Nu : la série à poil d’OCS

Nu : la série à poil d’OCS

Nous étions présents lors du tournage de "Nu", la nouvelle série d’OCS qui ose faire tomber la chemise, et bien plus encore...

Nous sommes le 24 octobre 2017, un matin pluvieux dans la rue Quincampoix dans le 3e arrondissement de Paris. Au numéro 83, un club échangiste connu du milieu parisien. L’intérieur révèle des néons rouges et des masques sur les murs. Pourtant, passé un premier escalier, surprise, trois comédiens jouent une scène, vêtues de cagoules et de grosses doudounes. On est bien loin de l’ambiance échangiste que laissait présager le lieu. Et encore plus de ce que promettait le pitch de Nu, nouvelle série d’OCS dont nous avons pu assister au tournage.

En 2026, en réponse à l’insécurité et au terrorisme, les gouvernements européens prônent la transparence totale. Désormais, les citoyens devront être nus en public. Une mesure drastique bouleversée lorsqu’une personne qui a initié la « Loi transparence » est retrouvé morte. L’enquête est alors confiée à Frank Fisch (Satya Dusaugey), policier tombé dans le coma avant l’application de la loi. Accompagné de sa coéquipière Lucie (Malya Roman), il va faire, entre autres, la découverte d’un groupe de rebelles, nostalgiques du vêtement, qui préparent leur révolte.

Nu : la série à poil d’OCS
© Thomas Balaÿ pour OCS / Capa TV

 

Une idée très originale

Cette idée étonnante est née dans l’esprit d’Olivier Fox en réaction au plan Vigipirate. Six mois après les attentats, c’est en voyant passer une équipe Vigipirate, qu’il se dit que le plus simple pour vérifier ce que transporte les gens serait de déshabiller tout le monde. À partir de là, Olivier Fox et ses co-scénaristes Olivier Duplat et Judith Godinot ont imaginé une société où la transparence est totale. Ils ont ainsi fait de Nu une sorte d’anti-Handmaid’s Tale (car partout sauf en Angleterre, Brexit oblige) mixée à The Walking Dead - pour le coup du coma, qu’on doit aussi à 28 jours plus tard). Des clins d’œil assumés qui donneront naissance avant tout à une série policière originale.

On a détourné tous les archétypes narratifs de la série policière avec la nudité

Explique Olivier Fox. Voir OCS s’y intéresser n’est donc pas si surprenant. La chaîne ayant déjà pratiqué l’art du détournement (le western avec Templeton, le film de guerre avec Lazy Company…). Vient alors la question de la nudité, qui sera présente dans la série, sans cadre bien placé pour cacher certaines parties.

Il y a bien 4 épisodes « habillés » dans la saison nous indiquait le réalisateur. Ce jour-là, aucun comédien ne tombera la veste donc. Pas de bol pour nous ! Le reste du temps, un tel tournage demande évidemment une certaine organisation.

Pas de problème de nudité

Nu : la série à poil d’OCS
© Thomas Balaÿ pour OCS / Capa TV

Il y a des villes qui étaient d’accord pour qu’on filme avec des comédiens entièrement nus, mais forcément, il faut penser aux habitants dans les maisons.

Précise la production Capa (Braquo, Versailles). Reste alors à convaincre les comédiens de jouer sans aucun artifice. Pour les acteurs de théâtre, comme Vincent Salignac, ou pour un Sebastian Barrio (ex acteur de X), la nudité n’est pas un réel problème.

Il n’y a pas de différence quand on joue nu, parce qu’on ne pose pas de regard sur le corps.

Affirme Sebastian Barrio

C’est justement la nudité qui fait office de costume ici.

Renchérie Vincent Salignac. Pour les autres, même si la production avait annoncé la couleur, la situation a de quoi interroger. Mais lorsqu’on le questionne sur d’éventuels moments gênants durant le tournage, Olivier Fox coupe court

Il y a eu cinq minutes un peu bizarres, mais après, jouer nu n’a pas posé de problème, parce que si la situation justifie d’être nu. Donc oui, on ne cache pas la nudité, on a du full frontal, mais on ne tombe pas dans le voyeurisme. On a cherché un équilibre

Nu : la série à poil d’OCS
© Thomas Balaÿ pour OCS / Capa TV

Évidemment, Nu ne doit pas être réduite à une série « nudiste ». L’objectif n’est pas de montrer des sexes (ni même DU sexe), et encore moins de s’en servir comme élément comique. Les personnages, très premier degré, assurant déjà cette partie-là. Il y a donc avant tout une histoire, qui se doit d’être tournée en faisant abstraction de ce détail indique la comédienne Satya Dusaugey :

On ne peut pas jouer uniquement sur le décalage de la nudité, on aurait tourné en rond.

Dans la lignée des créations OCS

Nu a donc évidemment demandé, aux comédiens, mais également à l’équipe technique en général, de sortir de leur zone de confort. C’est un peu la marque de fabrique d’OCS avec ses productions actuelles. L’année derrière, la chaîne du groupe Orange avait fait un saut dans les étoiles avec Mission. Une production au budget très inférieur à celui des créations de Canal+ par exemple, mais qui parvient à développer sa créativité sans jamais paraître cheap.

Ici encore, la production a imposé des contraintes. Avec un tournage sur 24 jours, pour un format de 10x22min. Ce qui oblige à tourner en moyenne dix minutes d’épisode par jour (avec deux caméras), là où la plupart se limitent à cinq minutes. Un tournage express qui ne rebute pas les équipes.

L’équipe est payée au minimum syndical, donc ils viennent avant tout pour le projet. Et là encore, c’est très excitant, parce qu’on a l’impression de faire quelque chose de hors-norme.

Une déclaration qui vient de la production, mais qu’on avait déjà entendu l’année dernière de la bouche de Jean-Toussaint Bernard à propos de son aventure sur Mission. Ce dernier évoquait alors la bonne réputation d’OCS qui, avec ses moyens « modestes », offre des projets ambitieux et des rôles de plus en plus appréciés par les gens du milieu. D’autant que la chaîne cherche toujours à offrir de la qualité, même visuelle. En atteste le format utilisé ; Nu est une des rares séries à être tournée en 2.35, comme Irresponsable et Mission.

Décidément, la série française et OCS n’ont pas fini de nous surprendre. On pourra juger du résultat au printemps 2018 !