Rebecca Marder (La Grande magie) : "Sur un tournage comme ça, il n'y a pas de limites !"

La Grande magie, belle féérie de Noémie Lvovsky

Adaptation libre de la pièce dramatique d'Eduardo De Filippo, double drame amoureux prise dans une fable, hommage aux arts forains et à la puissance du spectacle... Noémie Lvovsky réalise bien plus qu'une simple comédie musicale avec La Grande magie, entourée d'un casting prestigieux où les comédiens chantent et dansent, s'amusent, et donnent vie à des personnages complexes et touchants.

Judith Chemla y joue Marta, une épouse malheureuse qui disparaît littéralement lors d'un tour de magie. Un tour de magie d'une charmante et mystérieuse petite troupe, dans laquelle on retrouve notamment une jeune femme romantique incarnée par Rebecca Marder, et Arthur, homme de peu de mots interprété par Damien Bonnard. Ils nous ont raconté leur expérience.

Vous venez vous-mêmes de découvrir La Grande magie, en même temps que le public. Quelle est votre réaction ?

Judith Chemla : Je crois qu'on est tous très émus, après tout ce qu'on a vécu pendant la fabrication de ce film. La Grande magie parle de belles histoires humaines, qui ne sont pas souvent traités sous cette forme féérique. C'est cruel, drôle, tendre...

Damien Bonnard : Le résultat est beau, et on s'est donnés pour ce film. Il a fallu apprendre à danser, à chanter, à se coordonner et à être tous ensemble. Faire avec les défauts de certains et les qualités d'autres. Je pense notamment à François Morel et Denis Podalydès pour leurs grands défauts (rires). En réalité, pour ma part, je vois en Denis Podalydès un nouveau Louis de Funès, avec une grande fragilité. Sa performance m'a secoué.

Danser, chanter, jouer, tout ça dans une forme historique et chorale. Ça représentait un défi de taille ?

Damien Bonnard : C'est un défi, et une chance formidable. Parce qu'au-delà des techniques, il faut arriver à jouer, faire en sorte que ces techniques deviennent une mécanique inconsciente pour pouvoir être vraiment le personnage. Il faut chanter, danser, et aussi réussir à donner ça. Et tout est chanté en live !

Rebecca Marder : Ça c'est un vrai défi, parce qu'il n'y a pas de reprise en studio après. Mais ça pousse tout le monde à être au meilleur de lui-même.

Damien Bonnard : Au meilleur à la 87e prise ! J'exagère, mais il y a forcément beaucoup de prises parce qu'il faut que tout fonctionne, avec tout le monde.

Rebecca Marder : C'est un vrai film de troupe. Et sur un tournage comme ça, il n'y a pas de limites ! Je pense à une scène de spectacle qu'on a tournée des dizaines de fois, et il s'est mis à pleuvoir à torrent, on a tous continué à danser et chanter sous la pluie. On était quand même un troupe très joyeuse.

Judith, c'est votre troisième collaboration avec Noémie Lvovsky. Comment définiriez-vous son cinéma ?

Judith Chemla : Ce que j'adore avec Noémie c'est son côté fantasque, la folie qu'elle met en scène avec un rendu très doux. Ça ne fait pas peur, ce n'est pas âpre, on ne peut qu'aimer. C'est plein de fantaisie, d'imagination, de liberté, d'humour et d'exigence artistique. Parce que Noémie a une exigence infinie, redoutable. Obsessionnelle parfois, mais je sais que quand elle nous demande d'aller au-delà de nos limites, le résultat est là.

Est-ce qu'on retrouve toutes vos performances du tournage à l'écran ?

Damien Bonnard : Non, et ça c'est dégueulasse ! (rires). Il y a des choses tournées qui n'apparaissent pas. Mais le cinéma est comme ça, à partir du scénario, pendant le tournage, au montage, c'est aussi une succession de deuils... Il faut l'accepter.

Judith Chemla : Noémie a dû enlever des passages pour équilibrer le film, parce qu'il y avait vraiment beaucoup de chansons. On donne énormément, tout le temps dans un film de Noémie, forcément il y a des choses qui n'apparaissent pas.

C'est magnifiquement écrit, mais on va beaucoup improviser aussi, faire différentes versions des scènes. Il y aussi des excroissances de scènes, souvent elle laisse tourner la caméra à la fin d'une scène et nous on continue.

Damien Bonnard : Il est permis aux comédiens de faire ces propositions, c'est la beauté d'un tournage comme celui de La Grande magie. Je pense à la scène sur la terrasse de l'hôtel avec François et Rebecca. Il était question qu'on vole des choses, on avait donc des costumes avec des poches très grandes pour faciliter les gestes. Je me suis mis à y mettre les pistaches, puis le pot de fleurs, le champagne, plein de trucs qui n'étaient pas prévus !

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La Grande magie de Noémie Lvovsky arrive au cinéma le 8 février 2023.