Alpha sur Netflix : pourquoi le film a provoqué la colère de PETA à sa sortie

Des animaux en danger

Alpha sur Netflix : pourquoi le film a provoqué la colère de PETA à sa sortie

Dans le survival préhistorique "Alpha", un jeune garçon se lie d’amitié avec un loup. Un long-métrage qui a provoqué la colère de l’association PETA lors de sa sortie en 2018.

Alpha : amitié préhistorique

En 2018, Albert Hugues réalise son premier film en solo avec Alpha, séparé de son frère Allen avec lequel il a signé Menace II Society, Génération sacrifiée, From Hell ou encore Le Livre d’Eli. Et pour cette première expérience où il se retrouve seul aux commandes, le cinéaste s’essaie au survival préhistorique.

Comme l’explique Morgan Freeman – narrateur de toute aventure épique qui se respecte – dans l’introduction, Alpha se déroule en Europe, il y a 20 000 ans. Le jeune Keda apprend la chasse au côté de son père Tau, leader de sa tribu. Mais alors que celle-ci attaque un troupeau de bisons, l'un des animaux projette Keda du haut d’une falaise.

Alpha
Keda (Kodi Smit-McPhee) - Alpha © Sony Pictures Entertainment

Se réveillant seul et blessé, le héros n’a d’autre choix que de mettre en application les préceptes de ses aînés afin de rester en vie dans un environnement hostile. Déterminé à retrouver les siens, il se lance dans un long périple, bravant notamment un hiver extrêmement rude de la dernière période glaciaire. Sa longue traversée prend un tout autre sens à mesure qu’il se lie d’amitié avec un loup, qu’il baptise Alpha.

Après le garçon de La Route, Kodi Smit-McPhee incarne ici un autre personnage lancé dans un récit initiatique dangereux. Jóhannes Haukur Jóhannesson (Game of Thrones) interprète quant à lui le chef de tribu dévasté par la perte de son fils.

Un projet risqué

Dans le paysage hollywoodien actuel, Alpha s’impose comme une proposition étonnante et risquée. Tourné en Colombie-Britannique et en Alberta, au Canada, le film est une immersion dans des étendues infinies, où les quelques visages qui apparaissent à l’écran sont peu familiers des spectateurs.

Alpha ne bénéficie donc pas de la présence d’une star et repose sur un langage inconnu. En dehors des quelques lignes du narrateur, Christine Schreyer crée les rares dialogues du long-métrage. L'enseignante, qui donne des cours d'anthropologie à l’Université de Colombie-Britannique, met deux ans à les élaborer.

Lors de son exploitation aux Etats-Unis en août 2018, Alpha se retrouve par ailleurs face à Crazy Rich Asians et En eaux troubles. Un autre paramètre pouvant expliquer qu'il peine à trouver son public dans le pays. Doté d'un budget de 51 millions de dollars selon Box Office Mojo, le film en rapporte près de 36 aux USA, contre plus de 62 à l’international. Un score qui paraît faible face aux 530 millions de dollars de recettes mondiales du blockbuster aquatique porté par Jason Statham et aux 238 millions de la comédie avec Constance Wu et Henry Golding.

Un appel au boycott lancé par PETA

Au moment de sa sortie aux Etats-Unis, PETA appelle à boycotter Alpha. L’association de défense des animaux s’insurge contre certaines conditions de tournage, reprenant un article publié par le Hollywood Reporter deux ans plus tôt, en juin 2016. Le site affirme alors que cinq bisons auraient été abattus et écorchés pour une scène du projet, alors baptisé The Solutrean. Interdisant un tel usage, l’American Humane Association ouvre une enquête.

La société de production Studio 8 se défend immédiatement. Elle invite l’association à se rendre sur le tournage et affirme :

(Studio 8) s’est engagé de manière proactive avec une entreprise de transformation de viande réputée pour acheter des carcasses de bisons.

Un porte-parole de Sony, coproducteur, assure en parallèle qu’aucun animal n’a été tué spécialement pour le film. De son côté, l’éleveur John Scott - qui fournit les bêtes - clame qu’il est en droit de faire ce qu’il veut de ses bisons. L’American Humane Association impute la responsabilité des faits à ce dernier. Elle déclare ainsi dans un communiqué publié en septembre 2016 :

American Humane a embauché un enquêteur indépendant. Cet enquêteur tiers a déterminé que bien que la production ait fait tout son possible afin qu’aucun animal ne soit blessé, l’éleveur, contrairement à notre politique, a tué des bisons pour le film. Une violation flagrante de nos directives que nous ne pouvons et ne tolèrerons pas.

Vulture rapporte ensuite qu’il y aurait eu une incompréhension entre John Scott et la production d’Alpha. American Humane n’accorde quoi qu’il en soit pas la certification au long-métrage affirmant qu’aucun animal n’a été blessé ou tué pour les besoins du projet. Une décision cependant jugée insuffisante par PETA. L'organisme fustige l’emploi de véritables animaux tels que Chuck, chien-loup tchécoslovaque et star du film.