Ad Astra sur France 2 : Brad Pitt a "pioché" dans ses tourments personnels pour son rôle

Quand la vie privée aide le jeu d'acteur

Ad Astra sur France 2 : Brad Pitt a "pioché" dans ses tourments personnels pour son rôle

Durant la production d’"Ad Astra", Brad Pitt traverse une période très compliquée dans sa vie personnelle. Des épreuves dans lesquelles l’acteur va puiser pour incarner un fils qui s’aventure aux confins de l’espace pour retrouver son père.

Ad Astra : l’odyssée de James Gray

En 2011, alors qu’il est en quête de financements pour The Lost City of Z, James Gray débute l’écriture du script d’Ad Astra. Huit ans plus tard, le film de science-fiction sort dans les salles obscures et permet au cinéaste de diriger Brad Pitt, après leur rendez-vous manqué sur le long-métrage centré sur Percy Fawcett. S’il officiait en tant que producteur exécutif sur le projet, le comédien avait dû renoncer au rôle de l'explorateur en raison de contraintes d’emploi du temps, laissant sa place à l’excellent Charlie Hunnam.

S’ils s’inscrivent dans des genres différents, The Lost City of Z et Ad Astra semblent se répondre. James Gray se penche à travers ces deux œuvres sur le besoin d’aller vers des destinations inconnues, tout en questionnant la place du père. Dans Ad Astra, le père est incarné par Tommy Lee Jones, qui prête ses traits à l’astronaute Clifford McBride. Disparu depuis seize ans, ce dernier était aux commandes du Projet LIMA, dont le but était de rechercher une forme de vie extraterrestre dans une base à proximité de Neptune.

Ad Astra
Roy Clifford (Brad Pitt) - Ad Astra © Walt Disney Studios Motion Pictures

À la suite d’une surcharge électrique destructrice venue de la planète, son fils Roy (Brad Pitt) est chargé de le retrouver. Débute un long voyage stellaire pour l’ingénieur de la NASA, qui remettra en cause sa vision de l’humanité, de l’univers ainsi que sa relation avec son père. Donald Sutherland, Ruth Negga et Liv Tyler complètent la distribution de ce périple où se côtoient l’intime et l’immense.

Le regard de Brad Pitt

De Little Odessa à Ad Astra, en passant par The Yards ou La Nuit nous appartient, la cellule familiale est un élément central du cinéma de James Gray. Elle peut être une source de douleur ou de réconciliation et conduire à des engrenages infernaux ou au contraire à l’apaisement. La quête de Roy Clifford vers son père le guide pour avancer et se retrouver, malgré les désillusions vécues pendant sa traversée de l’espace.

En cela, Ad Astra est probablement l’un des films les plus "optimistes" de James Gray. Interrogé par Cinéma Teaser en 2019, le réalisateur précise à ce sujet :

Il est évident qu’une sorte de réconciliation, sans doute inconsciente, est en train de s’effectuer en moi. J’ai 50 ans. J’ai une merveilleuse épouse et trois enfants fantastiques. Ma vie est magnifique, à bien des égards – pas à tous les égards car, comme tout le monde, j’ai mes déceptions. À un certain point dans la vie, les idées de transformation et de transcendance prennent une grande importance.

Porteur des thèmes de son auteur, le long-métrage doit énormément à la performance de Brad Pitt, dont le visage marqué évoque toujours très justement les regrets et manques du passé, ainsi que son incapacité à fonder une famille avec sa compagne interprétée par Liv Tyler. Durant la production d’Ad Astra, l’acteur traverse lui-même une période particulièrement compliquée, qui nourrit son jeu. Lors d’une interview pour le New York Times, l’ex d’Angelina Jolie déclare à propos de sa prestation :

J’avais des soucis familiaux. On n’en dira pas plus. Mais on porte tous une forme de douleur, de chagrin et de manque. On passe la plupart de notre vie à le cacher, mais c’est bien là, en vous. Donc j’ai pioché là-dedans.

Un comédien "sous-estimé"

Au cours de la promotion d’Ad Astra, James Gray ne tarit pas d’éloges à l’égard de Brad Pitt. Le cinéaste vante notamment son regard sur le "comportement humain" lors d’un entretien pour le Los Angeles Times :

C’est un acteur incroyablement subtil, d’une manière que je n’avais même pas anticipée. Et il est extrêmement intelligent, très astucieux, il comprend très bien le comportement humain. Dans un certain sens, je n’arrive pas à croire que je vais dire ça, mais (Brad) Pitt est en quelque sorte un acteur sous-estimé. Et c’est un plaisir de travailler avec quelqu’un comme ça.

En comprenant la vision souhaitée pour Ad Astra et en fouillant dans ses propres émotions, Brad Pitt a réussi à retranscrire "la tourmente" de Roy Clifford sans pour autant l’extérioriser selon le réalisateur. Une interprétation émouvante sublimée par la mise en scène de James Gray.