Alors que la première partie de la saison 8 de "The Walking Dead" vient se s’achever, bilan temporaire (et amer) d’une série sérieusement en perte de vitesse.
Peut-on sérieusement encore sauver le soldat Rick Grimes ? Après six ans de hauts et de bas, de déceptions et de délicieuses fulgurances, la série The Walking Dead est en véritable chute libre depuis l’avènement de sa septième saison.
Chute libre du côté des audiences bien sûr, où la fiction zombiesque ne se serait jamais portée aussi mal que pour sa huitième rentrée. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le "mid-season", censé servir de point culminant, n’a rassemblé "que" 7,5 millions de spectateurs américains. C’est bien peu pour un programme qualifié il y a encore peu de « phénomène ». Mais pourquoi son audience semble se diluer comme peau de chagrin ? Cela va sans dire, mais on le dit tout de même, la suite de cette article sera généreuse de spoilers.
Une mécanique usée jusqu’à la lie
L’un des points noirs évidents de la série est son cruel manque d’enjeu. Depuis la saison 7, la trame est la même et se résume en un seul nom : Negan. Devenu le nouvel antagoniste par excellence, le combat qui l’oppose à la communauté de Rick rythme les épisodes. Enfin, "rythme" est bien un grand mot… Car force est de constater que depuis l’arrivée de Negan dans la fiction, les chapitres se suivent et se ressemblent.
Les showrunners puisant et usant jusqu’à la lie d’un seul et même schéma narratif. Prenez des notes :
- Negan dicte sa loi à grands coups de logorrhées indigestes et de massacres exagérément trash.
- Rick, seul résilient, met en place une stratégie quelque peu kamikaze pour reprendre le pouvoir.
- Negan et sa tribu, les "sauveurs" semblent vaciller. La fin d’une tyrannie ?
- Eh non, car l’homme au perfecto et à la diarrhée verbale a toujours un va-tout à jouer et reprend le pouvoir in extremis.
Une mécanique redondante, et pourtant. Voici quasi vingt épisodes qu’elle est infligée aux spectateurs, sans même la voir nuancée d’un iota. Pour sûr, le fan n’attend pas que Michonne et les autres héros triomphent en deux coups de sabre et trois épisodes. A quoi bon ? Mais voir ainsi le même schéma se répéter ad nauseam… On comprend mieux l’abandon massif des spectateurs. Si certains sont purement et simplement lassés, d’autres en ont juste assez d'être pris pour des imbéciles (et on reste poli).
Exit les zombies, places aux monstres humains
D’aucuns remarqueront aussi que dans ce schéma scénaristique énoncé plus haut, point de place aux zombies. Si bien que l’adaptation des comics de Robert Kirkman n’aura jamais aussi mal porté son nom. Ancienne et pesante menace, les macchabées sont désormais cantonnés à l’arrière-plan, partie intégrante du décor. Alors, certes, l’apocalypse ne date pas d’hier et on imagine, non sans mal, que les survivants ont pris l’habitude des rôdeurs et de leur odeur. Mais faire des infâmes créatures des figurants parmi tant d’autres, ou, tout un mieux, des chevaux de Troie (voir les derniers épisodes) n’aurait pas franchement rendu fier George A. Romero, croyez-nous.
Bien sûr, on joue ici quelque peu la carte de la mauvaise foi. Et on comprend (plus ou moins) ce que les scénaristes espèrent amener : un monde crépusculaire où la menace ultime n’est pas la mort mais l’homme, encore bien vivant, mordu non pas par un vilain zombie mais par ses turpitudes enfouies et son instinct de survie. Et c’est peut-être d’ailleurs là tout ce qu’il reste à sauver de cette saison 8. Des personnages qui, enfin ( !) développent un semblant de psychologie.
Des héros condamnés à l'échec ?
Aussi, après avoir opté pour la carte de la zenitude, Morgan a soif de vengeance. Enfin, Rick se montre un peu plus méfiant, même si définitivement trop dans la compassion. Dans la même veine, Daryl sait qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs et semble prêt à tuer la veuve et l’orphelin pour sauver les siens. Un point de vue un chouïa hédoniste (et assez incohérent quand on connaît le personnage) mais qui a du sens.
Car à force de vouloir jouer les sauveurs du monde, ou du moins ce qu’il en reste, nos héros sont condamnés à l’échec. Et donc à se battre indéfiniment contre Negan ou toute autre Némésis qui prendra sa place… (les chuchoteurs dans les comics). Alors, quitte à pleinement verser dans l’aventure humaine et non plus zombifique, espérons donc que les scénaristes poursuivent dans cette voie. Après tout, les monstres ne sont pas toujours ceux que l’on croit.