Teddy : "on voulait mêler film fantastique et ruralité française" (interview des réalisateurs)

Comment faire un film de loup-garou en France ?

Teddy : "on voulait mêler film fantastique et ruralité française" (interview des réalisateurs)

"Teddy", le deuxième long-métrage des frères Boukherma est en salles depuis le 30 juin. Lors du dernier Festival de Deauville, nous les avions rencontrés pour évoquer ce film de genre français, dont l'action se situe dans une petite région du sud-ouest.

Teddy : un loup-garou dans le sud-ouest

Pour leur deuxième long-métrage, Teddy,  Zoran et Ludovic Boukherma, ont fait un pari osé : une histoire fantastique de loup-garou dans le sud-ouest de la France. Et c'est plutôt réussi (voir notre critique).

Le pitch :

Dans les Pyrénées, un loup attise la colère des villageois. Teddy (Anthony Bajon), 19 ans, sans diplôme, vit avec son oncle adoptif et travaille dans un salon de massage. Sa petite amie Rebecca passe bientôt son bac, promise à un avenir radieux. Pour eux, c’est un été ordinaire qui s’annonce. Mais un soir de pleine lune, Teddy est griffé par une bête inconnue. Les semaines qui suivent, il est pris de curieuses pulsions animales.

Anthony Bajon (Teddy) - Teddy
Anthony Bajon (Teddy) - Teddy © The Jokers

Lors de la présentation du film au dernier festival de Deauville, nous avions rencontré les deux réalisateurs pour évoquer ce film de genre très original.

Teddy : interview des réalisateurs

Racontez-nous la genèse de Teddy

On avait envie d'ancrer un film fantastique dans la ruralité française. La figure du loup-garou était notre envie première. Après Willy 1er, on a connu une longue période au cours de laquelle nous nous sommes peut-être pris un peu trop au sérieux. Nous n'arrivions pas à écrire. Et puis on a tourné un petit court-métrage avec un téléphone, une histoire de loup-garou. Ça nous amusait de faire ça, on avait acheté un masque et des mains en latex dans un magasin de farces et attrapes. Et en faisant ce court, on y a pris beaucoup de plaisir. Ça nous a rappelé des souvenirs de quand on faisait des films enfants. Quand on faisait gicler du sang sur les murs. Il y avait quelque chose d'assez jouissif dans la façon de faire. Et nous nous sommes amusés. On a donc eu envie de faire un long-métrage en suivant cette ligne directrice. 

La figure du loup-garou est présente au cinéma depuis plusieurs années. Ça raconte quoi en 2021 ?

C'est sûr que faire un film de loup-garou en 2021, ça ne résonne pas de la même manière qu'il y a vingt ou trente ans. Le contexte, et l'actualité ne sont pas les mêmes. Et quand on raconte l'histoire d'un jeune qui est exclu, qui a une colère en lui, et qui finit par attaquer des gens, forcément ça résonne différemment aujourd'hui. Mais on ne l'a pas forcé. Il suffisait d'écrire un film de loup-garou très classique pour avoir cet écho. On voulait aussi laisser planer le doute sur sa transformation : est-elle réelle ou métaphorique ?

Quelle est la part d'acteurs non-professionnels dans Teddy ?

Hormis Anthony Bajon, Christine Gautier, Guillaume Mattera et Noémie Lvovsky, tous les acteurs sont non-professionnels. Quand on raconte un film qui se passe en province, c'est important pour nous d'avoir des vrais gens de la région, qu'ils parlent comme ils parlent vraiment dans la région. Pour Teddy on a posté des annonces un peu partout et on a vu beaucoup de monde. Quand on engage des acteurs non-professionnels, on peut pas leur demander le même niveau d'exigence que des acteurs professionnels ou de suivre une méthode. Donc c'est un peu nous qui nous adaptons à eux. Et ça nous permet d'avoir un peu de surprises aussi, car nous sommes très carrés dans notre méthode de travail. Ça permet de casser ça.