Cheval de guerre : l’histoire vraie des animaux sacrifiés de la Première Guerre mondiale

Poignant

Cheval de guerre : l’histoire vraie des animaux sacrifiés de la Première Guerre mondiale

"Cheval de guerre" retrace l’odyssée d’un équidé durant la Première Guerre mondiale. Un long-métrage avec lequel Steven Spielberg rappelle l’importance capitale et le calvaire des chevaux pendant le conflit.

Cheval de guerre : une fresque somptueuse signée Steven Spielberg

Steven Spielberg est habitué à sortir à quelques mois d’intervalle des films aux antipodes, du moins dans leur style. Jurassic Park et La Liste de Schindler en 1993 et 1994. Minority Report et Arrête-moi si tu peux en 2002. Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne et Cheval de guerre en 2011 et 2012. Après son adaptation en motion capture centrée sur le célèbre reporter belge, le cinéaste dévoile une fresque sur la Première Guerre mondiale dans la lignée des œuvres de David Lean.

Cheval de guerre débute en 1912 dans le Dartmoor, au sud-ouest de l’Angleterre. Dans le comté de Devon, le jeune Albert assiste à la naissance d’un poulain qui le fascine. Quelques années plus tard, alors que le cheval a été revendu, son père Ted le recroise et décide de le racheter après un coup de foudre pour labourer la ferme familiale, même s’il n’est pas suffisamment robuste.

Mais grâce à l’abnégation d’Albert, l’animal baptisé Joey développe rapidement des capacités exceptionnelles. Lors de l’officialisation du conflit contre l’Allemagne, Ted décide de revendre Joey pour ne pas perdre son exploitation. Débute alors une véritable odyssée pour le cheval, marquée par des drames et des rencontres inattendues et salvatrices. Jeremy Irvine, Emily Watson, Peter Mullan, Tom Hiddleston, Benedict Cumberbatch, Niels Arestrup ou encore Toby Kebbell incarnent les personnages qui croisent la route de Joey.

Cheval de guerre
Albert Narracott (Jeremy Irvine) - Cheval de guerre © Walt Disney Studio Motion Pictures

Plus de 11 millions d’équidés tués

Adaptation du roman Cheval de guerre de Michael Morpugo, lui-même inspiré du livre pour enfants éponyme de l’auteur, le film de Steven Spielberg évoque donc la Première Guerre mondiale sous un angle inédit. Les pertes humaines estimées entre 15 et 20 millions en font l’un des conflits les plus meurtriers de l’Histoire.

Le long-métrage rappelle l’importance capitale des équidés dans les combats et la logistique. Dans l’Armée française, plus d’un million d’entre eux, réquisitionnés dans le pays ou achetés à l’étranger, trouvent la mort. Au total, 11,5 millions de chevaux, d’ânes et de mules auraient été tués entre 1914 et 1918, selon France 3.

Un rôle déterminant

Les animaux sont utilisés pour la charge mais aussi pour tracter (notamment le matériel d’artillerie), et demeurent à l’époque l’un des principaux moyens de locomotion. Ils sont mal entretenus, épuisés par de trop longues distances et généralement vus comme des ressources superficielles. Associées à leur insuffisance numérique, ces conditions provoquent un véritable sacrifice des équidés. Après la fin des combats, de nombreux rescapés sont abattus en raison de leurs blessures.

Cheval de guerre
Cheval de guerre © Walt Disney Studio Motion Pictures

Auteur de l’ouvrage 1914 - 1918, L’autre hécatombe, le vétérinaire Claude Milhaud explique au Point en 2017 :

Un cheval sur sept a été blessé, un sur trois parmi ceux qui étaient en première ligne. 40 % des chevaux blessés sont morts ; chez les hommes, on compte un mort pour quatre blessés. Les concentrations de chevaux et de mulets ont par ailleurs entraîné l'apparition de maladies contagieuses, telle la gale, l'affection de la misère et du manque d'entretien. (...) Il y a aussi la gourme, maladie des jeunes chevaux mis au contact de nombreux congénères. (…) Enfin, les conditions de vie très rustiques favorisent l'apparition du syndrome dit de surmenage ; mal nourri, déprimé, trop sollicité, le cheval s'épuise. Dans sa forme aiguë, le cheval tombe et ne se relève pas.

Peu à peu, les chevaux utilisés durant la Première Guerre mondiale tombent dans l’oubli, malgré les efforts des vétérinaires pour les commémorer. En France, dans les années 30, l’Union nationale des vétérinaires de réserve veut par exemple ériger un monument en leur honneur. Ce dernier n’a cependant pas été terminé, comme l’explique L’Histoire. Cheval de guerre a en partie permis de remettre en lumière leur rôle déterminant.