BlacKkKlansman : en quoi le film s’écarte de la véritable histoire ?

Une histoire folle mais vraie

BlacKkKlansman : en quoi le film s’écarte de la véritable histoire ?

"BlacKkKlansman : J’ai infltré le Ku Klux Klan" s’inspire de l’incroyable mission menée par Ron Stallworth dans les années 70. Une histoire vraie de laquelle Spike Lee a tenu à s’écarter par certains aspects, notamment pour renforcer son message politique.

BlacKkKlansman : la charge anti-suprématiste de Spike Lee

Après s’être consacré à plusieurs longs-métrages sortis dans l’indifférence générale, parmi lesquels Da Sweet Blood of Jesus et Chi-Raq, Spike Lee revient sur le devant de la scène internationale en 2018 avec BlacKkKlansman : J’ai infiltré le Ku Klux Klan. Sélectionné au Festival de Cannes, le film repart avec le Grand Prix du Jury. Il décroche également l’Oscar du Meilleur scénario adapté.

BlacKkKlansman se base sur l’histoire vraie de Ron Stallworth. En 2014, cet ancien policier afro-américain raconte dans l’ouvrage Black Klansman comment il est parvenu à infiltrer la branche du Ku Klux Klan de Colorado Springs entre 1978 et 1979. En découvrant une annonce déposée par les suprématistes dans un journal local, il décide d’y répondre en se faisant passer pour un individu blanc raciste. Accepté après avoir réussi l’entretien d'admission, auquel il envoie un collègue, Stallworth réussit à gravir les échelons au sein de la secte.

Le subterfuge fonctionne pendant neuf mois et le policier arrive même à entrer en contact avec David Duke "Grand Wizard", alors à la tête du Ku Klux Klan. John David Washington, qui avait fait sa première apparition au cinéma dans Malcolm X de Spike Lee, prête ses traits à Ron Stallworth. Adam Driver incarne quant à lui son partenaire Flip Zimmerman et Topher Grace interprète David Duke. Laura Harrier, Paul Walter Hauser, Corey Hawkins, Alec Baldwin ou encore Harry Belafonte complètent la distribution.

Des écarts volontaires avec la réalité

Avec BlacKkKlansman, Spike Lee ne se contente pas de retracer l’incroyable infiltration de Ron Stallworth pour s’en prendre au Ku Klux Klan. Le cinéaste met en parallèle son récit avec la construction des États-Unis, en incluant notamment des extraits de Naissance d’une nation de D.W. Griffith. Il en profite aussi pour "déclarer la guerre" à Donald Trump et ses propos modérés sur les suprématistes, comme il le confie au JDD en août 2018. La conclusion absolument glaçante du long-métrage, qui repose sur des images réelles, est l’un des exemples de cette charge contre l’ancien président des États-Unis.

Et pour accentuer son message politique, que ce soit sur la forme ou le fond, le cinéaste prend plusieurs libertés avec l’histoire de Ron Stallworth. Il choisit ainsi d’ancrer son récit au début des années 70 plutôt qu’en 1978, afin d’adopter une esthétique rendant hommage aux films de la Blaxploitation.

BlacKkKlansman : J'ai infiltré le Ku Klux Klan
BlacKkKlansman : J'ai infiltré le Ku Klux Klan © Universal Pictures

Par ailleurs, Patrice Dumas, la militante profondément investie que le policier rencontre à un discours de Stokely Carmichael, n'existe pas. Elle est donc créée pour le long-métrage. Cité par Allociné, Spike Lee déclare au sujet de ce personnage joué par Laura Harrier :

C'est une fiction, pas un documentaire. On sentait qu'on avait besoin que Ron ait un love interest, mais que ce soit quelqu'un qui aurait une idéologie complètement différente. Patrice est pro-black. Elle est inspirée par Angela Davis, Kathleen Cleaver… Elle ne veut rien avoir affaire avec un flic, même noir. Dans le film, elle le traite de "porc". On voulait qu'arrive ce moment où il serait découvert.

Une identité secrète

Dans BlacKkKlansman, Ron Stallworth s’adresse par téléphone aux membres du Ku Klux Klan, tandis que son partenaire assure les rencontres. Durant la préparation du film, Spike Lee lui demande si leurs différences de voix ont pu poser problème pendant leur mission. Ce à quoi l’ancien policier répond :

Ils n'ont jamais rien remarqué.

S’il est baptisé Flip Zimmerman dans le long-métrage, l’identité du collègue campé par Adam Driver n’a d’ailleurs pas été révélée. En effet, Ron Stallworth tient à la préserver secrète et le surnomme simplement "Chuck" dans son ouvrage.