Big Eyes sur Arte : qu’a pensé l’artiste Margaret Keane du film de Tim Burton ?

Un choc !

Big Eyes sur Arte : qu’a pensé l’artiste Margaret Keane du film de Tim Burton ?

Avec "Big Eyes", Tim Burton se penche sur l’escroquerie à laquelle Margaret Keane a participé malgré elle, manipulée par son mari Walter qui a revendiqué la paternité de ses toiles pendant des années. Un long-métrage dont la découverte n’a pas été simple pour l’artiste peintre.

Big Eyes : le retour de Tim Burton au biopic

En 2014, Tim Burton délaisse le registre fantastique après Dark Shadows et Frankenweenie. Avec Big Eyes, le cinéaste signe un nouveau biopic, genre auquel il s’était essayé 20 ans plus tôt avec Ed Wood. Et pour l’occasion, il retrouve les scénaristes Scott Alexander et Larry Karaszewski, qui avaient déjà signé le script du long-métrage sur le "plus mauvais réalisateur de tous les temps".

A l’origine, les deux auteurs sont censés mettre en scène ce projet centré sur Margaret Keane. Mais comme Larry Karaszewski l’explique au cours d’un entretien pour le Sag Harbor Express, ils peinent à le mettre en route. Ils proposent ensuite à Tim Burton de ne plus officier qu’en tant que producteur, mais aussi en tant que réalisateur.

Une aubaine, puisque le cinéaste connaît bien le travail de l’artiste peintre, qui lui est familier depuis l’enfance. Dans une featurette promotionnelle, il confie :

L’œuvre de Keane était omniprésente à Burbank. Pour moi, c’était un art de banlieue au sens où il l’avait investie. Il y en avait chez ma grand-mère, dans les cabinets dentaires, médicaux, chez les amis… C’était quelque chose de très présent dans le monde où j’ai grandi. Pas les toiles originales, les reproductions.

Je me souviens d’avoir été interpellé par ces enfants que je trouvais un peu inquiétants. Je crois que c’est pour ça qu’ils m’ont marqué. Ils exercent une sorte de magnétisme difficile à verbaliser.

Incarnée par Amy Adams, récompensée par un Golden Globe pour sa performance, Margaret Keane est célèbre pour ses portraits de femmes et d'enfants aux yeux disproportionnés. Mais jusqu’en 1970, ses tableaux sont attribués à son ex-mari Walter Keane, interprété par Christoph Waltz. Réunissant également Krysten Ritter, Jason Schwartzman, Danny Huston et Terence Stamp, Big Eyes revient sur l’histoire de cette supercherie.

Margaret Keane bouleversée par le film

Pendant plus de dix ans, Margaret Keane participe à l’arnaque mise en place par son époux. Une implication due à "son humilité" d’après Tim Burton. Poussée à bout par Walter Keane, l’artiste décide de divorcer en 1965 et s’envole pour Hawaï avec sa fille, où elle se remarie avec l’écrivain Dan McGuire.

En 1970, elle révèle enfin être la véritable auteure de ses toiles et attaque son ex-compagnon en justice. Jusqu’à son décès en 2000, ce dernier ne cesse de revendiquer la paternité des œuvres de Margaret Keane.

Big Eyes
Big Eyes ©Studiocanal

Fan d’Edward aux mains d’argent, l’artiste rencontre Tim Burton quelques années après ses débuts, et réalise notamment un portrait de son ex-femme Lisa Marie. Séduite par la personnalité du cinéaste, elle lui fait confiance pour son approche de Big Eyes. Interrogée par l’agence United Press International en décembre 2014, Margaret Keane assure avoir été conquise par le film. Elle avoue cependant avoir vécu un choc émotionnel en le découvrant, puisqu’il l’a replongée dans une période extrêmement compliquée.

L’artiste peintre – qui fait un caméo sur un banc de San Francisco dans le long-métrage – déclare à ce sujet :

Je n’étais tout simplement pas préparée à la réaction émotionnelle que j’ai eue. C’était bouleversant. C’était la pire partie de ma vie et c’était très traumatisant. Après quelques jours, j’ai commencé à réaliser à quel point il est génial, parce qu’il a eu un tel effet sur ma fille et moi.

Par ailleurs, Margaret Keane ne tarit pas d’éloges à l’égard d’Amy Adams. Elle affirme dans une featurette à propos de l’actrice au talent "phénoménal" :

Quand je l’ai vue avec la perruque, ça m’a fait un choc. J’ai eu l’impression de me revoir 50 ans plus tôt. J’ai été stupéfaite de la voir se transformer ainsi.