Ben-Hur : le débat sur le sous-texte homosexuel du film a agacé Charlton Heston

Un film culte qui continue à faire du bruit

Ben-Hur : le débat sur le sous-texte homosexuel du film a agacé Charlton Heston

De "Ben-Hur", on retient souvent sa mythique course de chars, ou bien encore ses onze Oscars raflés. Toutefois, le chef d’œuvre de William Wyler, sorti en 1959, a détenu durant plusieurs années l’un des secrets de coulisses les plus pimentés qui soient à Hollywood : la relation amoureuse non-explicitée entre Ben-Hur et son ami d’enfance (et désormais rival) Messala.

Ben-Hur : le film qui sauva MGM

Metro Goldwyn Mayer (MGM) est un des plus anciens et plus prestigieux studios d’Hollywood. Issue de la fusion entre la société Metro Pictures et les studios de Samuel Goldwyn et de Louis B. Mayer, l’entreprise voit le jour en 1924. Elle connaît un beau succès grâce à de nombreuses comédies musicales ainsi qu'aux triomphes d’Autant en emporte le vent et Le Magicien d’Oz. Toutefois, elle n’échappe pas à la crise des grands studios hollywoodiens durant les années 50. C’est dans ce contexte que le projet Ben-Hur va être lancé.

Désirant remettre ses finances à flot, MGM dépense sans compter sur cette adaptation du roman éponyme de Lewis Wallace, sorti en 1880. Déjà adapté deux fois à l’écran, cette nouvelle version se veut plus gargantuesque que les autres, en termes de moyens financiers, de figurants et de casting. MGM s’attache ainsi les services de William Wyler à la réalisation, et de l’immense Charlton Heston dans le rôle principal. Superproduction démesurée, Ben-Hur compte des centaines de milliers de figurants présents sur le plateau de tournage. La célèbre course de chars, considérée comme le clou du spectacle, nécessita des mois de préparation, trois mois de tournage, des accidents en pagaille, et même la mort de plus de cent chevaux !

Ben-Hur
Ben-Hur (Charlton Heston) - Ben-Hur ©MGM

À l’arrivée, Ben-Hur fut un grand succès, devenant l’un des plus prestigieux films de l’histoire du 7e Art. Charlton Heston, quant à lui, entra définitivement dans le panthéon des acteurs de légende. Néanmoins, le comédien ne savait pas qu’il avait été floué dans l’élaboration d’une sous-intrigue du film.

Le scénariste confirme la relation entre les deux hommes

Du péplum, on retient bien évidemment cette rivalité entre Ben-Hur et son ennemi Messala qui atteindra son point culminant lors de la course de chars. Pourtant, tout n’a pas vraiment été explicité sur cette relation entre les deux hommes que l’on pensait juste amis de longue date, avant de devenir de farouches ennemis.

En effet, en 1995, le documentaire The Celluloid Closet sort sur les écrans. Adapté du livre de Vito Russo, le long-métrage revient sur la manière dont le cinéma hollywoodien a traité le thème de l’homosexualité au fil des années, et comment sa représentation à l'écran a influencé le grand public. Parmi les nombreux exemples et extraits du documentaire, on retrouve de manière surprenante Ben-Hur. Ainsi, on apprend que William Wyler avait engagé au scénario l’écrivain Gore Vidal. A cette époque, ce dernier était éminemment controversé à Hollywood, car ses œuvres introduisaient implicitement des relations homosexuelles. Afin d’approfondir plus sérieusement la psychologie des personnages, Vidal suggère alors que par le passé, Ben-Hur et Messala étaient amants. Dans le documentaire, le scénariste le dit d’ailleurs très clairement :

Quand ils se retrouvent, Messala veut redevenir l'amant de Ben-Hur.

Pour que cela soit authentique, il fait entrer dans  la confidence l’acteur Stephen Boyd, qui interprète Messala. Par conséquent, l’acteur y joue à fond le sous-texte gay sans que Charlton Heston (qui n’a absolument pas été mis au courant de cette affaire) le remarque. Une folie lorsque l’on sait que le film est principalement une ode au christianisme, comme le fut Les Dix Commandements en 1956 (dont Charlton Heston fut d'ailleurs la star du long-métrage).

Heston, pas content

Un an après le documentaire, l’acteur, furieux, envoie une lettre ouverte dans le L.A. Times, où il affirme que Vidal n’a eu qu’un rôle mineur dans le scénario, et que cette révélation est une insulte au réalisateur du film. Ce à quoi l’écrivain répondit en maintenant sa version, et en se moquant du fait qu’Heston était devenu le porte-parole de la NRA (célèbre association américaine militant pour le port des armes).

Sans le savoir (et le vouloir, sans doute), Charlton Heston est donc devenu une icône queer.