Lost in Translation : pourquoi Sofia Coppola a voulu tourner au Japon

Lost in Translation : pourquoi Sofia Coppola a voulu tourner au Japon

Second film de Sofia Coppola, "Lost in Translation" propulse Bill Murray et Scarlett Johansson au Japon pour une réflexion douce-amère sur le sens de la vie. Un film qui fait son entrée dans le catalogue d'Amazon Prime Video. Retour sur le choix fait par Sofia Coppola de tourner au Japon.

Lost in Translation : un second film réussi

Un premier film, un chef-d'oeuvre. Avec Virgin Suicides, Sofia Coppola a contredit les mauvaises langues qui pouvaient dire qu'elle en était là parce qu'elle était la fille d'une légende. Elle inaugure sa filmographie avec un grand film sur l'adolescence. À l'heure de se lancer dans son second essai, la pression est toute aussi grosse sur ses épaules car il faut confirmer. Avec Lost in Translation, elle part sur quelque chose de vraiment différent.

Les jeunes filles de Virgin Suicides laissent place à Bill Murray et Scarlett Johansson. Le premier incarne Bob Harris, un acteur dont la carrière commence sérieusement à balbutier. En perte de vitesse et dans l'incapacité de trouver de nouveaux rôles intéressants, il se rend à Tokyo pour tourner une publicité qui lui permettra de gagner de l'argent en cette période de vaches maigres. Son passage en terre nippone sera difficile. Pas aidé par un décalage horaire conséquent, il ne parvient pas à profiter de la culture locale. Plus à l'aise dans sa chambre d'hôtel qu'au contact des locaux, il semble totalement déconnecté du reste du monde. Sa rencontre avec Charlotte, une américaine, va chambouler son séjour. Cette compagne d'un photographe réputé sent qu'il ne lui apporte pas ce qu'elle cherche. C'est auprès de cet étonnant Bob qu'elle va se sentir revivre.

Lost in Translation : pourquoi Sofia Coppola a voulu tourner au Japon

Sofia Coppola sous le charme du Japon

Une américaine qui veut tourner au Japon, ce n'est pas un geste anodin. Le pays s'est développé une culture qui diverge de ce qu'on peut voir aux USA, que ce soit dans les mentalités, le mode de vie, l'architecture, l'ambiance. Cette différence est justement ce qui a inspiré Sofia Coppola pour Lost in Translation. La jeune femme connaît bien Tokyo puisqu'elle s'est souvent rendue là-bas. De son temps passé sur place, elle en tire une envie d'installer son nouveau récit dans ce cadre. Elle sent que ce décor est idéal pour mettre en scène la rencontre entre deux êtres qui sont perdus. L'immersion dans une culture radicalement différente renforce ce sentiment de perdition, car le contact avec les autres est trop compliqué. Cette incompatibilité se ressent à l'image et c'est ce que Sofia Coppola va chercher au Japon. La même histoire sur le territoire américain aurait eu moins d'impact émotionnel, quand bien même les personnages et la structure éparse du récit auraient été identiques. Ce dépaysement était vital. La réalisatrice n'aurait d'ailleurs peut-être jamais pu imaginer ce film si elle ne connaissait pas Tokyo, car tout part de propre expérience, de ses propres émotions.

Lost in Translation : pourquoi Sofia Coppola a voulu tourner au Japon

Elle trouve également dans ses voyages ce troisième personnage primordial : l'hôtel Hyatt. Lost in Translation se déroule une bonne partie de son temps dans ce cinq étoiles qui s'élève au milieu de la ville. Les deux personnages peuvent bénéficier d'une vue magnifique mais elle a surtout comme intérêt de renforcer leur propre solitude. Quand ils se tiennent devant ces vitres, ils constatent chacun l'immensité de ce qui se trouve à l'extérieur. Même à l'intérieur, il sont amoindris par l'ampleur de Tokyo. Plusieurs scènes dans différentes parties de l'hôtel (les chambres, le restaurant, la salle de sport) mettent l'accent sur les vitres pour faire pénétrer le dehors dans le dedans. L'importance de Tokyo est d'autant plus importante au sein d'un scénario assez maigre. Lost in Translation, ce n'est pas une narration classique avec une progression où il se passe de nombreuses choses. Au contraire, il est question d'errance, de stagnation. Dans un film qui tient sa préciosité de son immense vide impalpable, que deux âmes frappées par l'inconsistance de leur existence ne peuvent combler. Ensemble ou séparément.

Lost in Translation de Sofia Coppola est disponible sur Amazon Prime Video le 1er septembre. Ci-dessous la bande-annonce :