Detroit sur Netflix : c'est quoi la technique des 4 caméras ?

Detroit sur Netflix : c'est quoi la technique des 4 caméras ?

"Detroit" est le dernier film en date de Kathryn Bigelow, la cinéaste culte derrière les inoubliables "Point Break" et "Démineurs". Avec "Detroit", elle revient sur les émeutes particulièrement violentes de 1967. L'occasion pour elle d'offrir une mise en scène impressionnante grâce à une technique particulière.

Detroit : film culte

En octobre 2017, Kathryn Bigelow était de retour avec son nouveau film : Detroit. Une œuvre coup de poing à travers laquelle elle revenait sur les émeutes de 1967, pendant lesquelles 43 personnes sont décédées et 467 autres ont été blessées. Il s'agit des émeutes les plus violentes derrière celles des Draft Riots en 1963 et celles de Los Angeles en 1992. Detroit est rapidement devenu une référence du genre, porté par un casting impressionnant notamment composé de John Boyega, Will Poulter, Jack Reynor, John Krasinski ou encore Anthony Mackie. Une belle brochette pour ce film politique nécessaire qui revient sur une époque qui n'est toujours pas révolue.

Detroit dimanche 27 septembre sur Arte : découvrez la technique des 4 caméras

Detroit raconte la vague de manifestations à l'été 1967 dans la ville de Détroit. La guerre du Vietnam et la ségrégation raciale nourrissent la contestation de plus en plus violente. Un climat insurrectionnel se met en place. Les violences raciales se multiplient et des coups de feu raisonnent à proximité de l'Algiers Motel. Bafouant toute procédure, les policiers soumettent les clients de l'hôtel à un interrogatoire sadique pour extorquer des aveux. Le bilan est lourd : trois hommes afro-américains non-armés sont abattus à bout portant. Le film suit notamment Melvin Dismukes (interprété par John Boyega), un agent de sécurité privé qui tente de survivre tout en protégeant comme il peut ses concitoyens de la violence raciale dont ils sont victimes.

La technique des 4 caméras

Kathryn Bigelow est une cinéaste expérimentée. Elle débute sa carrière en 1982 avec The Loveless, mais c'est en 1991 avec Point Break : Extrême Limite qu'elle perce réellement. Après Strange Days ou encore K-19 : le piège des profondeurs, elle remporte 6 Oscars pour l'excellent Démineurs, dont ceux du Meilleur film et de la Meilleure réalisatrice. Puis, en 2013, elle raconte la traque de Ben Laden à travers Zero Dark Thirty, qui est nommé à 5 reprises aux Oscars. Avec Detroit, elle marque une nouvelle fois les esprits. Et ce malgré un score décevant au box-office avec seulement 23 millions de dollars de recettes pour un budget de 34 millions. Un résultat qui ne rend pas hommage au travail de la cinéaste. Le film a été boudé aux Oscars et autres cérémonies de récompenses.

Detroit dimanche 27 septembre sur Arte : découvrez la technique des 4 caméras

Pourtant, Detroit respire le style de Kathryn Bigelow, qui possède une maîtrise certaine de la mise en scène. La cinéaste a en effet réutilisé une technique particulière qu'elle avait déjà employée pour Démineurs. Elle utilise 3 à 4 caméras simultanément pour tourner ses séquences. Ainsi, les caméras tournent constamment autour des acteurs en mouvement. La réalisatrice éclaire tout le plateau dans le même temps, laissant ainsi à ses acteurs une liberté de mouvement accrue. Généralement, elle laisse tourner ses caméras sans interruption, n'arrêtant jamais l'action. Le but est de donner un réalisme aux séquences. De les laisser s'exprimer dans le temps. Et surtout de boucler rapidement les prises. Avec 3 ou 4 caméras qui tournent en permanence, cela lui permet de boucler une scène en 2 ou 3 prises seulement.

En tout cas, Detroit est une fresque historique nécessaire et indispensable, surtout en cette époque sombre où le mouvement Black Lives Matter raisonne de plus en plus fort.