couleur noire, c’était encore plus compliqué que maintenant pour percer dans le métier.

 

Marvel's Luke Cage

Sur l’accent caribéen employé dans la série

Je me suis pas mal entraîné à exercer différents accents depuis que je suis petit. J’ai eu la chance de grandir à New-York, dans un environnement multi-culturel, c’était donc plus facile. Aussi, ma sœur est sortie avec un mec de Saint-Kitts, il a habité avec nous pendant un an. Ça aide.

Quand tu te prêtes au jeu, toute la gestuelle de ton corps est modifiée à cause de l’accent. Ta bouche bouge différemment, tout semble différent. Ce qui est amusant, c’est que parfois je garde l’accent, tout à coup je jongle entre différents accents qui me viennent par hasard .

 

 

La saison 2 de Luke Cage est disponible dès à présent sur Netflix. Ci-dessus la bande-annonce.