L'accident de voiture d'Uma Thurman sur le tournage de "Kill Bill: Vol.2" est "l'un des plus grands regrets" de Quentin Tarantino, affirme le réalisateur qui déplore sa "complaisance" face aux agressions sexuelles à l'encontre du producteur déchu Harvey Weinstein.
Dans un entretien au magazine Deadline mis en ligne lundi, le metteur en scène s'est défendu d'avoir volontairement mis en danger son égérie en la forçant à conduire une voiture en mauvais état sur une route sinueuse, au lieu d'utiliser un cascadeur. L'actrice avait été sérieusement blessée aux jambes et à la tête en percutant violemment un arbre.
Elle devait juste conduire, aucun d'entre nous ne pensait que c'était une cascade.
Assure Quentin Tarantino, admettant toutefois qu"on aurait peut-être dû, mais on n'y a pas pensé".
Il raconte avoir lui-même fait un essai avec la voiture en roulant sur la portion de route que l'actrice doit parcourir entre 50 et 70 km/h. "C'est tout droit, pas de descente, pas de virage caché", assure-t-il.
Sauf qu'il décide finalement de filmer la scène dans l'autre sens car la lumière semble meilleure. Il admet avoir fait "l'une des plus grosses erreurs" en ne faisant pas de nouvel essai. Car la route fait un virage en S et la voiture devient incontrôlable à cause de la caméra installée dans le coffre.
Plus que l'un des plus grands regrets de ma carrière, c'est l'un des plus grands regrets de ma vie.
Car "la confiance a été rompue" pendant plusieurs années, affirme le réalisateur multi-oscarisé.
Il revient sur son comportement, qualifié de violent par Uma Thurman pour la faire tourner. "Tous ceux qui (la) connaissent savent qu'entrer dans sa loge et lui hurler dessus pour lui faire faire quelque chose" est une "mauvaise tactique", dit-il.
Il estime également que l'affaire n'a pas été "étouffée" comme l'affirme l'actrice, qui n'a récupéré que récemment les images de l'accident et les a mises en ligne. A l'époque, la maison de production Miramax avait demandé qu'elle renonce à toutes poursuites en échange de la séquence.
Un schéma d'agression
Sur son compte Instagram, Uma Thurman est revenue lundi sur ses accusations en affirmant ne pas croire "à un acte intentionnel" du réalisateur qui "a beaucoup regretté et a toujours des remords sur cet événement malheureux". Elle ajoute qu'il lui a remis les images de l'accident "en sachant bien que cela pourrait lui faire du tort".
Elle confirme toutefois tenir pour responsables les producteurs du film Lawrence Bender, E. Bennett Walsh "et le célèbre Harvey Weinstein" qui "ont menti, détruit les preuves et continuent à mentir sur le mal définitif qu'ils ont causés et qu'ils ont choisi de réprimer".
L'opération de dissimulation avait une intention de nuire, honte à ces trois-là pour l'éternité.
Lance-t-elle.
Deux des plus gros succès d'Uma Thurman, Pulp Fiction (1994) et Kill Bill (2003), ont été réalisés par Tarantino et produit par Weinstein, alors que le duo était à l'époque l'un des plus puissants d'Hollywood. Depuis, le producteur a été accusé par plus d'une centaine d'actrices de viols ou de harcèlement sexuel. Il nie toute relation forcée.
Quentin Tarantino revient également sur sa connaissance des agissements du producteur à travers Mira Sorvino, son ancienne compagne, victime d'attouchements.
J'étais horrifié pour elle et vraiment embarrassé pour lui.
Dit-il, pensant à l'époque que Weinstein "avait le gros béguin pour Mira".
Quand Uma Thurman fait les mêmes accusations lors de la préparation de Kill Bill, Tarantino dit avoir "réalisé qu'il y avait une méthode dans les pièges et les agressions de Harvey" et l'avoir forcé à présenter des excuses à l'actrice.
Il regrette sa "complaisance" à l'époque alors que depuis la révélation du scandale, "les gens se sont regardés dans un miroir", dit-il.