Deepwater : retour sur les retombées désastreuses de la catastrophe pétrolière

Une histoire tragiquement vraie

Deepwater : retour sur les retombées désastreuses de la catastrophe pétrolière

Avec "Deepwater", le réalisateur Peter Berg et Mark Wahlberg se penchent sur l’une des plus grosses catastrophes pétrolières de l'histoire. Dix ans après l’explosion, des scientifiques continuent d’analyser les retombées environnementales dramatiques.

Deepwater : Mark Wahlberg retrouve Peter Berg

La collaboration entre Mark Wahlberg et le réalisateur Peter Berg rappelle que le comédien est l’une des stars hollywoodiennes les plus crédibles lorsqu’il s’agit d’incarner des hommes ordinaires. Après Du sang et des larmes et avant Traque à Boston, l’acteur interprète dans Deepwater le chef électricien Mike Williams, qui travaille sur la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, dans le golfe du Mexique.

Quand l’entreprise locataire représentée par Donald Vidrine (John Malkovich) insiste pour la mettre en marche alors que les tests sont incomplets, Williams et son patron Jimmy Harrell (Kurt Russell) insistent sur la dangerosité de la manœuvre. Vidrine préfère néanmoins ignorer leurs recommandations, en mettant l'accent sur la nécessité de combler le retard de lancement pointé par les actionnaires. Son choix provoque l’éruption soudaine d’une bulle de méthane.

Réunissant également Gina Rodriguez, Kate Hudson et Dylan O’Brien, ce film sorti en 2016 se base sur un article du New York Times paru six ans plus tôt et intitulé Deepwater Horizon’s Final Hours. Le long-métrage dénonce le cynisme d’une multinationale et salue le professionnalisme d’experts, bafoué par leur client dans la première partie avant que l’enfer ne s’abatte sur eux. Les flammes et la boue engorgent la suite du récit, qui rend un hommage appuyé aux travailleurs solidaires et victimes de cette catastrophe aux retombées désastreuses.

Un scandale environnemental

L’explosion de Deepwater Horizon le 20 avril 2010 entraîne la mort de onze personnes. Elle reste l’un des plus gros désastres environnementaux jamais connus. De gigantesques marées noires se répandent sur plus de 2000 km. Le pétrole continue de jaillir du puits pendant plusieurs semaines après l'éruption. Des centaines de barrages flottants sont mis en place pour tenter de le contenir. En parallèle, des opérations de brûlage contrôlé sont menées.

Deepwater
Deepwater © SND

Afin de stopper la situation engendrée par la décision de l’un de ses employés, l’entreprise BP utilise massivement du Corexit, un dispersant chimique censé dissoudre les marées noires. La société n'en connaît alors pas les effets. L’océanographe Samantha Joye, qui a longuement enquêté sur les retombées de la catastrophe, explique à propos de ce procédé à Radio-Canada Info, en décembre 2020 :

Ce n’est pas biodégradé. Le pétrole s’est juste déplacé. On ne peut plus le voir par satellite, donc on ne peut plus le suivre. Ça le rend invisible, loin des yeux, loin de l’esprit.

La découverte de pathologies

La manière dont le pétrole est transformé par le dispersant serait en réalité plus toxique que sa composition d’origine. Les efforts pour colmater le puits situé à 1500 mètres de profondeur sont ensuite enrayés par la découverte d’un panache de mazout et de gaz. BP en a d’abord nié l’existence. L’entreprise met 87 jours pour mettre un terme à la fuite. 636 millions de litres de pétrole, soit l’équivalent de 26 000 camions-citernes, se déversent dans le golfe du Mexique. Samantha Joye raconte :

Cela ressemblait à l’enfer. En 2010, il n’y avait plus rien de vivant dans le fond. C’était horrible.

Deepwater
Deepwater © SND

La couche de mazout est à l’heure actuelle encore présente dans les fonds marins. Il est pour le moment impossible de savoir quand la chaîne alimentaire du golfe sera rétablie. Des phénomènes d’infertilité ont été observés chez les animaux. Les espèces souffrent également de nombreuses pathologies, comme le souligne Brut. Par ailleurs, des études ont révélé une explosion des maladies hématologiques, pulmonaires et cardiaques chez les personnes chargées de nettoyer le pétrole.

Un projet compliqué à mener

Interrogé par Allociné lors de la promotion du film, Peter Berg révèle que son équipe a fait face à la frilosité des entreprises du secteur pétrolier. Elle s'est notamment vue refuser l’accès à toutes les plateformes :

Nous étions en pourparlers avec la firme BP. Mais elle ne voyait pas le projet d’un bon œil. Et nous n’avons eu accès à aucune plateforme pétrolière. Tout le monde a refusé. (…) On a dû construire nous-mêmes une plateforme.

Des contraintes qui ne nuisent pas au réalisme recherché dans Deepwater. Lors de la sortie du drame dans les salles, BP assure que la catastrophe n'est pas retranscrite de façon précise et va à l’encontre de ses actions pour restaurer le golfe du Mexique. Une déclaration en contradiction avec les analyses des scientifiques.