Génie comique au physique étonnamment versatile, Robin Williams a aussi joué de la voix pour faire entrer le doublage du cinéma d'animation dans la cour des stars d'Hollywood, avec le doublage de légende du "génie" d'Aladdin.
Aladdin, dessin animé estampillé Disney, est "le premier grand film d'animation qui a fait sa publicité sur le fait qu'il inscrivait un grand nom au doublage", en l'occurrence celui de Robin Williams, écrit le site spécialisé IMDb.
Depuis, les plus grandes stars d'Hollywood, Angelina Jolie, Dustin Hoffman, Tom Hanks, etc, se bousculent pour doubler les blockbusters animés. Mais en 1992 quand sort Aladdin, la tradition est plutôt d'utiliser des acteurs anonymes ou, si acteur connu il y a, de ne pas jouer de son nom, affirme à l'AFP Jerry Beck, historien du film d'animation. Mais "beaucoup de gens sont allés voir Aladdin en apprenant que Williams faisait le génie" qui sort de sa lampe magique.
La performance vocale de l'acteur, qui utilise son don d'imitation stupéfiant pour reprendre la voix d'une quinzaine de célébrités, dont Groucho Marx, Arnold Schwarzenegger, Jack Nicholson ou Robert de Niro, reste de légende. Et pourtant, en prenant le rôle, Robin Williams a fait établir un contrat de non-publicité "parce qu'il travaillait au tarif minimum syndical pour que ses enfants puissent l'entendre dans un film Disney", raconte à l'AFP l'historien Disney Jim Korkis.
Seize heures d'improvisation
Le film marquera une autre innovation, ajoute Jerry Beck. Disney "permet à Robin Williams d'improviser, et utilise ces improvisations". "C'est ce qu'ils font maintenant. Quand ils prennent Jack Black ou Eddie Murphy pour faire des voix, ils leur laissent toute liberté, et c'est quelque chose qui a démarré avec Williams", dit le rédacteur en chef du site internet Cartoon Research. Il y aura pour Aladdin 16 heures d'enregistrements de ces improvisations délirantes, pour un film de 90 minutes.
"Dans la scène d'ouverture du marchand, qu'il double, ils avaient mis des objets sur une table, recouverts d'un drap. William en prenait un au hasard et improvisait", raconte M. Korkis, auteur de "The Revised Vault of Walt" sur l'empire Disney. "Voilà qu'il sort un soutien-gorge, le pose sur sa tête et lance Oh, un double yarmulke ! (kippah juive). Evidemment, la plupart de ces improvisations ne pouvaient être gardées", dit-il.
Robin Williams, dans un entretien télévisé, dira plus tard que le "génie" d'Aladdin fait partie de ses trois personnages préférés, parmi la cinquantaine qu'il a personnifiés. De fait, Disney rompra son contrat de non-publicité et pour se faire pardonner, son PDG Jeffrey Katzenberg offrira à Robin Williams furieux... un Picasso, peintre qu'il adore, d'un million de dollars.
Malgré son talent de doubleur et son intérêt revendiqué pour le film d'animation - il en a souvent présenté les récompenses - Robin Williams finalement n'en doublera que six: Aladdin, Robots et les deux Happy Feet. Son premier doublage avait été en 1992 celui de Les aventures de Zack et Crysta dans la forêt tropicale de Ferngully.
Et pourtant, Robin Williams était "un dessin animé vivant. Il pouvait incarner tant de personnages, tant de personnalités avec sa voix qu'il était parfait pour le film d'animation", conclut M. Beck.
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(13 Août 2014 - Relax News)