La Guerre des mondes sur Netflix : comment Steven Spielberg a modernisé le roman d'H.G Wells

Un des meilleurs Spielberg

La Guerre des mondes sur Netflix : comment Steven Spielberg a modernisé le roman d'H.G Wells

Trois ans après "Minority Report", Steven Spielberg retrouve Tom Cruise pour une nouvelle oeuvre de science-fiction qui va marquer les années 2000. Le réalisateur adapte et modernise "La Guerre des Mondes" pour en faire un film qui en dit long sur l'Amérique post-11 septembre.

À la base, il y a un classique de la littérature

C'est à une pierre angulaire de la littérature SF que touche Steven Spielberg quand il adapte La Guerre des Mondes. Le roman d'H.G. Wells, publié à la fin des années 1890, n'était pas le matériau que l'on imaginait le plus Spielberg friendly, en raison d'une certaine noirceur. Les aliens de l'auteur britannique ne viennent pas pour plaisanter ou se lier d'amitié avec les hommes.

Avant de parler de cette adaptation, revenons-en à cette trame originale. L'intrigue se lance en 1894, quand des astronomes sont inquiets à la suite d'une étrange découverte du côté de la planète Mars. Le temps passe et les phénomènes qu'ils avaient observés à l'époque menacent la Terre. Des objets non identifiés tombent du ciel en Angleterre. Lorsque les hommes commencent à s'y intéresser de plus près, ces derniers prennent vie et deviennent des machines de plusieurs mètres de haut qui attaquent tout ce qui bouge. Les terriens se rendent compte qu'ils sont envahis par les aliens et même l'armée ne sera pas assez forte pour les contrer... Chacun va devoir se battre pour sauver sa vie.

La Guerre des mondes dimanche sur 6Ter : comment Steven Spielberg a modernisé le roman d'H.G Wells

La Guerre des mondes : parabole glaçante du 11 septembre

S'il en reprend des éléments majeurs, le film de Steven Spielberg parvient à se détacher du roman avec d'autres intentions. Exit le Londres victorien, son intrigue s'implante de nos jours. C'est ce choix qui va tout conditionner et orienter cette relecture moderne qui n'aurait pas lieu d'être sans les attentats choquants du 11 septembre 2001. La Guerre des Mondes scénarisé par Josh Friedman et David Koepp se passe dans les années 2000, avec le spectre de ce drame qui plane sur des séquences d'attaque. Les aliens représentent les envahisseurs, ces terroristes étrangers.

La Guerre des mondes dimanche sur 6Ter : comment Steven Spielberg a modernisé le roman d'H.G Wells

Quand Spielberg met en scènes la première attaque des tripodes, notamment, on pense revoir les images de ce jour où les Tours jumelles ont été attaquées. La caméra se place à hauteur des hommes pour restituer l'aura de chaos qui régnait dans les rues ce jour-ci, avec de la poussière en abondance, des débris qui tombaient du ciel et la mort qui se répandait partout. Le film entier ne mise pas que sur cette imagerie, mais la parabole sur le 11 septembre se ressent continuellement. On y voit une grande nation, touchée par une menace qu'elle n'a pas pu déjouer. Par définition, les aliens viennent de l'espace, ils sont au-dessus de nos têtes. Le parallèle avec les avions détournés saute aux yeux, car là aussi la menace est arrivée par le ciel, sans moyen de les arrêter.

Le final, que certains ont jugé ridicule ou trop simpliste (les aliens ont été vaincus par des microbes), n'est en réalité pas un véritable happy end. Les aliens ne sont plus sur Terre MAIS ce ne sont pas les Américains qui ont réussi à les vaincre. Ils n'ont, en réalité, eu aucun rôle dans cette victoire. Ce qui les réduit à l'état de spectateurs, forcés de subir plutôt que d'être proactif. Cette conclusion était déjà dans le roman de Wells et elle permet ici de pointer encore plus du doigt la fragilité du peuple américain, qui se pense parfois plus fort qu'il ne l'est. Sur ce versant, le comportement du gamin de Ray est intéressant. Il insiste pour s'engager dans l'armée, pour défendre son pays plutôt que de rester auprès de sa famille. Comme endoctriné par une idéologie conquérante (et prétentieuse) enracinée profondément dans la culture américaine. Or, le film démontre qu'elle trouve rapidement ses limites...