Siempre Bruja : pourquoi la série Netflix fait polémique ?

Siempre Bruja : pourquoi la série Netflix fait polémique ?

Avec une héroïne afro-colombienne mais aussi, apprentie sorcière du 17ème siècle, la série Netflix "Siempre Bruja" avait de quoi susciter l'intérêt des internautes. D'autant plus qu'elle se déroulait dans la ville colombienne de Carthagène, et qu'elle évoquait l'époque coloniale. Dommage, à sa sortie, l'espoir d'une vision progressiste et innovante est vite balayée au profit d'un scénario décousu et inconvenant où l'esclavage n'est là que pour servir une romance un peu spéciale.

Symboliquement mise en ligne le 1 février - premier jour du Black History Month ou « mois de l’histoire des Noirs », commémorant l’histoire de la diaspora africaine aux Etats-Unis -, la série Siempre Bruja (L'Éternelle sorcière) manque à tous ses devoirs ! Loin du scénario engagé et progressiste auquel on pouvait s'attendre, la série pour ados initiée par Diego Vivanco et Ana Maria Parra ouvre une nouvelle polémique autour de la question identitaire.

Un drôle de sens des priorités

Après la polémique autour de la série Insatiable, décriée pour son caractère grossophobe, c'est au tour de Siempre Bruja de faire parler d'elle, jugée déplacée voire raciste. Un comble pour cette nouveauté Netflix dont l'actrice principale, Angely Gaviria, incarne une jeune esclave afro-colombienne. Le pitch officiel : Une jeune sorcière du 17e siècle voyageant dans le futur pour sauver l'élu de son cœur se retrouve confrontée à la modernité et à un puissant ennemi. Jusqu'ici, tout va bien.

Ce que ce résumé omet de préciser, c'est le contexte dans lequel cette romance s'inscrit. Tout commence en 1646, à Carthagène des Indes, en Colombie. C'est ici que vit Carmen, une jeune esclave noire et apprentie sorcière condamnée au bûcher pour avoir entretenu une liaison avec Cristobal, le fils de son maître blanc. Mais plus qu'échapper à sa condition d'esclave ou au bûcher, ce qui anime Carmen, c'est sauver son cher et tendre, abattu devant elle. Pour ce faire, elle est contrainte d'accepter la mission d'un autre sorcier qui l'envoie quatre siècles plus loin dans le futur. Après quoi, elle pourra sagement retourner à sa place.

50 nuances de malaises

A l'image de la synthèse que Netflix fait de sa nouvelle série, le contexte social et politique de cette idylle semble n'être qu'un détail. Que l'ultime but de cette esclave soit de sauver le fils de l’homme blanc qui l’a réduite en esclavage a pourtant de quoi choquer.Pire, il est acté qu'une fois sa mission accomplie, elle pourra retourner à sa condition d'esclave. Vraiment, pas de doute : Carmen est une personne altruiste ! Quant à son bond dans le futur, il lui aura permis d'acquérir un bon sens de la mode et d'apprécier les fantaisies des nouvelles technologies. Au final, la thématique de l'esclavage en toile de fond se transforme en accessoire, simplement bonne à servir une histoire d'amour qui transformerait Anastasia Steele et Christian Grey en Télétubbies.

Et Joyeux Black History Month !

Il est clair qu'on ne s'attendait pas à ça de la part de la plateforme dont la seule promotion aura consisté à faire sortir la série le premier jour du Black History Month. Du reste, on en a si peu entendu parler en Europe et aux Etats-Unis que des internautes ont accusé Netflix de maintenir dans l'ombre la première sitcom proposée avec une héroïne afro-colombienne. En voilà qui n'ont pas dû être déçus du voyage ! Depuis sa sortie, les commentaires offusqués font rage sur Twitter :

Pour peu qu'il y ait une saison 2, on se demande bien quelle sera la suite ! Un dîner avec la belle famille autour d'un bûcher bien chaud ? On connaît des parents qui risquent de se demander ce qu'ils ont bien pu faire au Bon Dieu.